Futebol do Brasil

Si la présence argentine est toujours bien marquée, les joueurs brésiliens prennent désormais le chemin du Parc Astrid.

Le futbol aurait-il donc cédé le pas au futebol à Anderlecht ? Toujours est-il qu’après la vague argentine, c’est une brésilienne qui a déferlé ces derniers mois au Sporting avec Kanu, Reynaldo et Renan. Signe des temps ou simple effet de mode ? Nous avons fait le tour de la situation avec Werner Deraeve, prospecteur en AmSud pour le compte des Mauve et Blanc.

 » Par rapport à ses voisins, qui se singularisent le plus souvent par un seul type de football, le Brésil présente une palette de variétés beaucoup plus riche, due sans doute à une société nettement plus cosmopolite. Le nord du pays est formé en très grosse majorité de Noirs tandis que le sud y est le repaire des Blancs. Dans la partie septentrionale, on trouve dès lors les éléments les plus doués. La plupart du temps, ils sont aiguillés durant leur adolescence vers les grands clubs de Sao Paulo ou Rio, voire plus profondément encore, à Porto Alegre. Là, dans cette ville située non loin de l’Argentine, le style de jeu, dépouillé, confine déjà à celui que l’on peut discerner chez nous, en Europe.

Le propos, pour le RSCA, consiste à brûler la politesse à ces clubs-là, afin d’offrir la formation continentale à des éléments issus de Sao Luis, Salvador de Bahia ou Recife la formation continentale. Et c’est ce qui est en train de se produire avec Kanu et Reynaldo, qui ont eu leur écolage au Nautico Recife. Renan, c’est une autre histoire, car il a été formé à Santos. Dans cette entité, où Pelé a grandi autrefois, il y a tant de talents que tous n’entrent évidemment pas en ligne de compte pour la Première. L’important est de mettre le grappin sur eux avant qu’ils ne fassent la jonction avec les A, sans quoi les prix subissent une croissance exponentielle. Nous avons eu la chance, dans les trois cas, de repérer chaque fois les joueurs lors de tournois, avant qu’ils ne rallient l’équipe-fanion. Nous avons donc été en mesure de réaliser des affaires financières très intéressantes. Rapport qualité-prix, c’est sûr que les opérations les plus fructueuses pour nous ont été réalisées au Brésil.  »

La veine est-elle épuisée en Argentine ?

 » Oui et non. L’Argentine reste un formidable réservoir mais au sein de la catégorie des joueurs qui nous intéressent les prix ont incontestablement flambé. Quand on a acquis LucasBiglia à l’Independiente, il coûtait quelque 3 millions d’euros. Son ami et coéquipier Sergio Agüero, revenait déjà à sept fois ce montant. Aujourd’hui, un Nicolas Frutos ne pourrait plus être acquis non plus pour une somme plus ou moins raisonnable. En l’espace de deux ou trois ans, les cotes des joueurs ont quasiment doublé. Mais cette situation pourrait fort bien changer. L’Argentine ressent elle aussi les effets de la récession et tout porte à croire que les clubs devront se montrer moins gourmands.

On reste en tout cas attentifs aux développements là-bas. Anderlecht dispose même d’un homme sur place en la personne de Gérard Witters, qui suit la situation sportive non seulement à Buenos Aires mais également à Rosario ou Cordoba, dont est issu Matias Suarez. Jusqu’ici, ce garçon n’a pas encore vraiment répondu à l’attente, mais cette saison pourrait être la sienne, comme pour Reynaldo d’ailleurs. Lui aussi est arrivé au Parc Astrid il y a un an, sans parvenir à convaincre à ses débuts. Tous deux ont toutefois des circonstances atténuantes à faire valoir puisqu’ils furent gênés par des blessures. N’empêche qu’à leur âge, il faut compter sur une période d’adaptation d’un an. C’est la raison pour laquelle, même si Renan a déjà fait montre de qualités évidentes, il aura besoin de quelques mois pour trouver ses marques. En principe, il sera d’abord intégré dans le noyau Espoirs. Comme une autre promesse : Chueca, qui est âgé de 16 ans à peine.  »

Chueca, c’est pas le Pérou ?

 » Le jeune garçon est bel et bien de nationalité péruvienne mais il a été repéré en Californie par l’ancien manager d’ Aruna Dindane, Serge Trimpont, parti s’installer là-bas avec sa famille, et qui continue à suivre le football pour le fun. Herman Van Holsbeeck et Philippe Collin sont allés sur place à son instigation en début d’année et l’affaire a été rondement menée. Le Pérou n’est pas vraiment notre terrain de chasse privilégié. Dans cette région-là de l’Amérique du Sud, de même qu’en Equateur ou en Bolivie, les footballeurs n’ont pas le même caractère que dans les régions plus australes, où ils témoignent justement de cette fameuse grinta. Le pays où cette tendance est la plus marquée, c’est l’Uruguay. Là, tous sont des durs à cuire. Par là même, ils constituent d’excellents produits d’exportation en Europe.

Malheureusement, dans la mesure où cette nation ne compte que 4 millions d’habitants, ceux qui sortent du lot sont chers. Mais d’ Enzo Francescoli à Diego Forlan en passant par Alvaro Recoba, rares sont ceux qui ne se sont pas épanouis en Europe. Pour Anderlecht, ils sont hors catégorie. Ce qu’il nous reste à défricher, c’est le nord. La Colombie, notamment, qui est en quelque sorte, à mes yeux, le Nigeria de l’Amérique du Sud. La réussite de Jaime Ruiz à Westerlo est une indication en ce sens. Plus haut, le Honduras ainsi que le Costa-Rica recueillent eux aussi notre intérêt. L’exemple de Victor Bernardez chez nous ou de Bryan Ruiz à La Gantoise atteste qu’il y a moyen de réaliser encore des bonnes affaires là-bas.  »

par bruno govers – photos: belga

Rapport qualité-prix, c’est sûr que les meilleures opérations sont au Brésil. (Werner Deraeve)

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