© EMILIEN HOFMAN

Frère Scott

Il ne compte plus les étés où il a refusé des offres pour rester fidèle à son club de la RU Lasne Ohain en P1 brabançonne. Aujourd’hui, alors qu’il facture plus de 300 buts, Scott Siroux s’apprête pourtant à voir du neuf.

Comme tout Brabançon qui se respecte, Scott Siroux aurait pu faire du hockey et intégrer le Hall of Fame du Wellington THC, où il débute le sport à six ans. Il aurait également pu faire carrière dans le but ou au libéro, places auxquelles il découvre le foot. Mais le La Hulpois a préféré se muer en attaquant qui enchaîne entre 25 et 35 buts chaque saison en P1 depuis huit ans. Un grand et solide bonhomme au très bon jeu de tête, et qui n’aime rien de plus que de plonger dans le dos d’une défense. « La vitesse et l’endurance sont toujours là, bien que je sois fumeur », sourit celui qui file sur ses trente ans. Un âge où son nom a déjà fait plusieurs fois le tour de la province. Au point que certains manigancent des plans « anti-Siroux » pour le neutraliser. Souvent, ça foire. Il y a deux ans, le coach d’Evere passe dix minutes à briefer les siens sur ses forces et faiblesses… avant de voir l’attaquant commencer sur le banc. Il change alors de stratégie, mais Scott rentre à la pause, brouille les cartes et plante un doublé. Parfois aussi, ça fonctionne. Au début de cette saison, un défenseur parvient d’emblée à mettre le buteur hors de son match. Un coup perdu, pas mal de cinéma et Siroux prend rouge, puis quatre matchs de suspension. Deux semaines plus tard, en pleine soirée, un jeune homme tire sur sa manche. « C’était le défenseur, tout fier d’avoir réussi à me torpiller. Il m’a dit que c’était la consigne qu’il avait reçue pour que son équipe ait une chance de gagner le match. » Scott ne lui en tient pas rigueur: il a appris à transformer ces techniques en compliments et ne réagit plus à la moindre insulte comme durant ses jeunes années… quand le foot n’était pas encore une priorité.

Je n’ai pas de regret, mais je me pose encore parfois la question de savoir si j’aurais pu atteindre le niveau de D3 ou de D2.  » Scott Siroux

« Beaucoup me disent encore qu’ils n’auraient jamais misé une pièce sur moi à l’adolescence », sourit le La Hulpois, qui doit peut-être son impressionnant parcours à la présence du coach de l’équipe première à un match de Juniors où il casse la baraque. Sélectionné en A, il marque d’emblée les esprits avec un but et un penalty provoqué en deux matches. « Ma force et mon défaut, c’était d’être un poulet sans tête, j’étais un bulldozer qui courait partout sans réfléchir. Je n’avais pas vraiment eu de formation idéale sur un terrain synthétique donc comme j’étais très puissant et que j’avais le sens du but, je fonçais tout droit. » Les débuts prometteurs laissent ensuite la place aux années études, Erasmus et vacances, où Scott entame ses saisons en équipe B et n’est qu’un joker de luxe en A. C’est à 23 ans, une fois diplômé et employé, qu’il décide d’enclencher la deuxième. Au grand bonheur de la RU Lasne Ohain (RULO), qui passe de P3 à P1 et qui fait de son buteur un modèle de réussite et de fidélité. « C’est un club très familial où les valeurs me correspondent assez bien et où je joue avec les mêmes mecs depuis huit-neuf ans. » L’environnement parfait pour mûrir, apprendre à gérer ses courses, à évoluer plus en pivot tout en enchaînant les buts. « Je n’ai pas de regret, mais je me pose encore parfois la question de savoir si j’aurais pu atteindre le niveau de D3 ou de D2. » Siroux a pourtant reçu des propositions financièrement et sportivement intéressantes pour évoluer plus haut, mais la « famille », ses potes du vestiaire, un coach apprécié et un comité dévoué ont toujours fait la différence… jusqu’à ce printemps. Séduit par le projet ambitieux de Perwez (P1), l’attaquant s’apprête donc à mettre fin à une relation intense de 17 années. Sans amertume envers la RULO, juste l’envie de marquer des buts avec un maillot différent. Mais toujours cette même célébration « en courant et sautant n’importe comment. » L’éternel poulet sans tête.

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