Le club chinois de Dalian Shide a vendu son attaquant à Manchester United, qui l’a loué à l’Antwerp.

Nous vous épargnerons le récit de nos pérégrinations pour fixer un rendez-vous. L’essentiel c’est que, ce mardi après-midi, nous retrouvons enfin Dong Fangzhuo au club house de l’Antwerp. Nous lui offrons notre plus large sourire, les yeux presque fermés, en lui tendant des deux mains notre carte de visite.  » Ni hao ma, Mister Dong !  »  »

Comment avez-vous appris que vous pouviez rejoindre Manchester United ?

Dong Fangzhuo : J’avais déjà effectué un stage à Manchester et j’en étais enchanté. Tout joueur chinois espère pouvoir jouer en Europe mais rares sont ceux qui en ont la chance. Je suis donc très heureux. Je n’ai su qu’en janvier que je pouvais vraiment émigrer en Europe. Jusqu’à ce moment, je me suis concentré sur mon jeu, en Chine. Je ne sais pas si je jouerai un jour pour Manchester United.

Quelle fut votre première impression à United ?

Très bonne. A l’entraînement, il y a plus de compétition qu’en Chine et c’est plus strict.

Vous avez eu des contacts avec Sun Jihai, de Manchester City, le premier Chinois en Premier League ?

Nous nous sommes parlés mais pas beaucoup. Nous n’avons pas discuté de football car il ne m’a jamais vu jouer. Nous n’avons jamais été coéquipiers. Il m’a surtout expliqué comment se déroulait la vie en dehors du football.

Qu’attendez-vous de la vie et du football en Europe ?

Je ne pense pas en termes d’avenir. La barrière de la langue m’ennuie, comme le fait de n’avoir pas de véhicule, mais j’ai la chance d’avoir quelques amis chinois qui étudient ici et quand je vais manger au restaurant, je rencontre des gens. Oh, vous êtesDongFangzhuo. (il rit). Mais la plupart des Chinois de Belgique ne me connaissent pas.

La Chine est-elle passionnée de football ?

Enfant, je ne l’étais pas tellement. J’aimais jouer, je m’amusais, sans plus. Un représentant du club m’a remarqué pendant que je jouais. C’est à ce moment que tout a commencé. Puisque ça allait bien, j’ai gravi les échelons jusqu’à Dalian Shide, parmi l’élite.

Quel genre de club est Dalian Shide ?

C’est le Manchester United de Chine : la meilleure équipe. Nous avons été quatrièmes de la Ligue des Champions asiatique. Nous avons un bon matériel, de bonnes infrastructures car le club est sponsorisé par Adidas. C’est différent en équipes nationales d’âge. On y attache moins d’importance.

Avec votre 1.86 mètre, étiez-vous le plus grand ?

Non. Je suis dans la moyenne. Il ne faut pas croire que tous les Chinois sont petits et jouent au ping-pong. Les habitants du sud sont petits mais dans le nord, dont je suis originaire, les gens atteignent une taille élevée.

Marc Grosjean dit que votre vitesse et votre technique doivent devenir des atouts mais que vous devez travailler votre jeu de position et vos duels. Qu’en pensez-vous ?

Si l’entraîneur a cette opinion, c’est aussi parce que je n’ai pas joué pendant vingt jours avant d’arriver en Belgique. Physiquement, je n’étais pas au mieux. Je me sens déjà beaucoup plus détendu et fort.

Combien de buts avez-vous marqués là-bas ?

Trop peu, en fait ! Je ne comprends pas que les gens me considèrent comme un bon attaquant. Je n’ai pas compté mes buts mais ils ne sont pas nombreux.

Pourquoi ?

Je devrais tirer plus souvent au but. La saison dernière, je n’ai pas joué beaucoup de matches de championnat. Avant, je faisais partie des û21 ans. Je manque d’expérience. Ici, je vais progresser.

Juste jouer. Pour l’expérience

Que pensez-vous de l’Antwerp ?

Le fait qu’il lutte contre la relégation complique évidemment les choses mais tout footballeur traverse de telles périodes. Pour moi, ce qui compte, c’est de jouer le plus de matches possible. Je suis confiant. (Paul Bistiaux, le secrétaire de l’Antwerp, explique à l’interprète qu’un photographe du magazine de Manchester United va passer trois jours à Anvers pour immortaliser Fangzhuo dans la tenue de Manchester et dans les rues de la ville.)

Vous êtes fier ?

(Il hausse les épaules). En fait, je préfère ne pas trop intéresser la presse et le monde extérieur.

Je n’y attache pas beaucoup d’importance. Je n’en sais pas plus que n’importe quel supporter. Cet aspect ne m’intéresse pas. L’essentiel pour moi est de jouer et d’acquérir de l’expérience.

Vous êtes enfant unique et votre père est décédé, avons-nous appris.

Oui, il a été victime d’un accident de la circulation quand j’avais huit ans.

Ne vous sentez-vous pas trop seul ?

Non, pas vraiment. Ma famille m’a appris à être fort et à vivre comme les autres, sans penser que je suis différent d’eux.

Qu’a ressenti votre mère en voyant son fils unique la quitter pour la Belgique, à l’âge de 18 ans ?

Je n’ai pas vu ma famille à l’aéroport, avant le décollage. J’aime les miens et je sais que je suis présent dans leurs c£urs. Ce qui m’arrive les perturbe mais ils ont contenu leur émotion devant moi, à la maison, en me faisant leurs adieux. Sinon, c’eût été trop pénible. Ma famille me soutient. Elle sait que ma carrière et mon avenir sont ici.

Etiez-vous nerveux ?

Non.

Y a-t-il quelque chose qui soit susceptible de vous énerver ?

(Il rit). Non, ce n’est encore jamais arrivé.

Etes-vous ambitieux ?

Oui, très. Je veux jouer pour Manchester United mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut, dans la vie. Tout le monde ne peut pas être Bill Gates, simplement parce qu’on le veut. Il faut travailler dur pour éventuellement concrétiser ses ambitions.

L’argent est-il important ?

Il est important car sans argent, on ne peut vivre, mais il ne faut pas en devenir l’esclave. J’essaie de ne pas trop réfléchir et de prendre la vie comme elle vient.

A quoi dépensez-vous le plus vite votre argent ?

A des livres, sans préférence particulière, et à des jeux informatiques.

Raoul De Groote

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire