« GENK DOIT PRENDRE DES RISQUES »

Le Bruxellois aimerait que les dirigeants fédéraux et des clubs se bougent.

Que peuvent faire Genk et Bruges en Ligue des Champions?

Georges Heylens: La première bonne décision des dirigeants de ces deux clubs serait de ne pas s’inspirer des erreurs commises par les patrons du Lierse et d’Anderlecht. Si j’étais le président de Genk, personne ne partirait. Ils doivent conserver le noyau en place, voire le renforcer. Sonck pourrait peut-être rapporter 7 ou 8 millions d’euros aujourd’hui mais son départ pourrait provoquer l’élimination du club dès les tours préliminaires de la Ligue des Champions. Je trouve que le moment est venu, pour le Racing, d’ouvrir le portefeuille en fonction de la Coupe d’Europe. C’est maintenant qu’il faut prendre des risques. Il sera encore temps, après l’élimination européenne, de vendre Sonck et d’autres éventuellement. C’est l’avantage d’une période des transferts élastique. Si Sonck vaut 8 millions aujourd’hui, il les vaudra toujours dans six mois. Le même raisonnement s’applique à Mouscron: si Schalke veut Mbo Mpenza aujourd’hui, ce club sera toujours intéressé en octobre. Et si ce n’était pas le cas, il y aurait peut-être de l’intérêt de Liverpool ou d’une autre grande équipe à ce moment-là. Mpenza doit rester à Mouscron comme Sonck doit rester à Genk. Lors du Gala du Footballeur Pro, j’ai fait remarquer à Roger Vanden Stock que s’il n’avait pas laissé partir d’un coup quatre joueurs hyper-importants, le titre serait toujours chez lui aujourd’hui. Il aurait dû se limiter à la vente de deux stars l’an dernier, et deux maintenant.

Quels grands enseignements avez-vous tirés du championnat?

La problématique des licences m’interpelle au plus haut point. Les exigences actuelles de la fédération sont tout à fait insuffisantes. Il faut que chaque club pro puisse garantir au niveau bancaire le budget de la saison qui suit. La fédération ne l’exige pas et on assiste à des drames personnels: des joueurs se retrouvent à la rue du jour au lendemain à cause de dirigeants incompétents. Signer un contrat n’offre plus aucune garantie: quel footballeur peut être certain qu’il touchera encore son salaire six mois après sa signature? On risque de le priver de ses revenus, mais aussi de lui reprendre sa voiture et de le mettre dans l’impossibilité de rembourser sa maison. Les joueurs du championnat de Belgique sont professionnels: ils méritent donc d’avoir des dirigeants professionnels et compétents. C’est d’autant plus nécessaire qu’il n’existe pas de vrai syndicat pour défendre les joueurs qui se retrouvent subitement démunis. Il y a bien Sporta, mais on voit ce que cela a donné à Alost: les joueurs ont été défendus par des pitres dans cette histoire.

Comment aborderiez-vous le problème si vous étiez dirigeant?

Il doit être vu de façon globale. Tout commence au niveau de la formation. On n’apprend pas aux jeunes joueurs à gérer les situations qui risquent de se présenter à eux quand ils seront professionnels. On leur laisse énormément de temps libre entre les entraînements, alors que dans les pays voisins, ils sont pris en charge du matin au soir. Ils reçoivent notamment des cours de gestion de patrimoine. Le club ne leur laisse pas le temps de gamberger dans la rue ou dans des galeries commerciales. Et quand ils sortent du centre de formation, ils sont véritablement adultes.

Pierre Danvoye,

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