Frappez les tambours, trompettes, sonnez

Même si les Diables Rouges ont perdu de leur grandeur après le Mondial, l’enthousiasme qu’ils suscitent ne faiblit pas. Samedi, pour le match contre Chypre, le stade était comble et l’ambiance exubérante, malgré la grisaille météorologique. On n’a pas entendu de réaction négative quand, après un début virevoltant, la deuxième mi-temps a commencé plus difficilement. En ces temps difficiles, les Diables Rouges offrent une éclaircie, une pièce de théâtre et l’occasion d’admirer des footballeurs à la technique raffinée, qu’on n’a pas d’autre occasion de voir à l’oeuvre au pays.

Il n’en a pas été autrement avant la Coupe du Monde. L’équipe nationale est un symbole d’unité dans un pays politiquement divisé, un lien entre les communautés, un produit national. Il n’y a pas eu trace d’animosité dans les tribunes, contrairement à la semaine précédente lors de la finale de la Coupe entre Anderlecht et le Club Bruges, pas de débordements, de feux de Bengale ni d’impressionnant déploiement des forces de l’ordre. Le football était une fête fraternelle.

Cet intérêt semble se reporter sur les play-offs. On a écoulé un nombre-record d’abonnements et on ne peut qu’espérer que le spectacle soit à la hauteur, ce qui n’était pas le cas les années précédentes. Le duel entre le Club Bruges et Anderlecht paraît devoir dominer cet épilogue. On ne peut nier la progression des Bleu et Noir. De Volkskrant, un quotidien néerlandais de qualité, considère le Club comme la meilleure formation du Benelux et a vanté son modèle : un noyau fixe avec une majorité de joueurs formés en son sein, un système de scouting étoffé et l’inspiration de Michel Preud’homme, qui lui a rendu ses valeurs, sans oublier l’apport de Ruud Vormer, passé du rang de contrôleur réserve à Feyenoord à celui de dynamo à Bruges.

Michel Preud’homme deviendra immortel si, après la Coupe, il ramène aussi le titre au stade Jan Breydel. Il faudra beaucoup de professionnalisme pour conserver sa forme physique et, surtout, mentale à l’équipe, qui va disputer 7 matches en 17 jours en avril. La spécialisation accrue du staff technique peut jouer un rôle prépondérant.

Quoi qu’il en soit, les play-offs s’annoncent passionnants. La saison passée, Anderlecht était l’équipe en forme au coup d’envoi des PO1. Maintenant, le Sporting doit bannir l’irrégularité de son jeu. La jeunesse relative de l’équipe ne peut constituer d’excuse. Les Mauves alignent une des révélations de la saison, Leander Dendoncker, et ils restent les plus fins techniciens. Courtrai et le Sporting Charleroi ont la possibilité, pendant dix matches, de repousser leurs limites tandis que le Standard va tenter d’arracher un ticket européen après une saison turbulente. Une qualification devrait ramener le calme en bord de Meuse, même si on ignore encore quelles seront les futures lignes sportives. Ces dernières années, la stabilité n’a pas vraiment été le fil rouge de ce club.

De quoi est capable La Gantoise ? Ses récentes victoires contre le Club et le Sporting montrent qu’elle progresse mais durant sa visite à notre rédaction, Hein Vanhaezebrouck a refusé d’évoquer le titre. Ce noyau est-il suffisamment fort pour gérer la pression inhérente à pareille lutte ? Vanhaezebrouck affirme que Gand est le club de l’avenir. Il est important de traduire sportivement l’avance que les Buffalos ont en matière d’infrastructures et, à terme, de gommer la tache que constitue l’absence de titre à son palmarès.

Les play-offs débutent vendredi par le match entre le RC Genk et Zulte Waregem. Nul ne s’intéresse à ce niveau de la compétition. Tout au plus va-t-on jeter un coup d’oeil sur la lutte pour la survie que vont se livrer le Cercle Bruges et le Lierse.

Les problèmes de licence de Mouscron-Péruwelz pourraient modifier radicalement la donne. Reste à espérer que la clarté soit rapidement faite dans ce dossier. La valse des éventuels candidats-repreneurs reste opaque. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’une intervention artificielle. Le club a perdu son âme depuis longtemps. Sur quelles bases bâtir un avenir, dans ces conditions ?

PAR JACQUES SYS

Les Diables Rouges restent un produit national.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire