» Gerd Müller nous priva de la finale de l’Euro 72… « 

 » La Belgique retrouvera donc l’Allemagne à l’occasion des matches de qualification de l’Euro 2012. Ce n’est jamais une mince affaire. J’ai d’ailleurs disputé le premier de mes 67 matches en équipe nationale contre l’Allemagne de l’Ouest en 1961 à Francfort (1-0). Constant Vanden Stock était notre sélectionneur national. La Mannschaft était emmenée par des stars : Hans Tilkowski, Karl-HeinzSchnellinger, Helmut Haller et surtout le terrible attaquant et buteur de Hambourg, Uwe Seeler. C’était un dieu en Allemagne et il savait tout faire : marquer, garder le ballon, être un relais pour les médians, passer en force, émerger de la tête, etc. J’ai aidé les autres arrières à le contenir. Bernd Dörfel (Hambourg), en profita pour marquer le seul but. Sepp Herberger, le coach allemand, a dû s’arracher les cheveux quand Seeler annonça la fin de sa carrière. Mais un nouveau monstre sacré montra le bout du nez : Gerd Müller du Bayern Munich, der Bomber. Moins complet que Seeler, il était trapu, court sur pattes avec un centre de gravité très bas et savait jouer dos au but avant de se retourner comme une toupie sur un mètre carré. Avec lui, il fallait anticiper pour couper le ravitaillement ou lui faire sentir qu’on est là avant de prendre un léger recul dans le marquage, deux ou trois mètres, pas plus, pour mieux décortiquer ses intentions.

En 1972, je l’ai affronté en phase finale de l’Euro qui eut lieu en Belgique avec l’Allemagne, l’Union Soviétique et la Hongrie. Nous avions une grande équipe qui se retrouva après un mauvais Mundial 70 et le retrait de Paul Van Himst. Heureusement, Paul changea d’avis après une entrevue avec Raymond Goethals organisée dans le plus grand secret par Le Sportif 70, ancêtre de Sport/Foot Magazine. Il fut brillant durant la campagne de qualification. Belgique-Allemagne se déroula à Deurne (1-2) et je reste persuadé que c’était une erreur. L’ambiance de cette demi-finale aurait été plus chaleureuse au Parc Astrid. Odilon Polleunis a sauvé l’honneur mais qui a marqué les deux buts allemands ? Müller, bien sûr. C’était la 68e apparition de Van Himst, qui égalait Vic Mees, au nombre de sélections en équipe nationale. J’ai demandé à l’arbitre si Paul pouvait immortaliser cela en recevant le ballon : refusé… A Sclessin, nous avons battu la Hongrie pour la troisième place de cet Euro (2-1). C’est essentiellement Müller qui nous priva de la finale que l’Allemagne remporta face à l’Union Soviétique (3-0, dont 2 buts de… Müller).  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).

propos recueillis par pierre bilic

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