Frutos, l’absent

Huit mois après sa dernière opération et sa revalidation en Argentine, l’attaquant n’est toujours pas redevenu un footballeur.

Le 19 juillet 2009, NicolasFrutos atterrit à Zaventem. Neuf jours après son retour, l’Argentin dispute contre Sivasspor ses premières minutes de jeu depuis le 6 décembre 2008. D’un lob, il fixe le score à 5-0 dans les arrêts de jeu et entame un interminable tour d’honneur.

Trois jours plus tard, Anderlecht reprend le championnat à Courtrai. Frutos entre à nouveau au jeu dans le dernier quart d’heure. Mécontent, il n’en touche pas une. Les matches se suivent à un rythme rapproché. A Sivasspor, il joue une demi-heure mais n’est pas meilleur qu’à Courtrai. Ensuite, Anderlecht reçoit le Cercle Bruges. La feuille de match indique que Frutos est sur le banc ; en fait, l’Argentin est absent. Il a reçu une infiltration et ne s’entraîne plus avec le groupe, mais individuellement. Comme chaque fois qu’il a un problème physique, depuis trois ans.

Anderlecht doit affronter Lyon au tour suivant de la Ligue des Champions. Deux jours avant le départ, alors qu’il n’a toujours pas été repris contre Westerlo durant le week-end, Frutos s’entraîne seul. Quand il quitte le terrain, avant le groupe, il affirme aux journalistes présents qu’il est prêt à jouer une demi-heure en Ligue des Champions.  » Je souffre un peu des adducteurs et des ischio-jambiers « , avoue-t-il,  » mais c’est normal, c’est le résultat de mes efforts. Je force un peu, ce qui est nécessaire pour retrouver mon niveau. Cela ne peut m’empêcher d’aider l’équipe. « 

Le déplacement à Lyon, il y a un mois déjà, est le dernier fait d’armes de Frutos. Le voyage… car il n’a pas joué. Ariël Jacobs ne l’a même pas placé sur le banc. Il en a vu assez pendant l’ultime entraînement collectif en terre française : Frutos ne suit pas. Et Jacobs lui passe un fameux savon.

 » Il ne doit pas prétendre être capable de jouer trente minutes quand ce n’est pas le cas « , explique ensuite l’entraîneur à la presse.  » Je sais qu’il espère jouer rapidement mais quand il avance des choses pareilles, je suis obligé de les rectifier ensuite. Je l’aurais certainement aligné contre Lyon s’il avait eu une condition physique suffisante. (…) Nul ne peut dire combien de temps Nico sera encore indisponible. Il travaille dur, mais il doit avancer pas à pas. Un entraînement individuel n’est pas une séance en groupe et un entraînement collectif n’est pas un match. « 

Frutos n’est pas une bête d’entraînement. Quand il effectue sa revalidation, c’est à son gré. Dès son arrivée en Belgique, il était évident qu’il était fragile, prédisposé aux blessures. Ne sachant plus que faire de sa star capricieuse, Anderlecht a placé son destin dans les mains d’un  » soigneur  » argentin, Juan Mendoza, qui passerait de plus en plus pour un charlatan. Sa réputation en Argentine serait seulement basée sur le fait qu’il a jadis été le masseur de Diego Maradona

Herman Van Holsbeeck dit que les dizaines de médecins d’Europe ne pouvaient aider Frutos. En réalité, celui-ci, par superstition, ne voulait pas se laisser traiter. Il est désormais clair que Mendoza ne peut faire de miracles et pourtant, Anderlecht continue à le traiter avec les plus grands égards. Résultat, une vedette très onéreuse ne joue toujours pas, est incapable de se passer d’un gourou et s’imagine que Maradona guette son rétablissement.

Le contrat de Frutos n’a pas été renouvelé sans heurts début 2008. Le président Roger Vanden Stock aurait souhaité un contrat à la prestation, tandis que Van Holsbeeck préférait un contrat normal, comme Philippe Collin. Qui avait raison ?

par jan hauspie – photos: belga

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