Futur boss ?

Le plus expérimenté des cinq Espagnols a toutes les qualités pour s’imposer comme le nouveau patron de l’entrejeu.

Dans la petite colonie espagnole, qui a débarqué au Canonnier depuis que le duo AmedeoCarboniJuanSanchez a pris la direction sportive de l’Excelsior, JonathanAspas est le plus âgé et le plus expérimenté. Le seul, à vrai dire, qui peut déjà présenter certaines références sur sa carte de visite, puisqu’il a joué 66 matches de championnat pour le Celta Vigo (certains en D1, d’autres en D2). Quelques matches européens aussi, à l’époque où le club galicien, aujourd’hui fragilisé par des graves problèmes financiers, faisait encore partie du subtop espagnol. Sur le terrain, il montre l’exemple en se démenant tant et plus. Samedi, il fut au four et au moulin, récupérant les ballons, distribuant le jeu, dictant le rythme à la partie. Sans jamais se plaindre.

 » Le plus important, pour un footballeur, est d’aimer son métier « , affirme-t-il.  » Si c’est le cas, on le pratiquera toujours avec enthousiasme. C’est bien de clamer sur tous les toits :- Je suis bon, je veux gagner !, il faut le prouver par des actes. Sur base de mon expérience, je pourrais servir de guide à mes jeunes coéquipiers, mais je n’ai pas encore dû intervenir une seule fois pour les remettre sur le droit chemin. Ils témoignent tous d’une grande envie de bien faire. Bien sûr, s’ils ont besoin d’un conseil, je le leur donnerai volontiers, mais j’accepte qu’ils me fassent des remarques également. J’essaie toujours de réagir positivement, je ne me permettrai jamais de critiquer un partenaire. Dans une équipe, la communication est essentielle. Tout le monde doit faire entendre sa voix, sans distinction d’âge. Onze leaders, c’est mieux qu’un seul, car si jour où l’unique patron était absent, l’équipe entière serait perdue.  »

Précisément, le capitaine GonzagueVandooren manquait à l’appel contre Roulers. La moyenne de taille de l’Excel, qui était déjà la plus basse du championnat, a encore diminué.  » Qu’importe « , relativise le milieu espagnol.  » On espère gagner des matches en jouant au football. Comme le dit MiroslavDjukic : la taille n’est pas la donnée la plus importante. L’Espagne a été championne d’Europe avec des joueurs comme AndrésIniesta, XaviHernández, DavidSilva et SantiCazorla.  »

LionelMessi, qui a permis au FC Barcelone de réaliser un triplé historique, n’est pas un géant non plus. Mais il n’y a pas de Messi à Mouscron.  » Et pas d’Iniesta non plus « , rigole Jonathan.  » Seulement un IdirOuali, un GuillaumeFrançois et un AlexCortell. Mais on a démontré qu’avec des joueurs comme ceux-là, on pouvait gagner à Genk. Contre Roulers, on s’attendait à un match difficile face à un adversaire costaud et bien organisé défensivement. L’entraîneur nous avait recommandé d’être patients. On l’a été, mais la finition a fait défaut.  »

 » Les Belges apprennent l’espagnol « 

Jonathan n’est pas déçu du niveau du championnat de Belgique, et encore moins de celui de l’Excel.  » Je n’ai débarqué qu’il y a un mois, je ne connais donc pas encore toutes les équipes, mais je peux vous assurer qu’il y a de la qualité à Mouscron. J’ai été agréablement surpris par MatthieuAssouEkotto, DaanVanGijseghem, BastienChantry, pour n’en citer que quelques-uns. Il y a moyen de faire du bon travail avec ces gars-là. Mouscron n’est pas une équipe aussi médiatisée que les quatre grands du championnat, mais j’estime qu’on pratique du bon football. On est tous très enthousiastes et on a envie d’encore progresser.  »

La communication risquait de poser un problème, à cause de la barrière de la langue. Un argument que Jonathan réfute.  » On fait un effort dans les deux sens. On nous avait conseillé d’apprendre le français le plus rapidement possible, mais j’ai l’impression que ce sont… les joueurs belges qui apprennent l’espagnol ! « 

Au contraire de ses quatre compatriotes, Jonathan a déjà vécu une expérience à l’étranger : ces deux dernières saisons, il a porté le maillot de Piacenza, en Serie B..  » Quoi qu’on en dise, l’Italie est un pays très différent de l’Espagne. Les Italiens ont le football dans le sang, c’est une véritable religion pour eux : ils mangent et dorment football. En Espagne, on aime le foot aussi, mais les gens sont moins fanatiques. Et puis, en Italie, les matches du week-end ont lieu à 15 ou 16 heures. En été, il peut faire très chaud, parfois plus de 30°. J’ai eu du mal à m’y habituer. Peut-être parce que je viens de Galice, une région du nord de l’Espagne où il fait un peu plus frais. Le Calcio est aussi très discipliné, très rigoureux. Je préfère avoir une certaine liberté d’action.  »

 » Sanchez m’a parlé d’ambitions européennes « 

Au fait, qu’est-ce qui amène Jonathan à Mouscron ?  » En 2007, j’étais arrivé en fin de contrat au Celta Vigo « , se souvient-il.  » J’avais l’impression qu’en tant que produit du cru, je devrais être deux fois meilleur que les autres, originaires d’ailleurs, pour être titulaire, alors qu’en principe, cela aurait dû être le contraire. Le club venait d’être relégué en D2, l’ambiance était morose et j’avais envie de changer d’air. Avant de rejoindre Piacenza,, j’ai passé deux semaines au Maccabi Tel-Aviv. Je ne m’y sentais pas en sécurité. En ville, on rencontre des militaires armés à tous les coins. La rue où je résidais était calme, mais il suffisait de marcher 200 mètres et l’on se retrouvait en pleine guerre. Cela ne me disait rien qui vaille. En plus, le niveau footballistique n’était pas extraordinaire. Pas de quoi me convaincre de rester. Je ne pouvais pas retourner en Espagne, car le marché des transferts était clôturé. Faute de mieux, je me suis donc rabattu sur la D2 italienne. Je suis arrivé tard, en octobre, et l’équipe s’était déjà un peu formée sans moi. En outre, lors de l’un de mes premiers matches, je me suis blessé au genou. Un autre joueur m’est retombé dessus, je n’ai pas dû être opéré mais je souffrais quand même d’une solide entorse. Je n’ai commencé à jouer régulièrement qu’en décembre. Avec des hauts et des bas. Piacenza était une équipe sans grandes ambitions. Le président se contentait d’une place anonyme dans l’antichambre, cela ne correspondait pas à mes aspirations. J’ai senti un discours beaucoup plus enthousiaste à Mouscron. « 

C’est Juan Sanchez, l’adjoint de Carboni, qui a convaincu Jonathan de rejoindre le Canonnier.  » Il fut mon coéquipier au Celta lorsque j’étais encore très jeune « , révèle-t-il.  » On a joué deux années ensemble. Il m’a dit que Mouscron possédait de belles infrastructures, qu’il visait l’Europe à plus ou moins court terme et qu’il lançait un projet ambitieux. Son discours m’a plu. « 

Sanchez, aujourd’hui âgé de 37 ans, a effectivement joué de 1994 à 1999 à Vigo, pour le compte duquel il a inscrit 38 buts en cinq saisons. Aspas n’est donc pas une acquisition de Carboni, mais de son assistant. Ce qui explique aussi pourquoi, au contraire de ses jeunes compatriotes, il n’a aucun lien avec Valence B.  » Sanchez a établi les premiers contacts et c’est après seulement que j’ai pris langue avec Carboni, pour la rédaction de mon contrat. « 

Deux fois vainqueur à Bernabeu

Jonathan est né dans un petit village de pêcheurs de Galice.  » J’en ai gardé un grand attrait de la mer. Piacenza est situé au milieu des terres, un peu au sud de Milan. A Mouscron, il n’y a pas la mer non plus, mais la côte belge n’est pas très éloignée… « 

Sa carrière footballistique, c’est au Celta Vigo qu’il l’a initiée.  » Comment oublier mes débuts en équipe Première ? J’avais à peine 16 ans, et l’entraîneur m’a fait le plaisir de me lancer dans un match de Coupe de l’UEFA gagné… 7-0 contre Benfica ! C’était la grande équipe du Celta et il était très difficile, pour un jeunot d’y conquérir une place de titulaire. Cela s’est donc, temporairement, arrêté là. Plus tard, j’ai malgré tout pu affronter des équipes comme la Juventus ou Newcastle en Coupe de l’UEFA. Il y a trois ans, j’ai même marqué un but dans cette compétition, d’une grosse frappe à distance, contre le Spartak Moscou. Cela doit être le dernier but européen du Celta. Car, au tour suivant, on a été éliminé par le Werder Brême sans avoir trouvé le chemin des filets. « 

Le Celta Vigo avait, au préalable, éliminé le Standard, mais Jonathan n’a pas de souvenir précis du match disputé le 14 septembre 2006 à Sclessin, où il avait pris place sur le banc. Ce dont il se souvient, par contre, c’est qu’au terme de cette saison-là, son club a été relégué en D2.  » Il y est toujours, et cela va de mal en pis « , regrette-t-il.  » La situation financière s’aggrave à vue d’£il, et en fin de saison dernière, le Celta avait un pied et quatre orteils en D3. C’est mon frère, YagoAspas, qui l’a sauvé en inscrivant deux buts lors du dernier match de championnat, dont le deuxième à la 92e minute. Il jouait seulement son troisième match en équipe Première et une défaite aurait été synonyme de relégation…  »

Jonathan se souvient de certains matches mémorables vécus dans la Liga.  » Il y a trois ans, le titulaire habituel était blessé et j’ai été aligné sur le flanc droit pour affronter le FC Barcelone. Mon adversaire direct était un certain Ronaldinho. C’était en toute fin de championnat 2005-2006 et le Barça a été couronné champion dans notre stade, en gagnant 2-3 sur un dernier but de SamuelEto’o. La saison suivante, on a recommencé le championnat en accueillant à nouveau le FC Barcelone et on s’est, une nouvelle fois, incliné 2-3. Je me souviens aussi de deux victoires au stade Santiago Bernabeu de Madrid.  »

Médian, attaquant ou flanc droit

On se demande quelle est la meilleure place de Jonathan : milieu axial ou flanc droit ?  » Personnellement, cela m’est égal « , dit-il.  » J’aime jouer derrière les deux attaquants. Au début de ma carrière, j’évoluais comme milieu axial. Puis, lors de ma dernière saison au Celta Vigo, j’ai été aligné sur le flanc droit, parce que le titulaire s’était blessé et que l’entraîneur n’avait pas d’autre solution. J’y suis resté un moment. En Italie, j’ai joué comme attaquant : dans le 4-3-3 en vigueur à Piacenza, j’étais l’avant gauche. Parfois, j’ai aussi joué comme médian. « 

Lors de ses débuts en Espagne, il était décrit comme un jeune dynamique, possédant une bonne technique et une bonne vision du jeu. Au fil du temps, on a pu constater qu’il possédait également une solide frappe à distance.  » Une description qui correspond assez bien à mon profil « , confirme-t-il.  » J’espère que je pourrai le démontrer à Mouscron. A Piacenza, je n’ai inscrit que deux fois deux buts. Trop peu, à mon goût. « 

par daniel devos

« J’ai inscrit le dernier but européen du Celta Vigo. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire