G5: menteurs ou grands coeurs?

Dans l’affaire Malines, on voit des joueurs payés par un club jouer pour un autre et le président fédéral trouver ça normal. « Les règlements sont respectés », a dit Jan Peeters. « Il s’agit simplement d’un transfert de club à club. Le fait que le club prêteur paye le salaire ou non ne change rien ».

Génial! Heureusement que le directeur de la Ligue Pro, Jean-Marie Philips a dit qu’il serait curieux de voir des joueurs de Malines, payés par leur ancien club, jouer contre leur vrai employeur.

Sur le plan de la morale sportive, on peut trouver très sympa de prêter des joueurs à un club en difficulté. Mais je préfère l’attitude prévoyante et conséquente de Philips: le football belge est en train de se battre pour évacuer tout amateurisme et, cette saison, on va voir en action des joueurs payés par le club pour lequel ils ne jouent pas. Généralement, en Belgique ou ailleurs, les joueurs prêtés sont au moins payés par les deux clubs et on parle de location et non de prêt.

Il faudrait donc changer d’urgence les règlements et interdire que l’on soit payé totalement par un club autre que celui pour lequel on joue.

Le cas de Malines interpelle d’autant plus que le club est quasi assuré de ne pas avoir sa Licence Pro et risque même de ne pas pouvoir repartir en D3 la saison prochaine. Les grands clubs belges prônent là, tout à coup, une solidarité que Philips demandait depuis longtemps. « Chaque fois que j’ai évoqué ce mot dans le cas d’Harelbeke, d’Alost ou du RWDM, on m’a traité de fou. Maintenant, on n’a plus que solidarité à la bouche », constate-t-il, amer.

Tout est clair pour ceux qui se débattent dans le fond du classement: les grands clubs, insatisfaits du nombre de 18 clubs en D1, veulent rapidement en arriver à 14 ou moins C’est une vieille histoire. Or, si Malines restait dans le top 16, on jouerait d’office à 17 la saison prochaine, puisqu’à partir de l’été prochain, on ne remplacera pas en D1 les clubs ayant perdu leur licence et n’étant pas descendants sportifs.

Mais dans les grands clubs, on joue les vierges effarouchées. « On veut le bien de Malines et on nous prête des idées aussi machiavéliques? C’est trop injuste », entend-on de la part des deux Michel, Verschueren et Preud’homme. Jean-Pierre Detremmerie – pas suspect de figurer dans le G5 (le groupe qui a juré de couper tête, bras et jambes aux clubs les plus faibles)- joue pourtant dans ce camp en précisant : « L’octroi de la Licence Pro aura de toute façon son effet. Ce qui se passe pour l’instant ne changera rien au futur panorama de la D1 ».

D’accord, mais quand on prend une mesure de solidarité, on doit la prendre tout le temps et pour tout le monde. Anderlecht n’a-t-il pas fait payer l’an dernier une partie des salaires d’ Ode Thompson et de Yasin Karaca à Westerlo? Et quel club de D1 ne voulait-il pas gratuitement des services de Liviu Ciobotariu, David Brocken ou Tibor Selymes, versés dans les oubliettes du Standard 2001-2002?

« Le championnat est faussé », affirme Gaston Peeters, le manager de Lommel. « Nous travaillons mieux que Malines, mais ils reçoivent des joueurs gratis… »

Jos Vaessen, le président du champion Genk, veut 14 clubs, comme ses collègues du G5 mais n’admet pas le procédé : « Ici, on contourne le règlement. Je comprends que les clubs de bas de classement râlent et je ne prêterai personne à Malines ».

D’un autre côté, on ne peut nier les sympathies entre clubs. Anderlecht a jadis été très généreux sur le terrain avec Charleroi au moment où Enzo Scifo y partit et l’an dernier avec Alost qui se débattait dans les problèmes financiers. Et qui jetterait la pierre à Preud’homme qui a survolé la planète comme gardien avec Malines où son fils joue maintenant?

Les bons sentiments ont-ils encore leur place dans le foot? Detrem’ aurait-il raison? On n’est pas contre. Mais commençons par changer les règlements…

John Baete

Les règlements de l’Union Belge permettent donc de fausser le championnat…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire