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Frédéric Tilmant

Capitaine de La Louvière, Frédéric Tilmant a incarné l’esprit familial, volontaire et loyal des Loups pendant plus de dix saisons. Sa reconversion en politique locale sonnait dès lors comme une évidence.

Chemise blanche, physique d’armoire à glace, allure bonhomme, verbe plutôt haut et imprégné d’un léger accent propre à sa région d’origine. Les éléments parlent d’eux-mêmes, il ne devrait plus y avoir de doute : c’est de Marc Wilmots qu’il est question.

Pourtant, sur une des chaises de l’antique salle de réception de la commune de Binche, c’est bien Frédéric Tilmant qui parle. S’il n’a pas eu la carrière sportive de l’actuel sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Tilmant fait néanmoins office de figure de proue de la fabuleuse épopée de La Louvière, passée entre 1993 et 2003 de la Division 3 à la Coupe UEFA avec un affrontement historique face à Benfica.

 » On formait une vraie famille. Après les victoires, on allait dans les buvettes et on faisait la fête avec les fans jusqu’à 3-4 heures du matin. Du coup, ça leur a permis de véritablement s’identifier au club.  »

Avec 11 saisons passées au Tivoli, Fred Tilmant entre parfaitement dans la définition du clubman. Pourtant, en 1996, le robuste attaquant va déserter le Tivoli pour la Bourgogne en rejoignant le club de Gueugnon, tout juste relégué en D2 française. Une expérience rapidement rendue originale par sa première semaine de test… sans ballon.

 » Finalement, j’ai signé pro et j’ai passé deux saisons là-bas, dans la campagne ! Gueugnon, c’était 10.000 habitants et moi je vivais dans un village de 900 personnes : quand je me réveillais, j’avais les vaches, les pâtures… j’aimais bien ! Ce passage en France m’a permis de grandir physiquement et mentalement.  »

À son retour au plat pays, Tilmant retrouve la RAAL, un club qui lui avait remis le brassard de capitaine à seulement 21 ans lors de son premier passage chez les Loups début des nineties.  » Quelque part, j’étais dans mon jardin à La Louvière et les gens s’identifiaient à moi, le gamin de la région qui porte les couleurs du club local. Une osmose s’est créée entre les fans et moi, ce qui m’a permis d’évoluer avec le club jusqu’en D1.  »

RAAL et râle

Évidemment, à côté des grands moments de joies, impossible pour Tilmant de passer à côté de la terrible chute de la RAAL illustrée par l’affaire des paris truqués.  » Quand un club n’est dirigé que par un homme, celui-ci finit par s’essouffler, notamment au niveau des finances « , observe-t-il.  » Et puis, si la Coupe d’Europe a été une énorme page de l’histoire du club, elle a aussi représenté des frais monstrueux : déplacements au Portugal, accueils, transferts… ce qui a aussi favorisé l’affaire des paris.  »

La saison où tout éclate au grand jour, Tilmant est promu de T2 à entraîneur principal sans vraiment le vouloir. Il se retrouve alors avec des joueurs qui passent plus de temps au téléphone que sur le terrain, qui ne sont plus du tout concernés. Trois ans plus tard, alors en D3, la RAAL est déclarée en faillite et disparaît.

 » Beaucoup de supporters ont encore le coeur qui saigne par rapport à cette histoire « , affirme l’ancien attaquant.  » Du coup, on a récemment décidé de lancer le projet d’une nouvelle RAAL avec Salvatore Curaba. On a repris un matricule – celui du FC Couillet – et on va repartir en Division 3 amateurs l’été prochain. Je ressens déjà un engouement… c’est parti ! »

Politique et Koh-Lanta

Retraité du foot depuis plus de dix ans, Frédéric Tilmant n’a pas eu trop de souci pour trouver sa reconversion. Après avoir accepté un job de magasinier dans une tuyauterie, il s’est fait approcher en 2006 par le PS binchois pour représenter sa commune… ce qu’il fait toujours actuellement.  » Ce qu’il y a de rigolo, c’est qu’encore maintenant, beaucoup de gens m’appellent l’échevin des Sports alors que je ne l’ai jamais été « , sourit celui qui possède le folklore, les associations, les fêtes et les aînés dans ses attributions.

 » Si je suis devenu échevin, ce n’est pas parce que j’ai fait du bon boulot politique, mais parce que j’étais Frédéric Tilmant, le joueur de foot. J’ai été privilégié, donc je n’ai pas le droit de tricher avec ça !  » L’ancien Louviérois tient beaucoup à son implication politique locale, il n’a d’ailleurs aucune ambition à plus long terme.  » C’est tellement magnifique de pouvoir faire avancer les choses pour sa ville. Et je précise que je n’ai pas de boulot à côté : je ne cumule pas !  »

Malgré le bonheur qu’il éprouve en tant qu’échevin, Fred a pleinement conscience des difficultés du monde et du métier.  » Parfois, la politique me fait encore peur. Dans mon boulot, le général prime sur l’individuel. Or, on vit dans un monde où l’égoïsme prend le dessus sur tout. Du coup, inévitablement, mes décisions vont décevoir certaines personnes. C’est là que se situe la partie la plus compliquée à vivre dans ce boulot.  »

Pour évacuer, Tilmant garde toujours le sport à ses côtés : après avoir tâté la sphère au football et à la balle pelote, il pratique aujourd’hui le tennis, le cyclisme, le golf et la randonnée. Il aurait d’ailleurs participé à Koh-Lanta avec son frère il y a quelques années si la production avait accepté les candidatures étrangères.

 » C’est dommage, ça m’aurait plu parce que je suis un homme de défis. Comme mon frère ne digérait pas cette non-inscription, je lui ai dit pour blaguer : On n’a qu’à marcher d’ici à la caravane de maman. Il l’a pris au mot et on a parcouru 70 km en deux jours et demi avec ration militaire. Après, il a oublié Koh-Lanta.  »

PAR ÉMILIEN HOFMAN – PHOTO PG

 » Après les victoires, on allait dans les buvettes et on faisait la fête avec les fans jusqu’à 3-4 heures du matin.  » Frédéric Tilmant

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