Le costaud attaquant (87 kg pour 1m87) a pris d’excellentes résolutions et veut éclater cette saison. Et son club ne demande pas mieux.

Avec Frederik Vanderbiest, Sanharib Malki et Steve Barbé, Sébastien Dufoor est l’un des quatre Bruxellois de Roulers.  » J’ai entamé ma carrière à Ganshoren « , explique l’attaquant de 25 ans qui, suspendu, a manqué le match retour de Coupe UEFA à Chypre.  » Après trois ans, j’ai signé à Molenbeek. En fait, c’est mon père qui a choisi car j’aurais également pu aller à Anderlecht…  »

Il explique que son père s’est laissé influencer par des gens du monde du football qui lui avaient dit qu’il aurait plus rapidement sa chance :  » A Anderlecht, même les jeunes viennent de l’étranger. Et pour moi, à neuf ans, c’était du pareil au même. En Minimes et en Cadets, je jouais devant mais, plus tard, je suis devenu médian droit puis médian défensif et même arrière droit en Réserves (il rit). A Denderhoutem, j’ai retrouvé une place sur le flanc droit de l’entrejeu. Pareil à Waasland, jusqu’à ce que Rudi Verkempinck estime, avant le derby contre Nieuwkerken, que je devais rejouer devant. J’ai marqué deux buts et j’y suis resté « .

170 euros par mois

Depuis, son c£ur bat toujours pour les deux clubs de la capitale :  » J’y ai passé toute ma jeunesse, je connais beaucoup de monde. Quand j’ai la chance d’aller voir un match, je ne la laisse pas passer. L’an dernier, cela énervait l’entraîneur. Nous jouions le samedi et j’allais au foot le vendredi. Pour lui, ce n’était pas normal mais à 23 h 30, j’étais à la maison. Si j’avais été manger quelque part, je ne serais pas rentré plus tôt. L’an dernier, je m’étais même abonné à Anderlecht pour les matches de Ligue des Champions « .

Déçu de n’avoir jamais joué plus haut qu’en réserves au RWDM ? (Il soupire).  » Freddy Smets, le manager du club, m’a demandé de venir discuter d’un contrat. Il me proposait 170 euros par moi, arguant du fait que mes parents avaient un café à Molenbeek et pouvaient m’aider. Mon père n’était pas d’accord et je n’ai pas voulu signer. J’étais un peu dégoûté : je pouvais m’entraîner avec l’équipe Première mais on ne me témoignait aucun respect et on ne montrait pas qu’on croyait en moi « .

Heureusement pour lui, un représentant de Denderhoutem (aujourd’hui fusionné avec Denderleeuw et qui évoluait à l’époque en D3) le repéra lors d’un match de Réserves à Turnhout.  » On ne m’offrait pas des millions mais la proposition était meilleure « , dit Dufoor.  » Et surtout, je m’amusais mieux en D3 qu’en Réserves « .

A l’époque, il avait 18 ans et s’était promis depuis longtemps de tout miser sur le football :  » J’ai quitté l’école à 16 ans. Soit disant pour travailler comme apprenti chez mes parents. En fait, je n’ai jamais vraiment travaillé. Le matin, j’allais à la musculation. Et l’après-midi au foot. L’école ne m’intéressait pas du tout « . Il a trois frères, tous plus âgés :  » Ils ont un peu joué au football mais tous trois sont transporteurs routiers. C’est une affaire de famille car notre père exerce aussi ce métier « .

Grand pote d’Anthony VDB

Et question caractère, comment se dépeint-il ? (il souffle)  » Je suis cool. Calme extérieurement mais nerveux sur le terrain. Les joueurs commencent à me connaître et tentent de me déstabiliser. Je sais que j’ai une grande g…, cela a toujours été comme ça. Je suis un Brusseleir. Pareil pour Fred. On ne se laisse pas monter sur la tête.

Les joueurs bruxellois se fréquentent régulièrement.  » J’ai de très bonnes relations avec Anthony Vanden Borre « , avoue Dufoor.  » Nous avons encore mangé ensemble vendredi dernier. Vincent Kompany est un peu à part mais Anthony est un ami « .

Comprend-il qu’on le critique pour sa nonchalance ?  » Il est comme cela et on ne le changera pas. Après le match contre Achnas, j’ai discuté avec Yves Vanderhaeghe. Il m’a dit qu’il lui parlait beaucoup mais qu’il ne remarquait pas beaucoup de progrès. Nous en avons déjà parlé aussi. Je pense que le départ de Vincent a changé certaines choses pour lui. Avant, Anthony était dans l’ombre. Maintenant, tout lui tombe dessus. Je trouve que les médias sont durs avec lui. Parce qu’il a un nom, on veut l’enterrer. Les médias sont les premiers à vous monter en épingle quand tout va bien mais aussi à vous planter un couteau dans le dos au premier coup dur « .

Il se prend en exemple :  » Je suis passé de D2 en D1 et mes débuts furent bons. J’ai même été appelé chez les Aspirants pour un match face aux Pays-Bas. Après une dizaine de matches, j’ai eu un coup d’arrêt. Je me suis dit que plus rien ne pouvait m’arriver, ma vie a un peu changé. Je me suis mis à moins bien jouer et j’ai pris quelques kilos pendant la trêve… Des erreurs de jeunesse mais, directement, les journaux ont écrit que j’étais fini « .

Pour lui, ce sont des bêtises :  » C’est vrai que, fin décembre, j’ai un peu fait le fou. Je me suis amusé pendant 10 jours, je suis sorti, j’ai rendu visite à des amis, un peu bu, un peu mangé… Après cinq mois d’effort, j’estimais avoir le droit de me relâcher pendant 10 jours. Mais j’ai beaucoup appris. Pendant les deux mois de vacances, cet été, je suis parti avec ma copine mais j’ai veillé à faire du sport régulièrement. Et je suis revenu avec trois kilos de moins…  »

Pendant sa période difficile, Dennis van Wijk ne lui a rien pardonné.  » Il estimait que, comme FrançoisSterchele ou HakimBouchouari, je devais démontrer que les joueurs venus de divisions inférieures pouvaient aussi jouer en D1. En janvier, il m’a tué devant tout le monde. Parce qu’il croyait en moi. Il m’a traité de tous les noms : – Gros, Billie Turf (un héros obèse de BD flamande), Paul Gascoigne… « 

Un seul avant, ça ne marche pas

Séba était pourtant convaincu qu’il avait le niveau suffisant pour jouer en D1 :  » Techniquement, la formation reçue au Brussels est excellente malgré l’état des terrains. Je manque de vitesse au démarrage mais, à 25 ans, je ne peux plus y faire grand-chose « .

Il estime que sa première saison en D1 fut positive et veut confirmer :  » J’ai inscrit quatre buts et délivré une série d’assists mais c’est cette saison que je dois exploser afin de signer un meilleur contrat ou de trouver un meilleur club, même si je suis bien ici. On me demande ce que ça me fait de jouer en Flandre mais la majorité des joueurs est francophone ici. Van Wijk disait toujours qu’il devait parler français pour se faire comprendre « .

Le nouvel entraîneur, Dirk Geeraerd, mise plus sur la circulation de balle que son prédécesseur :  » Van Wijk voulait de l’engagement et celui-ci parle davantage de tactique. Le samedi, nous avons droit à une heure de théorie. Et dès le mardi, on travaille en fonction du match suivant. Le mercredi, on sait si on sera titulaire ou pas. Il explique ses choix plus tard, mais on doit avoir compris. Il faut s’y habituer et ne pas laisser tomber les bras si on n’est pas dans le onze. J’espère seulement qu’il ne va pas passer à un système avec un seul avant. On a déjà remarqué quelques fois cette saison que cela ne nous convenait pas « .

PETER T’KINT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire