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GEOFFREY CLAEYS

Début novembre, Geoffrey Claeys et sa famille ont émigré à Melbourne. Il y est entraîneur des jeunes à la Football Star Academy.  » Ce job est taillé sur mesure pour moi.  »

C’est le début de l’automne et les arbres se colorent mais le jour de notre conversation vidéo avec Geoffrey Claeys, le mercure affiche encore 25 degrés à Melbourne. Début novembre, l’ancien international a quitté sa villa près de Bruges, avec sa femme et leurs deux enfants, pour devenir entraîneur des jeunes à la Football Star Academy. Cinq mois plus tard, il commence à s’acclimater Down Under.

 » Mais je dois reconnaître que Nina et moi avons sous-estimé le changement. Les deux premiers mois ont été très difficiles. C’est évidemment très différent de mon premier séjour ici, en 2005, quand je jouais pour Melbourne Victory. J’étais seul et je faisais ce que je voulais alors que maintenant, je suis responsable d’une famille. Or, au début, ma femme a éprouvé de grandes difficultés. Elle est très attachée à ses parents, à ses soeurs et à ses tantes et j’ai bien senti que sa famille lui manquait. Or, à ce moment, j’étais en train d’organiser mon travail et je ne me sentais pas bien dans ma peau non plus. Et vivre dans un petit appartement avec deux gamins bourrés d’énergie… On a dû s’y faire. Il nous a fallu du temps pour trouver nos marques.  »

Geoff aime l’Australie, ses habitants et sa culture depuis longtemps.  » Depuis l’époque où je jouais pour le Cercle. Je suis allé rendre visite à notre coéquipier Dominic Longo à Sydney, avec Christophe Lauwers. Au terme de ma carrière, j’y suis retourné en vacances avec Nina et elle m’a dit qu’elle aimerait vivre ici un jour. On a toujours gardé ça dans un coin de notre tête et en avril 2016, on a pris la décision d’émigrer. Mais c’est une autre paire de manches quand on est ici. Plus rien ne coule de source.  »

La famille Claeys a emménagé dans une maison à Prahran, en banlieue de Melbourne.  » On commence enfin à gérer la situation mais je dois dire que les enfants nous ont aidés. Ils sont très sociables et se sont fait rapidement des amis. En plus, ils ont vite appris l’anglais. Je peux compter sur les doigts d’une main les fois où ils ont parlé de leurs copains belges. On a resserré les liens entre nous car on passe plus de temps ensemble en Australie qu’en Belgique. Ici, je suis presque toujours à la maison le soir.  »

UN BUSINESS HONNÊTE

C’était très différent en Belgique. Geoffrey travaillait alors pour Deinze, pensionnaire de D2. Comme entraîneur des Espoirs, entraîneur adjoint et même entraîneur principal, la saison passée. Son contrat n’a toutefois pas été prolongé.  » Mentalement, cet emploi était terriblement pesant. Deinze avait trop de pseudo-vedettes. Des gars qui étaient payés comme des professionnels mais qui n’avaient encore jamais disputé de match en équipe première et se prenaient pour des  » kings « .

Leur absence d’éthique me dérangeait. J’ai eu plusieurs conflits avec ces joueurs. Finalement, comme Dennis van Wijk avant moi, je suis allé dans le mur. J’ai peut-être été trop dur. Maintenant, je me dis qu’il vaut mieux prendre les joueurs à part que devant tout le groupe.  »

À Melbourne, Claeys est entraîneur de la Football Star Academy, un établissement privé. Il est également coach à l’école privée Caulfield Grammar.  » Je n’avais pas envie d’aller pointer en Belgique et de devoir me justifier tous les mois, de devoir avancer des preuves que je cherchais du travail. Ici, j’ai intégré une organisation stable, qui m’assure un revenu fixe et un équilibre dans une structure qui me permet de fonctionner et de me sentir bien. Je m’occupe du développement des jeunes. Ce travail est taillé sur mesure pour moi.  »

L’ancien Anderlechtois travaille sous la direction de Jesper Olsen, ex-international danois qui s’est notamment produit pour Manchester United.  » Il est entraîneur en chef de l’académie. Nos principes de base sont simples : beaucoup de contacts avec le ballon, et des petits groupes pour que chacun bénéficie d’une attention maximale. J’ai introduit l’entraînement pieds nus pour stimuler le sens du ballon et quelques exercices cérébraux pour améliorer la vitesse de réaction.

J’entraîne à peu près toutes les catégories d’âge et je dispense une initiation au football dans les écoles. Ici, les clubs professionnels n’ont pas d’école de jeunes. Les joueurs sont formés par les clubs amateurs et ce n’est pas terrible. La formation professionnelle constitue une niche dans le marché. Nous faisons du business mais du business honnête. Les gens sont prêts à payer pour ça, à investir. Évidemment, l’Australie est un pays prospère. Mais en football, elle est en retard sur l’Europe.  »

L’ENFANT AU CENTRE

C’est pourtant un pays sportif. La base mentale et physique est présente.  » Le sport fait partie intégrante de la culture. Au début, Nina s’inquiétait même qu’il y ait autant de sport pendant les heures de cours. Quand elle demandait à Novak ce qu’il avait fait à l’école, il répondait : – Du football, du rugby et du cricket. On a un peu lu, aussi. Depuis, on a pris conscience de l’approche australienne. Je me rends dans beaucoup d’écoles et je constate qu’ici, l’enfant occupe une position centrale. Il doit apprendre des choses par lui-même. Novak est très énergique, il a besoin d’une grande liberté et en Belgique, il devait rester assis longtemps. Les valeurs sont très importantes ici. Le sens des responsabilités, le respect, la détermination. Il s’agit moins d’être performant que de se comporter en être humain.

Novak a sept ans, il est issu de l’autre bout de la planète mais la semaine dernière, il a été placé à la tête d’un groupe qui devait surveiller la plaine de jeux, au cas où des enfants plus petits se disputeraient. Chaque semaine, il y a un assemblytalk. On remet des récompenses aux enfants qui ont bien lu, qui ont mis fin à une dispute etc. L’Australie est un pays magnifique pour les enfants. Ils peuvent y trouver leur voie.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE

 » Je n’étais pas fait pour être T1  » GEOFFREY CLAEYS

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