Gardien réfléchi

par Peter T’ Kint

J acky Mathijssen (43 ans) est très attaché à la Meuse limbourgeoise, dans laquelle il a si souvent plongé l’été, même s’il était petit et frêle. Mais il savait ce qu’il voulait.  » Je me rappelle avoir joué pour l’équipe première de Dilsen en regrettant de ne pas pouvoir aller à une fête ou au cinéma l’après-midi « , disait-il au cours d’une interview en 1991.  » A l’époque, il avait le choix entre un poste de gardien ou une place dans le jeu. Il opta pour la première hypothèse car les autres le lui faisaient savoir. Il s’affilia en deuxième Provinciale, où Winterslag vint le chercher. Quand il parlait de Ratko Svilar, qui avait déjà quarante ans bien sonnés dans les années 90 et était un monument en D1, il le qualifiait de  » gardien défensif « . Mathijssen, lui, aimait sortir de son but. Il fit une bonne partie de sa carrière dans le Limbourg, entrecoupée d’une longue période à Charleroi, qu’il quitta après une dispute avec Georges Heylens. Les deux hommes étaient aux antipodes l’un de l’autre : le Bruxellois n’hésitait pas à parler de sa vie privée, Mathijssen gardait tout pour lui. L’entraîneur voulait qu’il déménage dans le Hainaut mais il préférait rester dans le Limbourg, où son amie était enseignante. Un métier qu’il avait d’ailleurs exercé lui-même puisque, avant de devenir professionnel, il avait été professeur d’éducation physique pendant deux ans.

Ce n’était pas un gardien spectaculaire, certainement pas un clown. Il était rationnel, contrôlait tout. Et il n’était pas superstitieux. C’était un bon petit gardien de D1, un peu trop petit et pas assez régulier pour le top. Il prenait des points mais commettait aussi des erreurs. C’était aussi un bon équipier, sauf dans la période difficile du RC Genk, où Pier Janssen lui disait qu’il prenait trop de risques. Mais c’était dans sa nature. En tant que professeur d’éducation physique, il connaissait ses limites physiques mais une place juste en dessous des meilleurs lui convenait aussi.

Le 30 août 1997 restera le jour le plus sombre de sa carrière. Ce soir-là, face au RWDM, il sort dans les pieds de Kai Nyyssonen et se blesse gravement à la tête. Il passera sept heures sur la table d’opération, entre la vie et la mort. A 34 ans, beaucoup auraient alors mis fin à leur carrière mais ce Limbourgeois têtu aimait le risque. Quatre mois plus tard, il reprenait l’entraînement et un an après, il rejouait. Il ne renonça qu’en février 2001, du jour au lendemain, pour devenir adjoint.  » Il m’a fallu vingt secondes pour faire la transition. Le temps de dire aux joueurs que, désormais, ils devaient m’appeler coach.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire