Gand qui rit, Gand qui pleure

Gand a inauguré la Ghelamco Arena et éteint les lumières du stade Otten…

Longtemps, on a oscillé entre crainte et espoir mais, parfois, la chance peut vous sourire. La Ghelamco Arena a été baignée d’un soleil tropical durant sa majestueuse inauguration. Ce premier soir, la promenade des Buffalos n’a pas commencé au stade mais loin de là, quand une marée de bleu et blanc a pris la direction de la nouvelle enceinte. Un supporter hume l’air :  » Cette odeur de béton frais est délicieuse.  » Le temple du football newlook a surtout montré ce que représente la construction d’un stade en cette époque surmédiatisée. L’enthousiasme des supporters a crû au fil des progrès des travaux. Chaque étape, du toit à la pelouse, a été abondamment illustrée et commentée sur Facebook.

Les bonnes vieilles méthodes, axées sur des campagnes à grande échelle, en plaçant des publicités sur les bus, par exemple, fonctionnent aussi bien. La croissance rapide du stade a également joué son rôle, suscitant une nouvelle forme de tourisme : la visite d’un chantier. L’admiration suscitée par la première véritable découverte n’en est pas moins énorme.  » C’est incroyable. Sommes-nous toujours en Belgique ?  » Aussi réservés soient les Gantois, ils affichent l’enthousiasme d’enfants qui déballent leurs cadeaux de Noël.

L’ambiance monte lors des premiers discours, alors qu’une partie des 18.000 litres de bière disponibles a été éclusée. Paul Gheysens, représentant de la société de construction Ghelamco, le bourgmestre gantois Daniël Termont et le président de Gand, Ivan De Witte, se lancent des fleurs. Cinq rangées de supporters encouragent bruyamment la mascotte gantoise Ben Bundervoet et sa squaw Melissa quand elles entament leur show. Entre eux, ils commentent :  » Tiens, notre Indien a reçu de nouvelles plumes.  »

C’est caractéristique de la famille des Buffalos. Dans les tribunes, la société est très mélangée. Pourtant, le bourgmestre Termont tenait à ce que La Gantoise ne renie pas ses racines mais, si le club veut grandir, il devra recruter des supporters bien au-delà des murs de la ville et même en dehors des frontières de la province. Un Buffalo devra donc admettre que son voisin ne puisse pas chanter mot pour mot l’hymne du club. Mais ce sont là des sujets de préoccupation prématurés. Ce soir, un mot revient sur toutes les lèvres : magique. Quand la nuit tombe sur Gand, la Ghelamco Arena continue à briller de tous ses feux. La Ghelamco by night est un croisement entre un gigantesque flipper et une discothèque. Gand est entré dans un nouvel univers.

Den Ot

 » Jamon, jamon !  » Le cri résonne dans le stade Otten, quasiment vide. La voix est celle de Victor Fernandez. Il faut un moment pour saisir ce que l’entraîneur espagnol veut dire :  » Come on « , dans une version hispanisée de l’anglais. Nous sommes jeudi matin, le lendemain du Jour J. Cet été, le stade Otten a retrouvé un second souffle. Depuis les adieux émus qui lui ont été faits début juin, adieux marqués par un envahissement de terrain, il est le plus grand terrain d’entraînement de Belgique.

Aujourd’hui, les titulaires du match de gala contre Stuttgart sont laissés au repos pendant que les réserves disputent un match amical contre les espoirs. On s’entraîne en bas, on travaille en haut. Den Ot existe toujours mais l’opération démantèlement a commencé. Il n’est même plus possible d’y prendre une douche, selon un steward. Les sanitaires sont démolis et le mazout a été coupé. Après le spectacle total de la veille, le stade est une oasis de tranquillité, avec ses couloirs bleu piscine et les panneaux exotiques qui rappellent que les hamburgers et les verres sont interdits dans les tribunes.

Après 93 années bien remplies, le stade vit ses derniers jours, assure le directeur de l’organisation, Dirk Piens. On va y aménager des centaines d’appartements.  » Le stade reste en fonction jusqu’à l’été prochain pour ne pas déranger l’équipe de hockey mais La Gantoise va déménager. L’administration part début août et le dernier entraînement s’y déroulera à la fin du même mois.  » Tout n’est pas achevé car on tente de recycler un maximum. À gauche et à droite, on démonte des sièges qui vont servir à d’autres stades. Piens :  » La Ville est maintenant propriétaire du stade. Elle reçoit beaucoup de demandes. Le Racing Wetteren Kwatrecht a déjà envoyé un courriel : il doit toujours se contenter de vieux sièges en bois et nous pourrions donc lui faire un grand plaisir. Une partie du contenu nous appartient toujours. Nous allons la vendre aux supporters au profit de projets sociaux.  » Le stade Jules Otten recevra donc des adieux dignes de ce nom et ses vestiges seront répartis dans toute la Flandre.

JENS D’HONDT – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Ce stade, c’est incroyable ! Sommes-nous toujours en Belgique ? « 

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