GALA FOOTBALLEUR PRO 2010

Footballeur Pro de l’Année : Boussoufa, Lukaku, Vermaelen / Gardien Pro de l’Année : Mignolet, Proto, Stijnen / Entraîneur de l’Année : Brepoels, Jacobs, Leekens / Arbitre de l’Année : Allaerts, De Bleeckere, Nzolo

Les nominés au Gala du Footballeur Pro sont désormais connus. La course est lancée et le 9 mai, lors d’une émission spéciale sur la RTBF TV, les vainqueurs choisis par les joueurs pros de D1, seront dévoilés. En lice pour le trophée suprême : deux Anderlechtois et un… Gunner. Car, c’est le propre de ce trophée d’élire le meilleur joueur belge (tous championnats confondus) ou étranger de notre championnat. Alors que les Standardmen trustaient depuis deux ans les distinctions ou les places d’honneur, les voilà absents de cette édition 2010. A charge maintenant de départager les champions mauves (l’ancien Mbark Boussoufa et le petit jeune Romelu Lukaku) et le défenseur central d’Arsenal, Thomas Vermaelen. Petit tour d’horizon des nominés.

Mbark Boussoufa

Le Marocain pourrait réaliser le doublé après son titre de la saison passé. Sans oublier celui de 2003. Preuve de l’empreinte que Boussoufa est en train de laisser sur le championnat…

 » Je pense qu’il s’agit de sa meilleure saison « , explique Johan Walem,  » C’est la consécration de son talent. Pendant deux ans, il a appris à travailler. Aujourd’hui, il est au sommet. C’est sans doute le seul joueur ayant cette classe en Belgique et il n’y en a pas beaucoup comme ça en Europe. Il a des caractéristiques uniques : vitesse, toujours en mouvement, très fort au ballon, donneur d’assist, buteur, très bon tireur de coup franc.  »

 » Oui mais c’est surtout l’homme de la deuxième partie de saison « , corrige un peu Philipppe Albert.  » On a l’impression qu’il a lancé véritablement sa saison contre l’Ajax. Avant, heureusement, Matias Suarez l’a quelque peu suppléé. Avec Lukaku, c’est le grand bonhomme du titre. Sans aucun doute. Sa deuxième partie de saison est probablement ce qu’il a montré de meilleur en Belgique.  »

 » C’est la classe pure « , reconnait Wim De Coninck.  » Il donne beaucoup d’assists mais il marque également énormément. Et il atteint désormais la perfection sur les coups francs.  »

 » Cela reste mon favori car il a dirigé son équipe en leader « , conclut Marc Degryse.  » De plus, je trouve qu’un Footballeur Pro doit déjà posséder ce bagage professionnel comme Vermaelen à 23 ans ou Boussoufa à 26 ans.  »

Romelu Lukaku

A 16 ans, Lukaku qui avait disputé ses premières minutes la saison précédente contre le Standard, a trouvé très vite sa place dans le 11 de base et a décroché le titre de meilleur buteur. Il a quelque peu coincé dans les play-offs. Normal pour quelqu’un qui a disputé sa première saison pleine (avec un long parcours européen à la clé) et qui continue d’aller à l’école.

 » C’est normal de le voir dans le trio « , explique Walem.  » Il suffit de voir l’impact qu’il a eu sur l’équipe et le résultat jusqu’aux play-offs, lors desquels il s’est un peu essoufflé. Mais c’est unique : à 16 ans, terminer meilleur buteur, cela ne s’est jamais vu en Belgique, ni à l’étranger, d’ailleurs. « 

 » Pour moi, il n’y a pas photo, cela devrait être lui « , ajoute Albert.  » C’est la révélation. Pour un gamin de 16 ans, arriver à marquer autant de buts relève de l’exploit. Il est puissant, joue pour s’amuser et, en cela, on voit que c’est encore un gamin. J’aime bien sa nonchalance et son insouciance. Il ne se prend pas la tête et pour moi, c’est très important : dans le football actuel, on voit trop de joueurs qui se montent le col après deux bons matches et qui oublient le plaisir du jeu. « 

 » Il s’agit du symbole de la prise de pouvoir des jeunes dans le football belge « , analyse De Coninck.  » Mais c’est avant tout un formidable talent et une force de la nature. De plus, il est très bien entouré. « 

Petit bémol par contre pour Degryse :  » Malgré toutes ses qualités, il reste un jeune en début de sa carrière. Il n’a pas encore connu de périodes difficiles et quand on parle de Footballeur Pro, je le répète, on doit être complet. « 

Thomas Vermaelen

Arrivé avec l’étiquette du transfert le plus cher de l’entre-saison à Arsenal, Vermaelen s’est immédiatement imposé au sein de la défense d’ Arsène Wenger, au côté de William Gallas. Ses premiers mois furent idylliques, avec huit buts comme cerise sur le gâteau. Sans doute le porte-drapeau de la colonie belge à l’étranger, avec Vincent Kompany (Manchester City) et Daniel Van Buyten (Bayern Munich).

 » Je ne le connais pas beaucoup et sans doute qu’il va payer le fait de jouer à l’étranger « , argumente Walem.  » Beaucoup de joueurs ne pensent pas nécessairement à lui. Mais c’est la preuve que le Belge est désormais fortement apprécié à l’étranger. Vermaelen fait preuve de beaucoup de maturité et de personnalité pour son âge. « 

 » Il a effectué un excellent début de saison, à l’image d’Arsenal « , explique le spécialiste du foot anglais, Philippe Albert.  » Il marquait et défendait très bien puis il est un peu tombé dans l’oubli. C’est un élément de talent qui constitue l’avenir du football belge mais à l’image d’Arsenal, il doit encore apprendre à être constant sur dix mois pour devenir champion. Cependant, sa présence dans le onze de l’année en Premier League veut déjà dire beaucoup. Mais je ne crois pas qu’il va être sacré. Les joueurs vont d’abord penser à quelqu’un qui évolue dans le championnat belge. Et c’est logique. Je pars du principe que le Footballeur Pro doit revenir à quelqu’un qui joue dans notre championnat.  »

 » Il fait une saison exceptionnelle mais c’est un peu bizarre de fixer son choix sur un joueur qu’on n’a pas eu l’occasion de voir à l’£uvre chaque semaine « , modère Degryse.  » Même si en signant à Arsenal, Vermaelen a fait un pas en avant. Il a beaucoup progressé au contact du foot anglais et s’est de suite montré digne du niveau de jeu. « 

LEs GARDIENs Simon Mignolet

Inconnu il y a deux ans, Simon Mignolet a profité de la D2 pour effectuer son apprentissage. Il a largement confirmé son talent, au point qu’Anderlecht et le PSV se sont déjà mis sur les rangs. Saint-Trond a fixé le prix de sa jeune pépite à 3,5 millions d’euros.

 » Depuis deux ans, il fait la pluie et le beau temps à Saint-Trond « , lance Walem.

 » Pour moi, c’est le gardien de l’année « , explique De Coninck.  » C’est un athlète, très intelligent et peut-être meilleur encore que Stijn Stijnen en un contre un. Il n’a presque pas de points faibles et reste calme dans toutes les situations. Ce n’est pas un show-man. Au contraire, il reste sobre et correct. Pour son développement, il doit partir à l’entre-saison. Par ses capacités de progression, il est fait pour la compétition anglaise.  »

 » Il s’agit de mon favori « , tranche Degryse.  » Il est nouveau mais il faut aussi oser regarder vers l’avant. Il a un futur et une grande marge de progression. Cette saison, il n’a pas commis de grosses erreurs et possède déjà cette mentalité professionnelle. Il est sobre sur et en dehors du terrain. C’est vrai qu’on n’attend pas encore grand-chose de lui mais il faut parfois oser donner un trophée à quelqu’un qui n’appartient pas à une grande équipe. « 

Silvio Proto

 » Il a acquis une nouvelle dimension. Grâce à une grande confiance en lui, on a senti plus de maturité dans son jeu. Et une foi inébranlable « , analyse Walem.

 » Je conservais des doutes concernant les prestations de Proto lorsqu’il est revenu de son prêt au Germinal Beerschot « , tempère De Coninck.  » Il donne souvent une impression de panique et réagit ostensiblement auprès du public. Après sa faute contre Lyon, j’ai craint un problème de gardien pour Anderlecht car Davy Schollen est et reste un dépanneur. Anderlecht a besoin d’un gardien qui prend des points. Cependant, les derniers mois de Proto m’ont donné tort. On le sent animé d’un esprit de revanche et c’est quand il a cette adrénaline qu’il est le plus fort. C’est à ce moment-là qu’il commet le plus d’arrêts de grande classe comme contre le Standard où il va rechercher trois tirs de Milan Jovanovic. On ne sait toujours pas comment il a fait.  »

 » Il fait une bonne saison, je le reconnais « , continue Degryse,  » mais je ne suis pas encore convaincu par lui dans les matches décisifs comme contre Bruges, Hambourg ou Lyon. Il a beaucoup progressé et a sauvé beaucoup de points pour Anderlecht, je l’admets, mais il a encore un peu de travail à effectuer. Il n’est pas le meilleur gardien belge, actuellement. « 

Stijn Stijnen

 » Il a gardé le Club Bruges à flot tout au long de la saison et n’a pas commis beaucoup d’erreurs « , analyse Walem.  » C’est peut-être le plus régulier de la saison. « 

 » Il commet encore chaque saison une grosse bourde « , observe De Coninck.  » Comme lors du match européen face à Toulouse mais il compense par des rencontres de classe mondiale. Comme contre Valence. C’est un bon gardien. Ce qui me frappe, c’est sa rectitude, dans toutes les circonstances. Noir, c’est noir et blanc, c’est blanc et il va le dire. Avec Stijnen, c’est à prendre ou à laisser. Comme capitaine de Bruges, il prend toujours ses responsabilités, va au combat et dégage présence et charisme. De plus, Stijnen garde une constance au haut niveau depuis quelques années maintenant. « 

 » Ses mauvais points par rapport à Mignolet sont apparents « , affirme Degryse.  » Il a connu des hauts et des bas mais à son âge, on ne devrait pas connaître de bas. Il dit qu’il fait ce qu’il veut mais se laisse quand même influencer, notamment lorsqu’il décide de quitter l’équipe nationale. A son âge, les circonstances extérieures ne devraient pas intervenir dans ses prestations et il doit trouver un meilleur équilibre. Quand on est gardien de Bruges ou d’Anderlecht, on doit se montrer irréprochable durant toute une saison. « 

Les ENTRAINEURs Guido Brepoels

 » C’est unique ce qu’il a fait avec son noyau. Avec peu de qualités, il a monté un groupe compact et solide « , explique Walem.

 » Mais je me demande s’il ne s’agit pas d’un coup sans lendemain « , questionne Degryse.  » Saura-t-il confirmer ? On ne peut pas dire qu’il s’agit du meilleur entraîneur de l’année après une saison seulement… « 

 » Je le connais bien car on fait la Licence Pro ensemble « , affirme JoséRiga.  » C’est un passionné qui pense au foot 24 heures sur 24. Il a gravi un échelon à la fois et il s’est fait tout seul. Partout où il est passé, il a effectué du bon boulot et est tombé, à Saint-Trond, sur le club qu’il lui fallait. C’est un meneur d’hommes qui a pas mal d’idées et qui les applique. En D2, on trouvait normal ses résultats car il possédait l’équipe adéquate mais il a récidivé en D1, toujours avec une vision très positive du football. Il ne ferme pas derrière. Il a su fédérer un club derrière son équipe, ce qui n’était pas toujours le cas ces dernières saisons à Saint-Trond.  »

Ariel Jacobs

 » C’est logique de le retrouver en tête des prix car il vient d’être sacré champion « , explique Johan Walem.

 » A Anderlecht, on part du principe que c’est plus facile d’entraîner qu’ailleurs « , explique Degryse,  » mais je dis le contraire. Cette année, on ne peut rien reprocher à Jacobs. Il n’a commis aucune faute et même l’élimination contre Hambourg ne lui est pas imputable. Il a bien géré la situation et ce n’est pas pour rien qu’Anderlecht n’a pas connu de périodes difficiles ni de doute. Or, c’est un club où règne une certaine pression et Jacobs a très bien géré ce paramètre. Il a amélioré ses joueurs et son équipe. C’est aussi cela qu’on demande à un entraîneur. « 

 » C’est une récompense pour le travail sérieux « , dit Riga.  » C’est un peu le reflet de sa carrière. C’est un homme consciencieux, qui a très bien négocié la troisième année, souvent délicate pour les entraîneurs, et qui a su diriger un groupe conséquent. Certes, il a subi des problèmes (comme les blessures de Jan Polak et Marcin Wasilewski) mais comme le dit Wenger, une part de circonstance est dictée par l’attitude. De plus, il a été soutenu par sa direction qui a vu en lui un gars fiable.  »

Georges Leekens

 » Voilà la preuve vivante qu’on peut créer une équipe à partir de rien et la composer d’éléments revanchards. Il a joué sur ce côté-là pour motiver ses troupes « , explique Walem.

 » Avec Leekens, c’est toujours le même modus operandi « , continue Degryse,  » Cependant, arriver à placer Courtrai dans le top-6, il faut le faire ! Il n’avait rien à perdre et le club a suivi toutes ses propositions. Finalement, il a disposé de tous les joueurs qu’il avait demandés. Mais il a réussi à créer un bon groupe. C’est sa force : à court terme, il sait créer quelque chose. Malheureusement, cela ne reste que du court terme puisqu’il va déjà s’en aller. « 

 » Leekens, c’est le chevronné « , rigole Riga.  » Un malin de chez malin, qui réussit des tours de passe-passe indispensables. Il va toujours tirer le maximum du groupe. Surtout quand il n’est pas cité parmi les favoris. Il adore ce rôle d’outsider. Il faut lui reconnaître l’art de la mise en place. Il voit toujours très clair dans l’effectif et il a tout son passé pour convaincre les dirigeants du bien-fondé de ses demandes. Car le club sait qu’avec Leekens, il y aura des résultats. C’est également un communicateur hors pair, que ce soit avec les médias ou son noyau. « 

Les ARBITREs

Les trois nominés font l’unanimité, depuis plusieurs saisons déjà.

 » On a là les trois meilleurs arbitres de la D1 « , explique l’ancien arbitre Marcel Javaux.  » Il y a en deux, trois qui pointent le bout du nez mais cela ne sert à rien de les lancer trop vite. Ils doivent encore apprendre. « 

Paul Allaerts

 » J’ai toujours estimé que c’était le plus fort. Il a la sagesse, la maturité et l’expérience. Il est sévère mais fait également preuve de beaucoup de souplesse. C’est dommage qu’il soit atteint par la limite d’âge. Aujourd’hui, il est un peu éclipsé par la carrière de Frank De Bleeckere et l’enthousiasme et la fraîcheur apportée par Jérôme Nzolo.  »

Frank De Bleeckere

 » C’est tout à fait normal de le retrouver nominé à partir du moment où c’est le numéro un en Belgique. D’un autre côté, c’est un peu bizarre si on tient compte du nombre de matches qu’il a arbitrés, cette saison, en Belgique. C’est un businessman et la rigueur personnalisé. Il est carriériste et opportuniste mais pour arriver au sommet, il faut l’être. Il faut savoir jouer des coudes. Cependant, c’est un professionnel jusqu’au bout des ongles. Il ne néglige aucun détail. « 

Jérôme Efong Nzolo

 » Il avait une bonne bouille, toujours le sourire et a connu un grand buzz autour de lui en devenant le premier arbitre noir en Belgique « , continue Javaux.  » Aujourd’hui, il éprouve un peu plus de difficultés. On lui pardonne moins qu’au début. Il est arrivé trop tôt, trop vite. Mais, c’est pareil dans tous les métiers, la confirmation est toujours plus délicate. Son style d’arbitrage correspond à la mentalité africaine. C’est un peu le grand frère ou le père qui veut faire plaisir à tout le monde. « 

par stéphane vande velde – photos: belga

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