Gil’ espère ne pas se noyer

 » J’ai entraîné dans un club wallon et maintenant, en Flandre. Qui l’aurait cru ? C’est un honneur qu’Eddy Vergeylen m’ait fait confiance « .

Après une expérience malheureuse à Visé, Gilbert Bodart entraîne désormais le KV Ostende où il vient de signer pour un an. Le président, Eddy Vergeylen, a été séduit par sa vision du football et sa connaissance de la D2. L’objectif du club monté en D2 parce que Berchem n’a pas reçu sa licence annoncé est le maintien mais Bodart ne souhaite pas que ses joueurs évoluent sans pression…

Ostende lorgnait Filip De Wilde et Wim De Coninck comme coach. Comment êtes-vous parvenu à un accord avec le président ?

Gilbert Bodart : En réalité, j’ai rencontré les personnages les plus importants du club et nous avons discuté un bon quart d’heure. Ils ont apparemment été surpris par ma vision du football. Le président a également mis en avant le fait que je connais bien la D2. On est donc rapidement tombés d’accord. Vergeylen souhaitait que je signe pour trois ans mais j’ai préféré un contrat d’une année. Par après, j’ai proposé une liste de joueurs aptes à renforcer l’équipe et aucune opposition n’a été émise. Comparé à Visé, c’est un club qui connaît bien ses moyens et dans lequel je vais pouvoir évoluer beaucoup plus sereinement. La montée en D2 faisant, les gens sont très motivés.

Le flamand ne constitue-t-il pas un obstacle pour un Liégeois ?

Non, absolument pas. J’estime le parler couramment mais je vais sûrement commettre des fautes. C’est une sorte de défi pour moi mais je veux faire l’effort. Les joueurs sont également conscients que cela est tout nouveau pour moi. La langue principale sera d’office le flamand mais pour les francophones, je ferai des exceptions. Le premier entraînement s’est déroulé sans problème et ça m’a fortement réjoui.

Ostende est encore un club de l’élite

Comment évaluez-vous Ostende au niveau des infrastructures, de l’effectif et du budget ?

Concernant les conditions de travail, c’est véritablement le jour et la nuit par rapport à Visé. Ostende est encore un club de l’élite au niveau du complexe sportif. Pour ce qui est du budget, le club est très sain et ne souhaite pas réaliser de folies financières. Le respect des footballeurs est très présent à Ostende. J’ai un noyau de 20 joueurs cette saison et c’est vraiment un bon groupe. J’ai ajouté quelques éléments par rapport à l’équipe promue. Cette année, ma défense sera basée sur Edin Ramcic, joueur expérimenté étant donné qu’il a évolué en D1. Pour le milieu de terrain, j’ai fait transférer David Crv et Johan Van Rumst. Il me fallait également un flanc gauche et je l’ai trouvé en la personne de Bob Cousin, qui évoluait à Renaix. Deux attaquants étaient aussi indispensables. Comme pivot, j’ai opté pour le longiligne Alexandre Lecomte, ancien joueur de Roulers. Pour la place de finisseur, Christophe Lauwers, ex-pensionnaire de D1 et de Visé, m’a semblé constituer la meilleure option. Je n’ai pas choisi mon gardien car Krist Willequet avait déjà été transféré. Je ne peux donc pas encore le juger. Jean-Jacques Missé Missé est par contre parti.

Quel est votre objectif pour cette saison ?

Le président a dit clairement qu’il souhaitait vivre un championnat tranquille dans le ventre mou du classement. Le président ne veut pas brûler les étapes et il a amplement raison. Mais je suis toujours ambitieux. Je ne souhaite pas que mon équipe joue sans pression car il n’y a rien de plus mauvais. Le groupe doit progresser tout au long de la saison et pas juste pour se mettre à l’abri. En D2, On peut s’attendre à tout. Gagner trois matches d’affilée vous place généralement dans le haut du classement. Dans le cas contraire, on peut vite occuper une position de reléguable. Pour ce qui est de la Coupe de Belgique, un 16e de finale me semble faisable. Pour le championnat, on verra bien. Tout est vraiment calme ici. Cette sérénité est capitale pour un entraîneur et je ne l’avais pas chez mon ancien employeur. Je ne risque pas de recevoir des coups de couteau dans le dos.

Avant de signer sur la Côte avez-vous eu des contacts ?

Oui, plusieurs. En particulier à Rennes qui évolue en D1 française, avec le club luxembourgeois de Dudelange et avec de nombreux clubs en Italie. Mais en fait, je souhaite rester en Belgique. Je vais de plus passer mon diplôme d’entraîneur.

Sorti grandi de l’expérience visétoise

Que retirez-vous de votre malheureuse expérience à Visé ?

Je pense que les joueurs et l’entraîneur en sont sortis grandis. J’ai vraiment été découragé. Après un 27 sur 33 points, rares sont les entraîneurs qui sont licenciés. Dans ce club liégeois, j’étais purement et simplement devenu la tête de turc. Quand on gagnait à l’extérieur par un but d’écart, on me reprochait de jouer le résultat et beaucoup trop défensivement. Mais quand nous avions perdu 2-1 face à Strombeek, on m’a reproché d’avoir fait monter un attaquant lorsque le score était de un partout. La critique y était beaucoup trop facile et très peu fondée. S’ils voulaient que l’équipe joue au ballon, il ne fallait pas me choisir. Ils auraient dû savoir ce qu’ils voulaient vraiment. J’éprouve énormément de regrets. Les résultats étaient là et mon équipe était prête pour le tour final. La direction a cru bon d’opter pour Henri Depireux mais il n’a rien arrangé. Récemment, le club a viré Gérard Smets, le préparateur physique, qui est vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Visé est un club extrêmement spécial. Beaucoup de gens gravitent autour de la direction et essayent d’y placer leurs hommes. La continuité n’y est absolument pas présente. C’est dommage car j’étais vraiment motivé pour le tour final. Je ne remercierai jamais assez les joueurs pour ce qu’ils ont fait pour moi. Ils ont été droits dans leurs bottes, eux. Désormais, j’ai tiré un trait sur ce club et ne souhaite plus m’étendre sur le sujet.

Comment voyez-vous votre avenir proche ?

Je veux simplement que mon travail porte ses fruits. Je suis au bord de la mer et j’espère ne pas me noyer. On verra bien. Je suis très satisfait de mes joueurs et il ne me reste plus qu’à former une équipe. Ça n’est évidemment pas une mince affaire. J’ai presque tout fait maintenant. J’ai dirigé mes premiers entraînements en Italie, à Ravenne, puis j’ai évolué dans un club wallon, et maintenant, en Flandre. Qui l’aurait cru ? C’est un honneur qu’Eddy Vergeylen m’ait fait confiance.

 » Ici, je ne risque pas de recevoir des coups de couteau dans le dos « 

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