« Genk est à prendre »

Il retrouve ses anciens partenaires ce soir. Pour la gagne.

Besnik Hasi: Je n’ai jamais fait mystère que mon rôle de prédilection était celui de médian. C’est en tant que milieu défensif, en effet, que j’estime être le plus utile. Mais je sais aussi, mieux que personne, que les places sont très chères à Anderlecht et qu’il y a déjà tout lieu d’être heureux quand on a la chance de faire partie de l’équipe de base. C’est la raison pour laquelle je ne me lamenterai jamais si, comme ce fut le cas à Gand, il me faut occuper occasionnellement le poste de back droit ou si, comme il en est allé contre Lommel ou à plusieurs reprises encore, auparavant, je me retrouve dans le rôle de couvreur. C’est avec le plus grand plaisir que j’effectue ces missions de dépannage. Mais si Glen De Boeck est opérationnel, il me paraît normal qu’il occupe à nouveau la fonction pour laquelle il est taillé, quitte à ce que je coulisse moi-même dans un autre secteur.

On murmure toutefois que Glen De Boeck ne fera pas de vieux os au Parc Astrid suite aux événements que l’on sait.

Permettez-moi d’en douter. Je ne crois pas un seul instant qu’il nous quittera en fin de saison. Pourquoi donc? L’affaire à laquelle vous faites illusion est complètement oubliée. Chacun aura pu le remarquer à travers notre attitude sur le terrain, aussi bien à Gand que contre Lommel. Pour nous, tout cela est déjà de l’histoire ancienne. A quoi bon la ressasser, ce n’était de toute façon qu’une tempête dans un verre d’eau.

Des proportions insoupçonnées

Une tempête dans un verre d’eau?

Tout à fait. Je n’hésite pas à dire que ce qui n’était qu’un fait divers, au départ, a soudain pris des proportions insoupçonnées et complètement indépendantes de notre volonté. Car que s’était-il donc passé, ce fameux lundi 25 février? De très bon matin, comme il en va très souvent quand deux séances de préparation sont au programme du jour, plusieurs joueurs du noyau s’étaient retrouvés autour d’une même table pour siroter un café. Comme chacun le devine, les conversations ont eu essentiellement trait au match déplorable que nous avions livré deux jours plus tôt face à Alost et, surtout, à la rencontre d’anthologie que Bruges avait disputée la veille à Genk. Pas mal d’entre nous étaient d’avis que ces mêmes commentaires, extrêmement flatteurs, auraient pu être d’application au Sporting également si, peu de temps plus tôt, il avait joué crânement sa chance, de la même manière, en déplacement au Club.

Il fut aussitôt convenu que le comité des joueurs débattrait de ce problème avec le staff technique entre les deux entraînements. Mais Filip De Wilde et Glen De Boeck, qui s’étaient chargés de mettre le staff technique au courant, furent tout simplement pris de court par la réaction de l’entraîneur qui voulut directement savoir à quoi s’en tenir et fit irruption dans le vestiaire. Du même coup, ce qui n’aurait dû être qu’une discussion constructive déboucha finalement sur les malheureuses péripéties que l’on sait.

Ce ne sont donc pas les joueurs mais le coach qui a mis le feu aux poudres en quelque sorte?

Il a surpris, en tout cas, en posant tout de go la question de confiance à chacun. Si tout s’était déroulé comme nous l’entendions, nous aurions tout bonnement eu, après le repas de midi, une conversation où les deux parties auraient pu ventiler leurs états d’âme. Et qui dit que le coach ne nous aurait pas accordé une oreille attentive, dans ces conditions, et revu sa copie comme il l’a bel et bien fait lors du match à La Gantoise, quelques jours plus tard? Tout aurait fort bien pu se dérouler de cette manière, entre quatre murs, et loin du regard de la presse. S’il en avait été ainsi, celle-ci eût à coup sûr loué Aimé Anthuenis pour son changement de philosophie, à Gand, par rapport à notre sortie précédente à Bruges. Et les joueurs, aussi, auraient apprécié cette modification. Bref, tout le monde eût été aux anges. A présent, compte tenu de ce qui s’est vraiment passé, tout n’est pas aussi idyllique. Car cette affaire, qu’on le veuille ou non, aura tout de même eu des répercussions inattendues pour deux joueurs qui ne méritaient pas d’être désignés du doigt. Je regrette franchement pour eux qu’on en soit arrivé là. Je le répète, au début, tout cela n’était réellement pas voulu. L’incident a fait deux victimes qui auraient pu être évitées. C’est dommage.

La vie a-t-elle donc repris normalement son cours à Anderlecht depuis cet épisode?

Evidemment. A Gand déjà, tout le monde aura pu mesurer à travers les présences de Filip De Wilde et Glen De Boeck -comme capitaine- sur le terrain que la page était tournée aux yeux d’Aimé Anthuenis et de Frank Vercauteren. Pour nous, joueurs, il n’y a jamais eu de problèmes avec eux. Nous sommes simplement peinés que cette affaire ait eu de telles répercussions dans les médias. On a fait d’Anderlecht un cas alors que des histoires de ce genre se passent dans tous les clubs à l’un ou l’autre moment. Croyez-vous vraiment que l’année où j’ai été champion avec Genk, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes au stade du Phénix? Non, bien sûr. Là-bas, comme partout ailleurs, il y avait parfois des irritations. L’un se plaignait parce que Branko Strupar n’avait pas toujours un caractère facile, l’autre ne voyait pas d’un bon oeil que Souleymane Oulare s’entraîne quasiment à la carte. Il arrivait même que certains pètent les plombs sur le terrain, en semaine. Mais tout était toujours très vite oublié. Le sommet, à ce propos, je l’ai vécu en Allemagne, à l’époque où je défendais les couleurs de Munich 1860. Deux joueurs en étaient carrément venus aux mains à l’entraînement. Je pensais que cet épisode allait laisser inévitablement des traces. Pourtant, deux heures plus tard, ce duo prenait le verre de l’amitié. Comme quoi il ne faut pas faire un monde de ce qui peut se passer dans un vestiaire ou sur le terrain.

Rien n’est perdu

Au plan du jeu stricto sensu, Anderlecht livre l’une des plus piètres campagnes de ces dernières années. Pourtant, aussi incroyable qu’il n’y paraisse, rien n’est perdu pour le titre. Pour autant, bien sûr, que le Sporting passe l’écueil de Genk, ce mercredi.

C’est ce sentiment-là, précisément, qui nous avait poussés à une mise au point avec l’entraîneur naguère. En fait, Bruges était à prendre au moment où nous lui avions rendu visite. Si nous avions joué là-bas comme nous l’avons fait ultérieurement à La Gantoise, je ne pense pas qu’Anderlecht aurait enduré une défaite. A présent, les calculs sont évidemment superflus. Si nous voulons rafler un troisième titre d’affilée, une victoire s’impose au Racing. Et je crois que nous avons les moyens de l’obtenir. D’accord, mon ex-club tient le haut du pavé cette année, réussissant au-delà de mes propres espérances. Mais il n’empêche que ce Genk-là n’en reste pas moins à prendre. Pour ce faire, il ne faut toutefois pas procéder comme nous l’avions fait à Bruges, en attendant l’adversaire. Ce serait faire les choux gras des Limbourgeois, dont la force réside justement dans la ligne d’attaque et l’entrejeu. Par contre, la défense n’offre pas la même sécurité. Nous devons dès lors veiller à lui faire mal, comme à La Gantoise.

Pour vous, ce match s’assimilera à un retour aux sources. Comment serez-vous accueilli là-bas, d’après-vous?

Les véritables connaisseurs m’applaudiront (il rit). Je me demande toutefois dans quelle mesure les sympathisants se souviennent encore de moi. Mine de rien, le temps passe. De l’équipe avec laquelle j’ai été champion, il ne subsiste plus que les seuls Wilfried Delbroeck et Istvan Brockhauser. Et ils ne figurent même pas dans le onze de base, c’est tout dire.

Bruno Govers, ,

« L’affaire? Une tempête dans un verre d’eau »

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