« Gert était un bon capitaine »

« Il ne manque pas grand-chose au Club pour le top, mais il doit progresser en tout », déclare le coach avant la reprise européenne contre le Dinamo Bucarest.

Ce soir, le Club Brugeois reçoit le Dinamo Bucarest, dans le cadre du deuxième tour préliminaire de la Ligue des Champions. S’il bat les Roumains mais qu’il vienne à trébucher au tour suivant, il pourra au moins disputer la Coupe UEFA. « Mais le championnat reste prioritaire », martèle Trond Sollied.

Que s’est-il passé entre vous et Gert Verheyen ?

Trond Sollied : Nous n’avons pas de problème. Il a été un bon capitaine. Ce qui a décidé Gert à renoncer au brassard, c’est un article de Het Nieuwsblad. Les conclusions tirées ne se fondaient pas sur mon avis ou celui du staff. Le journaliste a suggéré que sans brassard, Gert se sentirait libéré, et que Timmy Simons ferait un bon capitaine. Ce qui est grave, c’est qu’on m’a attribué ces propos. Je n’en ai jamais parlé avec Gert. Ceux qui me connaissent savent que je ne prends pas de telles décisions sans avoir consulté mes adjoints. Mais Verheyen n’a plus voulu du brassard, pensant que j’étais à l’origine de l’affaire.

Vous n’aviez pas la même opinion sur sa position dans l’équipe et le style de jeu. Vous tenez au 4-3-3 alors qu’il préfère faire partie d’un duo offensif.

Ceux qui estiment que le groupe obtiendrait un meilleur rendement avec un autre style peuvent m’en parler mais ils doivent savoir que je leur opposerai de solides arguments. J’ai longtemps joué en 4-4-2. Je ne suis pas attaché à un système en particulier.

Le Club peut-il obtenir le même succès, voire plus, en 4-4-2?

Non. Nous ne nous créerions pas autant d’occasions. La moitié, tout au plus.

En équipe nationale, Verheyen a été brillant en pointe.

Ce qu’il fait en équipe nationale ne compte pas pour moi. Je ne dis pas qu’il a livré un mauvais Mondial mais si on se fonde sur quelques rencontres, on doit se demander si elles ne donnent pas une image fausse ou si le résultat ne relève pas du hasard. J’ai mes raisons de jouer comme je le fais. Ce ne serait pas le cas si je n’avais pas les joueurs ad hoc. Pensez-vous que je n’ai pas envie de gagner?

Le schéma tactique du tableau n’est qu’un point de départ. Gert entame le match comme médian droit. S’il ne parvient pas au rectangle, il ne sert à rien. La première saison, il aurait dû marquer 25 buts mais il s’est blessé et ensuite, il a éprouvé des difficultés à revenir. Pourtant, l’année dernière, il a été de ceux qui ont le plus joué.

Même s’il a été souvent remplacé.

Quand ça ne va pas, je dois tenter quelque chose. Ce n’est pas parce que je remplace un joueur que je le trouve mauvais. Comme il revenait de blessures, qu’il avait disputé beaucoup de matches et était capitaine, j’ai pensé qu’il ne s’attarderait pas sur ces remplacements. De toute façon, je change plus souvent les attaquants que les défenseurs car ils se fatiguent plus vite mentalement.

Après l’article du Nieuwsblad, avez-vous discuté avec Gert?

Oui mais je ne reviendrai pas sur le contenu de la conversation.Si on parlait d’Europe?

Le Club rêve depuis longtemps de la Ligue des Champions.

Il faut saisir sa chance quand elle vient, sans rêver. Je ne vois pas de différence entre la Ligue des Champions et l’UEFA. Nous sommes privés de joueurs expérimentés: De Brul, Verheyen, Lesnjak. éa ne me ravit pas mais je reste positif: des jeunes vont recevoir leur chance.

Le tirage ne vous ravit pas.

Comment l’être quand la meilleure tête de série rencontre le meilleur club qui ne l’est pas? Mais nous sommes obligés de gagner. Je n’ai pas peur.

La saison du Club serait-elle ratée s’il trébuchait face à Bucarest?

Non car elle n’a pas encore commencé. Le championnat reste prioritaire. Si une élimination pèserait négativement? Nous essayerions de nous racheter, par soif de victoire, de revanche, tout en sachant qu’on n’atteint jamais la perfection.

Comment s’est déroulée la préparation?

Nous n’avons eu que quatre semaines pour nous préparer au premier rendez-vous important. Il ne m’en faut pas davantage, à condition que les joueurs aient suivi leur programme individuel. Ils l’ont fait. Reste à voir les effets de courtes vacances sur les internationaux. Nous restons sur des semaines pénibles, avec beaucoup de matches et de voyages. Nous sommes las mais contre Roda, j’ai retrouvé une saine agressivité chez mes joueurs. Rester à Bruges le week-end dernier nous a fait du bien. Evidemment les voyages font partie du football de haut niveau. Ceux qui ne s’en accommodent pas ont un problème.

L’année dernière, vous avez déclaré que si Bruges voulait progresser, il devait investir en joueurs de qualité. Les deux nouveaux vous satisfont-ils?

On ne reçoit jamais ce qu’on veut. C’est une question de prix et de timing. Compte tenu du rapport qualité-prix, je suis content. J’ai moi-même vu Serebrennikov, comme Spilar, lors de Belgique-Slovaquie. Ils sont expérimentés mais ont besoin d’un crédit de temps. Je ne les accable pas encore de consignes ni de missions. Ils doivent se familiariser avec le club et sa culture. Ils n’ont pas l’habitude de jouir d’une telle liberté et de tant de possibilités en dehors du football.

L’entrejeu brugeois manque de talent individuel depuis un an et demi. Serebrennikov comble-t-il cette lacune?

Je ne sais pas ce qu’est un joueur créatif. Seul, on ne peut l’être. Einstein n’aurait pas publié sa théorie de la relativité si personne n’y avait été réceptif. Un bon passing ne vous sert à rien si les autres ne sont pas capables de l’exploiter. Il faut trouver un équilibre entre l’attaque et la défense. Serebrennikov n’est pas du style à rester sur sa position. Reste à voir comment les autres vont réagir à son style de jeu.

Ressemble-t-il à Tanghe?

Il est plus costaud. Je voulais Tanghe l’année dernière mais c’est la direction qui prend les décisions. Si je ne me retrouve pas dans celles-ci, je dois m’en aller. Je m’adapte aux critères retenus.Un coach facile?

Vous êtes facile?

A very easy trainer ! Je m’adapte, à condition de connaître le contexte. Je ne fonce pas aveuglément dans une direction.

Avez-vous envisagé de partir?

Jamais. Il me reste un an de contrat. Seule une offre exceptionnelle survenue au bon moment aurait pu modifier mon point de vue. Aucun contact étranger ne m’a séduit. Je n’ai pas non plus envie de changer de club tous les deux ans. J’aime construire quelque chose. Tout en travaillant le court terme, je pense à l’avenir, à l’intérêt du club. M’avez-vous jamais entendu me plaindre depuis que je suis à Bruges? Je m’y plais.

Après avoir raté le titre deux fois de suite, vous auriez pu estimer préférable de partir.

Je suis heureux que tout le monde s’intéresse à mon bien-être!

Vous auriez pu estimer être barré.

Non, car il y a beaucoup de jeunes joueurs qui sont loin de leur meilleur niveau. A mon arrivée, il aurait suffi d’un ou deux transferts pour bâtir une équipe invincible en Belgique. J’ai été déçu de ne pas les recevoir mais la vie et le football m’ont déjà apporté leur lot de déceptions. Ce n’est pas une raison pour tout planter là.

Avez-vous terminé deux fois deuxième ou perdu le titre deux fois?

Les faits sont là: additionnez les résultats en Coupe et en championnat et nous avons été la meilleure formation belge l’année dernière. La première saison, nous n’avons essuyé que deux revers. Seul Anderlecht a signé une performance supérieure. Nous n’avons pu poursuivre à ce niveau. L’élimination face à Lyon a laissé des séquelles mentales. Toutefois, depuis deux ans, nous avons été les plus réguliers en tête du classement, ce qui veut dire que nous avons été constamment sous pression, avec une équipe fort jeune, alors que Genk n’a ressenti ce poids qu’en fin de parcours. La donne est différente, maintenant.

Lorsque la direction déclare qu’elle ne veut pas devenir le Poulidor du championnat belge, vous vous sentez visé?

Nous ne pouvons faire que de notre mieux. René Verheyen, Chris Van Puyvelde et moi-même avons des personnalités très différentes mais nous arrivons aux mêmes conclusions car nous voyons les joueurs à l’oeuvre tous les jours. Si quelqu’un pense qu’il peut faire mieux, qu’il vienne. Evidemment, on peut toujours mieux mais nous avons fait du bon boulot en deux ans.

On parle d’un directeur technique, Marc Degryse. Serait-ce une bonne affaire?

Nous n’avons pas été consultés. Cette décision est du ressort de la direction mais je me demande quelles seraient ses fonctions exactes.Construire sa défense

La saison passée, la défense a encaissé trop de buts…

En finale de la Coupe, nous avons aligné Hans Cornelis, Timmy Simons, Birger Maertens et Peter Van der Heyden. C’était un quatuor inédit et ce n’était pas la première fois. Nous avons dû effectuer trop de changements dans ce secteur. Combien de fois des éléments de la défense de base (De Cock, De Brul, Lembi et Van der Heyden) ont-il été indisponibles? Plus Lesnjak. Des changements constants en défense pèsent plus lourd que dans les autres compartiments. Anderlecht a été confronté au même problème. Derrière, on a besoin de sécurité. La sécurité, c’est savoir que si on commet une erreur, un autre est là pour sauver la mise.

Donc prétendre que Bruges a raté le titre à cause des attaquants est erroné.

Absolument… même s’ils auraient pu marquer davantage, compte tenu des occasions obtenues. Je sais exactement le nombre d’occasions, petites ou grandes, que chaque joueur a obtenues, qui a délivré l’assist, qui a commis des erreurs en défense et laissé des espaces à l’adversaire. J’ai des statistiques. Celles-ci m’apprennent qu’Andrès Mendoza a fort peu marqué au vu des occasions reçues. Il doit travailler sa technique de base.

Mendoza passe pourtant un des meilleurs techniciens du Club…

Sa technique de base est insuffisante pour l’élite. Il doit travailler la façon dont il maîtrise le ballon, prépare son envoi et tire. Parfois, il est prêt à travailler ces aspects, parfois pas.

Qui marque facilement à Bruges?

Rune Lange a les meilleures aptitudes.

Sa technique de base est-elle meilleure?

Non, au contraire, elle est pire mais Andres a une large marge de progression tandis que Rune est proche de son meilleur niveau. N’oubliez pas qu’il a disputé l’année dernière sa première saison complète en dehors de la Norvège et qu’il a quand même marqué 20 buts tout en délivrant huit assists. Quel Brugeois a fait mieux lors de sa première année?

Jean-Pierre Papin !

Il est le seul. Un avant dépend des autres.

Dany Verlinden, âgé de 39 ans, reste le gardien numéro un.

Dejan Nemec a eu de la malchance. Dany est capable de sauver un match. Nemec commet peu d’erreurs mais je veux un gardien capable de nous maintenir dans un match et de gagner des points.

Samedi, Verlinden a été capitaine, pour la première fois. On avait parlé d’un vote, qui n’a pas eu lieu. Qu’avez-vous dit aux joueurs?

(Bref) Ce qu’il fallait..

Visez-vous le titre?

Ce qui compte, c’est que nous soyons toujours compétitifs en avril..

Geert Foutré

« Je me demande ce que Marc Degryse viendrait faire ici »

« En 4-4-2, nous aurions deux fois moins d’occasions »

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