Gento était plus fort que Cristiano Ronaldo…

 » La venue du Real Madrid au Standard a suscité une engouement logique. Et j’ai apprécié le bonheur de Christian Benteke après son but lors de ce match de gala. Cette affiche m’a fait penser à un vrai rendez-vous européen, c’est-à-dire à mes débuts en Coupe des Champions, devenue Ligue des Champions. C’était le 5 septembre 1962. Et qui était notre adversaire ? Le Real Madrid qui avait déjà remporté cinq fois cette épreuve. Avant de se rendre en Espagne, le Sporting n’avait disputé que six matches européens qui se soldèrent tous par des défaites. Notre coach, Pierre Sinibaldi, n’hésita pas à me lancer dans la bagarre même s’il y avait un monstre devant moi : Gento, un des plus grands ailiers gauches de tous les temps. Près de… 50 ans plus tard, Cristiano Ronaldo adore £uvrer dans le même secteur que Gento. Le football a beaucoup changé mais je ne crois pas me tromper en affirmant que Gento était plus fort, plus concret, plus collectif et donc plus complet que Ronaldo. Gento quittait moins sa ligne mais il passait aussi par l’intérieur et détenait une frappe puissante. Ses centres étaient d’une précision diabolique.

En 1962, nous devions absolument contrôler Gento et tenter de le mettre sous l’éteignoir. J’avais demandé à Jean-Pierre Janssens (formé à l’Union Saint-Gilloise) de le prendre directement en charge. Puis, c’était à moi d’agir, de l’enfermer, de le piéger. Même si Gento marqua le deuxième but (2-0 à la demi-heure), le plan fonctionna à merveille. Paul Van Himst, Janssens et Wilfried Puis nous ont permis d’arracher un nul européen (3-3), le premier de l’histoire de Mauves. Ce résultat acquis devant 60.000 spectateurs fit sensation. J’étais tout retourné, comme une crêpe à la Foire du Midi. Il y avait encore plus de monde (64.000) pour le retour au Heysel, le 26 septembre. En principe, le Real devait nous dévorer après la surprise de la première manche avec une division offensive comme on n’en verra plus jamais : AmaroAmancio, FerencPuskas, AlfredoDi Stefano, Gento. Jef Jurion a marqué le seul but d’une soirée de rêve à la 85e minute.

Gento ne toucha pas un cuir. Anderlecht avait réussi un exploit prodigieux et deux premières : victoire et qualification en C1. De plus, et on l’oublie, c’était aussi la première fois que le Real était sorti par une équipe étrangère sur le chemin de la finale. Seul le Barça l’avait fait trébucher avant nous. On peut dire qu’Anderlecht est né contre le Real. Gento m’a personnellement félicité après le match à la traditionnelle réception organisée pour les joueurs. Gento était une star et un seigneur…  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).

propos recueillis par pierre bilic

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