FULL METAL CARTIER

Comment se déroulent les entraînements-commando d’Albert Cartier ? Sauts en parachute, murs d’escalade ? On est allé voir…

Mardi matin sur le synthétique

Mardi, c’est toujours le jour de reprise des entraînements à l’AFC Tubize. AlbertCartier a l’habitude d’accorder un lundi de congé à ses joueurs. L’entraînement est programmé au centre national de l’Union Belge. Le gérant s’inquiète de notre présence et nous lui en expliquons la raison.

 » Ils ne viennent qu’à dix heures « , précise-t-il. Mais il est déjà 10 h 20.  » Oh, vous savez, l’AFC ce n’est pas un modèle d’organisation !  » On laissera à ce monsieur la responsabilité de ses propos… Cartier a peut-être, tout simplement, commencé la semaine par un petit speech, après le premier point récolté en D1 dans l’histoire du club.

Voilà les joueurs qui arrivent, en co-voiturage. Ils se sont déjà changés dans leur vestiaire habituel du stade Leburton et n’ont plus qu’à mettre les chaussures adéquates. On s’échange les dernières nouvelles du week-end.  » Qu’a fait Braine ce dimanche ?  » s’inquiète QuentinGailly.  » Tu sais, CharlyChapelle a été viré au White Star « , annonce Alan Haydock.  » Il était là depuis neuf ans ! Remplacé par CasimirJagiello…  »

La bonne humeur est de mise, mais la séance n’a pas encore réellement débuté. Cartier dispense-t-il des entraînements commando, comme certains le prétendent ?

Si l’AFC s’entraîne au centre national, c’est parce que le terrain 2 du stade Leburton est dans un piteux état. A l’UB, ce mardi matin, les joueurs prennent possession du T3, un terrain synthétique. L’AFC a droit, nous apprend-on, à deux séances sur le synthétique et deux séances sur gazon naturel. L’hiver, les joueurs pourront aussi utiliser le terrain couvert. Il s’agit d’une location, et elle n’est pas bon marché – y compris pour les jeunes – mais l’AFC n’a pas le choix.

 » Il faut venir ici le soir « , nous conseille un habitué.  » C’est une véritable ruche. Il y a des équipes de jeunes de Tubize, mais aussi de Hal, Lembeek ou Enghien. « 

Les joueurs ont revêtu un survêtement bleu marine à parements jaunes. De ce point de vue, ce n’est pas l’anarchie, comme on pourrait le penser. Des chasubles sont à leur disposition également, et ils sont d’ailleurs priés d’en enfiler. Il y en a des jaunes, des oranges et des rouges. Cartier, en short, semble aussi affûté que ses joueurs. Pas un gramme de graisse. Il commence par placer les cônes pour le premier exercice. Coup de sifflet.

 » OK les gars, je veux deux joueurs de chaque couleur à l’intérieur et les autres à l’extérieur, avec les ballons.  » C’est un jeu de passes qui est proposé. Le ballon doit aller de l’extérieur vers l’intérieur, puis repartir vers l’extérieur. Les joueurs doivent rester en mouvement, ce que certains ont tendance à oublier. Cartier jure :  » P… de m…, ce n’est pas possible ! Coachez-vous, vous n’êtes pas en mouvement à l’extérieur. Ne donnez pas le ballon sur un joueur arrêté. Tu es à l’arrêt, Quentin (Gailly) ! Déplace-toi… « 

On reprend, mais ce n’est pas encore parfait :  » Oh les gars, il n’y a pas d’adversaire, vous ne pouvez pas perdre le ballon ! « 

Cartier accroît le degré de difficulté de l’exercice.  » Cette fois, on procède en une touche de balle « , annonce-t-il. L’entraîneur adjoint, FeliceMazzu, traduit les consignes en… italien pour le BrésilienThiago.

 » On met le maximum de rythme « , demande Cartier.  » C’est la dernière minute, puis on souffle. « 

Sous le regard d’un reporter de TVBrussel, Cartier s’aperçoit que certains ballons sont mal gonflés et râle un bon coup.  » Les gars, ça ne va pas : préparez mieux votre matériel de travail s.v.p., on n’est jamais mieux servi que par soi-même.  »

Après une pause boisson, et après avoir rapidement regonflé quelques ballons vaille que vaille, on passe à l’exercice suivant. Qui ressemble au premier, sauf que :  » Le premier joueur qui fait le une-deux, sort « , annonce Cartier. Cela démarre, mais de manière trop statique au goût de l’entraîneur.  » Oh Gérald ( Forschelet), tu veux une chaise ? « , crie-t-il. On repart, mais ce n’est pas encore parfait.  » Stop, on arrête « , s’énerve Cartier.  » Il y a un problème : vous êtes tous arrêtés. Il faut mettre du mouvement. Voilà, c’est mieux. Et faites attention où vous courez : courir vers le ballon, ce n’est pas forcément offrir une possibilité de passe à votre partenaire.  »

Autre variante : on va chercher la passe longue.  » Après, on passera à un exercice avec objectif de but « , annonce Cartier. Coup de sifflet, on démarre. Cartier donne beaucoup de la voix :  » Jérémy ( Perbet), il te faut un réveil ou quoi ?  »  » Oh, les gars, c’est pas vrai : c’est l’exercice le plus facile de trois.  »

Le quatrième exercice est effectivement avec objectif de but : jeu latéral, puis jeu en profondeur, suivi d’un une-deux ponctué par un centre au ras du sol.

Tout s’est fait avec ballon. On a entretenu la condition physique tout en répétant des mouvements de match. Et personne n’est rentré dans le lard d’un copain…

Mardi après-midi en salle de muscu

Le repas de midi est pris au stade Leburton. Trois kilomètres en voiture. A l’entrée de la ville, un grand panneau annonce :  » Dimanche 21 septembre, 18 h 00 : l’AFC Tubize reçoit le Standard de Liège.  » Dans la rue qui mène au stade, un écriteau  » parking complet  » est déjà prêt, mais la barrière a été mise sur le côté. Au secrétariat, on annonce : soldout ! Il reste cinq jours avant le match, mais toutes les places sont déjà vendues depuis belle lurette. Derrière le but de droite, la nouvelle tribune prend forme. Lors du match contre Bruges, il n’y avait encore rien. Aujourd’hui, l’armature est en place, les canalisations également. Il faudra être prêt pour le 15 octobre, et semble-t-il, on le sera.

L’après-midi est consacré à la musculation.

 » A Studio 1, hier soir, on a stigmatisé le fait que des clubs belges de D1 n’avaient pas de salle de musculation. Nous, les petits de l’AFC Tubize, nous en avons une « , clame fièrement le kiné RenéKips.

Mercredi sur le terrain de rugby

Mercredi. L’entraînement se déroule encore au centre national, mais cette fois sur le terrain de… rugby, en gazon naturel.  » Ce terrain, c’est un vrai billard « , s’extasie un membre du staff.  » Il peut pleuvoir des trombes d’eau, une demi-heure plus tard, toute flaque a disparu. Et lorsqu’on tackle, c’est à peine si l’on arrache des mottes de gazon. « 

L’entraînement commence par un jeu : tous les joueurs se regroupent en cercle et deux d’entre eux prennent place au milieu. Le but, pour les uns, est de réaliser un maximum de passes, et pour les autres, d’intercepter le cuir. Parfois, cela tackle gaîment. « 

Un supporter est présent.  » Je constate déjà beaucoup de progrès par rapport au mois passé « , nous glisse-t-il.  » Les nouveaux joueurs ont beaucoup apporté. Mais il faut laisser un peu de temps à Monsieur Cartier. Avec le tour final, on a commencé la construction de l’équipe un mois plus tard que les autres. « 

Par nouveaux joueurs, l’homme entend GrégoryDufer et le nouveau gardien NicolasArdouin.  » Le comité a fait une erreur « , lance un proche du club.  » Il a trop attendu avant d’enrôler un nouveau gardien. On a pensé, jusqu’à la dernière minute, qu’on pourrait se payer qui vous savez. Il a préféré signer au Germinal Beerschot, ce que je peux comprendre. Ce baptême du feu n’était pas un cadeau pour le jeune MarioSantosDeMatos. J’espère qu’on ne l’a pas brûlé, car il a des qualités. Il reviendra, cette expérience lui servira.  »

Cartier demande d’enfiler les chasubles pour l’exercice suivant : les rouges d’un côté, les jaunes de l’autre côté. Il s’agit d’une course d’attente, suivie d’une course en profondeur et ponctuée par un tir au but. Cela prend un peu de temps, les joueurs de champ se passent le ballon pendant près d’une minute avant de fusiller le gardien. EricDeleu fait patienter les derniers remparts en s’occupant d’eux.

 » Vous avez le temps de prendre une tasse de café avant qu’ils arrivent « , lance-t-il avant de s’adresser au troisième gardien MiguelSantosPravos (17 ans), qui y va trop mollement.

 » Il faut aller à la guerre, Miguel ! Tu as vu hier, en Ligue des Champions, comment ils s’y prenaient ? Si tu ne vas pas à la guerre, tu n’arriveras à rien ! « 

Un ballon s’égare vers la ligne de touche. Cartier vient le récupérer.  » Félicitations pour le point pris à Malines « , lui dit un supporter.  » Merci « , répond Cartier.  » Mais ce n’est qu’un début : encore 40 et on est sauvé ! « 

 » Je trouve que la Ligue Professionnelle a fait une erreur en voulant réduire la D1 à 16 équipes « , enchaîne le supporter qui s’insurge :  » Samedi, à Malines, on a été taxés d’ antivoetbal ! Désolé, mais ce n’était pas à nous à faire le jeu. On joue avec nos moyens, c’était aux Malinois à trouver la solution.  »

Un délégué du club, présent depuis longtemps, constate avec ravissement :  » Désormais, on a quelques supporters qui assistent à l’entraînement. En D2, ce n’était jamais le cas. « 

Sur le terrain, on accentue le rythme. L’adjoint Mazzu donne les directives :  » On va commencer à appuyer les frappes ! Mettez de la vivacité dans les déplacements ! Jaugez vous-même si vous n’êtes pas encore prêt à frapper comme une mule ! « 

Cartier semble satisfait :  » C’est caisse, Greg (Dufer) ! Voilà… « 

 » C’est caisse, Benja ( Lambot) ! Ah ! dommage…  »

Mais il faut rester concentré. Cartier pousse un nouveau coup de gueule :  » Les gars, ce n’est pas possible ! Il n’y a pas d’adversaire et on envoie un ballon à 20 mètres ! « 

Voilà, cela se termine.  » Rassemblez-vous au centre et étirez-vous avec J.B. ( Paternotte) « , demande Cartier. Le capitaine français montre les exercices de stretching.

Il arrive que, le mercredi après-midi, Cartier donne congé à ses joueurs. C’est encore le cas cette semaine-ci, sauf pour les joueurs qui n’étaient pas titulaires à Malines le samedi précédent et qui ont droit à une deuxième séance.  » Parfois, il faut surprendre « , explique Cartier. Le jeudi, l’équipe travaille sa vitesse à fond.

Retour au rugby le vendredi…

Et le vendredi, l’entraînement se déroule à nouveau sur le terrain de rugby. Tiens ? Par rapport au mercredi, des lignes ont été tracées ! Logique : les rugbymen débarquent le lendemain. On travaille surtout les frappes au but : après des actions de jeu, ou sur phase arrêtée avec des mannequins. JasonVandelannoite, qui a un problème au genou, et Grégory Dufer, qui souffre des adducteurs, sont ménagés. On ignore encore s’ils joueront le dimanche.  » Greg est trop précieux pour risquer de le faire jouer 20 minutes, puis le perdre pour six semaines « , estime Cartier.

Samedi. Le dernier entraînement est programmé à 14 h 30, sur le terrain principal du stade Leburton. Histoire de prendre ses repères. A l’ordre du jour : stratégie, travail tactique, phases arrêtées. Il ne reste plus qu’à attendre le Standard.

par daniel devos

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire