Gentlemen’s AGREEMENT

En marge de l’effervescence suscitée par le retour au Parc Astrid d’ Aruna Dindane, une autre affaire aura alimenté la chronique sportive la semaine passée : celle qui concerne Davy De Beule, (ex-)joueur du SK Lokeren. Rappel des faits : le grand espoir du club de Daknam, dont le contrat arrive à échéance le 30 juin 2005, n’entend pas rempiler aux conditions chiffrées qui lui ont été préposées. Le président des coalisés waeslandiens, Roger Lambrecht, réagit d’emblée en décrétant qu’aussi longtemps que le joueur n’aura pas prolongé son bail, l’entraîneur Franky Van der Elst devra faire l’impasse sur ses services.

Le sang du joueur et, surtout, celui de ses conseillers, ne fait alors qu’un tour et, de commun accord avec ses hommes de confiance, De Beule décide subito presto de rompre unilatéralement le lien qui l’unit à son employeur, comme la fameuse loi du 24 février 1978 l’y autorise. Dans la foulée, le principal intéressé demande également sa liberté à l’URBSFA, sur base de l’article IV. 65 du règlement fédéral. Celui-ci stipule qu’un joueur peut se soustraire à la tutelle de son club si ce dernier commet à son encontre une faute grave. Un argument que réfutent les plus hautes instances, sous prétexte que deux cas seulement tombent sous cette appellation : l’absence de rémunération pendant trois mois consécutifs, ou le défaut de cotisation à l’assurance pension. Or, les responsables sportifs lokerenois étaient en ordre avec leur frondeur dans ces deux domaines. Arguant que le chantage exercé par Roger Lambrecht pouvait être considéré également comme un manquement conséquent, les avocats du joueur ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux civils.

Même s’il obtient gain de cause devant cette juridiction, Davy De Beule n’est pas sorti de l’auberge pour autant. A l’occasion d’une réunion de la Ligue Pro, les clubs membres ont effectivement décidé, à l’unisson, de ne pas entamer de négociations avec un joueur ayant obtenu sa liberté dans les conditions susmentionnées.

Reste à voir, toutefois, combien de temps ce gentlemen’s agreement sera en vigueur. A cet égard, on rappellera que les sociétaires de notre élite footballistique s’étaient déjà prononcés, il y quelques années, pour une attitude similaire visant la jeune classe. Ce qui n’a nullement empêché certains d’enfreindre le règlement. Comme Anderlecht, qui a profité d’une mésentente entre Jonathan Legear et le Standard pour appâter la belle promesse au Parc Astrid. La réaction des Rouches ne s’est pas fait attendre non plus car cette année, ce sont les Sportingmen Yannis Papasarantis et Davy Vandenbroucke qui, pour les mêmes raisons, ont effectué le chemin inverse. Et il n’en va là que de quelques exemples parmi tant d’autres. Dès lors, il est franchement permis de se demander combien de temps durera l’entente cordiale entre les représentants de notre élite dans le cas de celui qui est encore considéré aujourd’hui comme une brebis galeuse. D’autant plus qu’un grand de notre championnat, le Club Bruges pour ne pas le citer, faisait encore le forcing pour trouver un consensus. Sans compter qu’Anderlecht lui-même, qui a suivi l’intéressé également la saison passée, pourrait revoir ses plans de bataille entendu qu’ Aruna Dindane fera long feu dans la capitale. Certes, Davy De Beule n’est pas un véritable attaquant. Mais sa titularisation sur le flanc droit et celle de Christian Wilhelmsson à gauche pourraient permettre à Mbo Mpenza d’occuper son poste de prédilection à la pointe de l’attaque.

Il est amusant de constater à quel point les clubs peuvent se montrer solidaires pour des questions d’argent. Mais quand il y va du sport, en revanche, tous les coups sont permis. Voici quelques mois, il y avait déjà eu la prétendue affaire de corruption impliquant soi-disant Charleroi. A présent, il y a l’affaire Cruz, La Gantoise étant d’avis que le Colombien n’aurait jamais dû participer à la victoire du GBA contre les Buffalos, le 7 août. L’affaire, examinée le 7 septembre par le comité sportif, sera à nouveau à l’ordre du jour le 21, six semaines après les faits. Il n’y a pas qu’au civil que la justice est lente…

par Bruno Govers

Les clubs se montrent solidaires pour des questions d’argent, mais quand il y va du sport, TOUS LES COUPS SONT PERMIS

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