Francophonie et foot : c’est au Standard que ça se passe

Dimanche dernier, à Sclessin, une bannière :  » Ni flamands, ni Wallons. Une unité pour un blason ! « . On n’a toujours pas de gouvernement : les francophones ne veulent pas que la Belgique éclate et ils accrochent de plus en plus de drapeaux tricolores à leurs fenêtres. En football aussi, les francophones sont inquiets. Si la Belgique éclatait, la D1 ferait de même. Et si la Belgique n’éclatait pas, la Ligue Pro risque de splitser le championnat pour que les grands clubs conservent le plus de droits de télévision. Pour que l’argent reste aux riches : la démocratie basée sur le partage est tailladée par une certaine politique et par un certain lobby du foot. Le danger est à l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Dès lors, le débat est lancé. En cas de séparatisme et/ou de réorganisation de l’élite, il faut savoir si une D1 francophone est viable. Ceci n’est peut-être pas une fiction.

Au-delà du clin d’£il en couverture à l’émission spéciale présentée en décembre dernier par François de Brigode (merci à Michel Lecomte d’avoir joué le jeu), la question se pose. Jusqu’à présent, il y a toujours eu deux ciments institutionnels à l’unité belge : le Roi et le foot. Pourquoi l’un montrerait des limites de pérennité et pas l’autre ? Est-ce surréaliste d’évoquer la viabilité d’une D1 francophone ? Non pour les raisons qu’on vient d’évoquer et non parce que ça pourrait susciter une vraie solidarité entre des clubs francophones pros qui n’ont jamais été aussi performants. Confrontés à la question, nos experts disent que – pour l’heure – une D1 francophone ne serait pas viable si on voulait garder le même niveau sportif et économique. Mais que si le séparatisme étatique devenait une réalité, on s’en sortirait. Et aussi que si la solution n’est effectivement pas de réduire le marché, il faut surtout penser à l’agrandir. Bref, il est parfois utile de partir du petit pour aller vers le grand.

Pour le Standard, c’est clair : si la Belgique éclate, il va jouer en France. En attendant, il caracole très méritoirement en tête de notre championnat en regrettant toujours l’élimination contre Saint-Pétersbourg. Après le nul éliminatoire de jeudi passé, Dick Advocaat, le coach hollandais des Russes (ces Keeskoppen coachent vraiment partout !) a dit :  » Le Standard est une équipe très jeune, qui fait des erreurs mais qui a un gros avenir. Au début, il nous a enfoncés, nous n’avons pas été capables de bien défendre et notre entrejeu a été submergé « .

On pouvait inclure Michel Preud’homme dans  » équipe très jeune « . Car était-ce raisonnable de mettre Oguchi Onyewu au centre-avant ? Cela faisait penser à un truc de Provinciales. Raymond Goethals a dû se retourner dans sa tombe en voyant une option pareille. Bien sûr, Onyewu a marqué mais il s’est aussi fait exclure très vite (*). Parce qu’il était stressé par sa position inhabituelle ? Dieumerci Mbokani est resté sur le banc en première mi-temps et Ali Lukunku n’est monté qu’en fin de match et s’est montré immédiatement dangereux. On ne va pas nous dire qu’un avant de métier n’aurait pas fait mieux que l’Américain. C’était du poker et ça manquait de maturité tactique. Le genre d’improvisation qu’on fait en fin de match, éventuellement, quand on est à court d’argument…

Cela dit, Michel a eu mille fois raison d’emballer le match comme ça. C’était grand. Si le Standard joue avec la même pression sur l’adversaire tous les dimanches, il sera champion. Avec Onyewu derrière ! Car Michel a dit qu’il ne reconduirait pas l’expérience en D1 :  » C’était une mesure exceptionnelle pour un match exceptionnel « . Soit.

Mais attention : pour l’ex-meilleur gardien du monde, le Standard ne s’est pas qualifié à cause de l’arbitrage :  » A Saint-Pétersbourg et ici, on a vu qu’on ne pouvait pas gagner. Sans doute parce que le budget des Russes est cinq ou six fois supérieur au nôtre « . Wouaw ! Et quand un journaliste russe lui a dit que le Standard avait joué  » salement  » (il voulait dire brutalement), Mich’ a répondu :  » Il y a eu des choses plus sales mais qu’on n’a pas vues « .

Je n’ai pas résisté et lui ai demandé s’il ne craignait pas d’être traité par l’UEFA comme Raymond Domenech après ses critiques sur l’arbitrage lors d’un match Espoirs contre l’Italie et la manie de ce pays de tout truquer. Il a répondu :  » Non « . On verra…

(*) Oguchi connaît bien l’histoire du basket américain. Il faudrait que quelqu’un lui dise : -Be like Mike (Jordan), not like Charles (Barkley).

PAR JOHN BAETE

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