François Colin écorche Englebert

Thomas Bricmont

Rentré au jeu en cours de match face à Beveren il y a dix jours, Gaëtan Englebert subissait les foudres du public brugeois. Quelques jours avant cette rencontre, un article paru dans le Nieuwsblad sous le titre Kleedkamer door en door rot (un vestiaire de plus en plus pourri) visait essentiellement le joueur liégeois. Rencontre avec son auteur, François Colin, l’une des plumes les plus piquantes de la presse sportive flamande.

Quand Englebert est monté au jeu, vous attendiez-vous une telle bronca des supporters ?

Pas vraiment. Mais il faut savoir que ce que j’ai écrit, beaucoup de sympathisants du Club Bruges le savaient déjà. La situation était claire chez bon nombre de supporters. Ce n’était seulement nouveau que pour le grand public.

Cet exemple, renforce-t-il l’importance que certains journalistes peuvent avoir auprès de la population ? L’expression leader d’opinion prend-elle ici tout son sens ?

Je rigole quand on me parle du poids excessif de la presse ! Cela fait 15 à 20 ans que j’écris des éditoriaux mettant en cause le fonctionnement de l’Union Belge et rien ne change. De plus, quand on voit comment on nous traite dans certains clubs…

Avez-vous conscience qu’un tel article peut détruire la carrière d’un joueur ou du moins lui mettre de sérieux bâtons dans les roues pour son avenir ?

Dans ce type d’écrit, on doit être sûr de ce que l’on dit. D’ailleurs, personne n’a contredit mes propos ou ceux de mes sources. Dans l’éditorial du Het Laatste Nieuws, notre principal concurrent ; du 12 mars, Stephan Keygnaert me félicite pour cet article. Même Michel D’Hooghe a déclaré dans une interview que – Si c’était exagéré, il y avait quand même du vrai. D’une certaine manière, il a confirmé ce qui était écrit. Je crois surtout qu’après la débâcle au Germinal Beerschot, mes sources, qui sont des personnes vivant dans l’entourage de Bruges, ont voulu provoquer une sorte d’électrochoc.

En règle générale, pensez-vous que la presse néerlandophone soit plus virulente que celle du côté francophone ?

Il existe des différences. J’ai l’impression que les journalistes francophones peuvent se montrer extrêmement durs, quand ils le veulent… Nous sommes plus constants dans nos éditoriaux, où nous avons l’habitude d’être critiques. Cette stabilité est plus marquante.

Constatez-vous un changement important ces dernières années dans le traitement de l’information ?

Personnellement, je n’ai jamais subi de pression venant de qui que ce soit. Mais, il est évident que la concurrence accrue entre les journaux ne facilite pas le travail de leurs employés. Que ce soit en politique ou en sport, le travail des journalistes était plus serein il y a 20 ans.

THOMAS BRICMONT

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