Le jeune attaquant a rendu le sourire au public du Kuip : attirera-t-il à nouveau le regard de grands d’Europe ou Gini et son club ont-ils encore un peu de temps devant eux ?

Difficile de vivre dans les soutes de la D1 quand on s’appelle Feyenoord, le premier club néerlandais qui gagna la Coupe des clubs champions le 6 mai 1970 : 2-1 contre le Celtic Glasgow à Milan. Feyenoord, qui a inauguré la galerie des succès hollandais en C1, est fier de ses 14 titres, ses 11 Coupes des Pays-Bas, ses deux Coupes de l’UEFA et sa Coupe intercontinentale mais connaît aussi de hauts et bas comme c’est le cas cette saison.

A Rotterdam, les grues du port déchargent ces derniers temps pas mal de nouvelles tristes et le dernier sacre en tête de l’ Eredivisie date quand même de 1999. Un bail. Feyenoord vit désormais à l’ombre des ténors que sont l’Ajax, bien sûr, mais aussi le PSV, AZ Alkmaar et Twente. En attendant les beaux jours, les supporters de Feyenoord s’accrochent à leurs jeunes. Et l’un d’eux est pétri de classe : l’attaquant Georginio Wijnaldum (20 ans), une perle noire qui arrive à maturité.

Supporter fidèle de Feyenoord, son ancien club, Johan Boskamp avait déclaré un jour à son propos :  » C’est un très grand talent. Il doit continuer à travailler et à progresser. Gini est revenu à un niveau qui avait été le sien quand on l’a cité à Chelsea, au Real Madrid à Liverpool. A un moment, il n’a plus progressé mais a compris pourquoi, je crois.  »

Titulaire indiscutable à ses débuts en D1 puis cireur du banc des réservistes, il s’est posé des questions à propos de sa place sur le terrain : attaquant de pointe, médian offensif, élément de débordement ? C’était le brouillard dans la tête de ce jeune formé au Sparta Rotterdam et transféré à Feyenoord en 2004. Dans le doute, la presse a découvert des facettes intéressantes de son caractère. Sa jeunesse a été fracassée par le divorce de ses parents. Il avait alors six ans et précise souvent à ce propos :  » J’ai été élevé par ma grand-mère qui m’a tout donné. Elle avait 60 ans mais rien n’était trop pour que je puisse jouer au football. Quand j’étais encore en équipe de jeunes au Sparta, nous avions des matches le dimanche matin. Les trams ne roulaient pas toujours aussi tôt et nous nous rendions à pied au terrain. C’était loin et, pendant des kilomètres, elle ne cessait de m’encourager. Elle m’a offert tant d’énergie. Ma grand-mère constate maintenant que je trouve mon rythme de croisière à Feyenoord. J’en suis heureux pour moi, bien sûr, mais d’abord pour elle. « 

 » Been a toujours eu confiance en moi « 

Chrétien pratiquant, Gini prie souvent et communie avec son public dans la grande cathédrale du Kuip qui explosa de joie quand il y célébra quatre buts contre Groningen. Mario Been, son coach, avait eu raison de le maintenir dans l’équipe de base. Il y avait plus de 10 ans qu’un attaquant de ce club n’avait plus signé un tel exploit ( Harry van der Laan marqua quatre fois contre Maastricht, 6-0, le 2 septembre 1990). Cela constituait une réponse à ses détracteurs et il a ajouté :  » Been a toujours eu confiance en moi. La critique ne m’effraye pas, elle fait même partie du football moderne. Et quand cela ne va pas, elle déferle. Il faut apprendre à vivre avec les compliments et les reproches. Avant de recevoir Groningen, j’avais raté quelques matches ; j’étais hyper motivé.  »

Une semaine avant cet exploit, il râla un bon coup quand Been le remplaça en fin de match à La Haye. Est-il définitivement lancé ?  » J’espère avoir prouvé une fois pour toutes que ma place se situe le plus près possible de la défense adverse « , dit-il.  » J’ai appris pas mal de choses à droite, c’est utile, mais je préfère travailler dans l’axe, en pointe ou surtout comme deuxième attaquant en léger retrait, poste qui fut toujours le mien en équipes de jeunes. J’écoute les conseils comme ceux de Jon Dahl Tomasson qui m’incite régulièrement à beaucoup travailler avec l’intérieur du pied.  »

A Feyenoord, il s’entend bien avec Ryo Miyaichi, un magnifique ailier gauche japonais prêté par Arsenal. Feyenoord ne sera pas champion cette saison mais les jeunes constituent sa nouvelle cure de jouvence. Combien de temps Gini, international Espoir, restera-t-il encore à Rotterdam ? Les grands d’Europe ne tarderont pas à revenir à l’assaut. Il a fait sa maladie, sa crise de croissance est terminée. Il ne songe pas tellement à tout ce football business :  » Pour le moment, le principal est de prendre du plaisir. Après, on verra bien où tout cela me mènera. Mon ami Royston Drenthe m’a conseillé d’être patient. Le saut vers un grand club étranger, c’est toujours délicat. Royston était adulé aux Pays-Bas. Quand il a signé au Real, le ton a changé et on a raconté qu’il ne pensait qu’à l’argent… On dit par exemple que le Real s’intéresse à moi mais je n’en sais rien.  »

Il a raison de se méfier : Drenthe a été prêté cette saison à Hercules Alicante…

PAR PIERRE BILIC – PHOTO: PROSHOTS

 » La critique ne m’effraye pas, elle fait partie du football moderne. « 

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