Francky & Frankie

Les Diables jouent ce mercredi en Tchéquie. Avec un duo inédit aux commandes : Vercauteren-Dury.

Cet été, Zulte Waregem a fait parvenir aux rédactions sportives un courriel détaillant le programme médical de ses joueurs : contrôle approfondi des mâchoires, de la nuque, du dos, du bassin, des pieds, etc. Par un ostéopathe et un podologue. Aussi au programme : discussions avec un diététicien et un psychologue. Ainsi que des conversations avec le coach à propos des objectifs individuels et collectifs des joueurs, des tests physiques à l’hôpital universitaire de Gand, etc. Tout cela pour un club comme Zulte Waregem ! Mais on reconnaissait la griffe de Francky Dury, le coach à succès du Gaverbeek.

Aujourd’hui, Dury combine son job d’entraîneur de ZW avec un boulot de T2 de Frankie Vercauteren en équipe nationale. Pour une période aussi longue que celle prévue au départ (jusqu’en janvier) ? C’est à voir car Dick Advocaat a été viré du Zenit Saint-Pétersbourg le week-end dernier et il pourrait toujours prendre les Diables en mains plus tôt que prévu.

Dury est constamment à la recherche de la perfection et n’hésite pas à s’entourer de divers spécialistes. Exactement comme Vercauteren, qui se faisait assister à l’époque où il entraînait Anderlecht mais aussi, déjà, au tout début de sa carrière quand il s’occupait des jeunes pousses du FC Malines. Un sens du détail que Vercauteren a appris quand il jouait à Nantes. Il sait qu’un seul homme ne peut pas être le meilleur partout. Alors, il se fait aider. Par des gens de qualité. Comme Dury, qui a par exemple visité le laboratoire de l’AC Milan et est déjà allé à la rencontre de Louis van Gaal.

Dury se vend comme Leekens, pas comme Vercauteren

Autre caractéristique de Dury : quoi qu’il en dise, c’est un homme de médias. Il sait se vendre, un peu comme Georges Leekens. Il se fait d’ailleurs conseiller par un spécialiste en communication qui lui apprend les meilleures manières de s’exprimer face à la presse. Son ouverture dans les médias contraste avec le caractère renfermé de Vercauteren qui, lui, fuit les journalistes – même s’il a un peu évolué de ce point de vue, depuis quelques années. Et pour faire partie de ses intimes, il y a du boulot. Ce n’est pas en allant boire une dizaine de chopes avec Vercauteren qu’on devient son ami. Il déteste tout ce qui est superficiel. Comme Dury.

Plus que Dury, Vercauteren accepte de déléguer une partie de son travail. L’ancien coach d’Anderlecht raisonne toujours en termes d’équipe, l’individu n’a qu’une importance secondaire à ses yeux. Ceux qui travaillent avec lui le disent ouvert et correct. Mais aussi très exigeant. Et s’il estime nécessaire de paraître antipathique pour privilégier le collectif, il ne s’en prive pas. Peu importe si on le traite d’entraîneur distant, voire arrogant. Vercauteren n’a jamais cherché à se créer une image. Sur ce plan-là, Dury est assez différent.

La patience est un art qu’ils cultivent tous les deux. Dury n’a pas eu le choix : quand il a commencé sa carrière d’entraîneur, il n’avait pas eu un vrai parcours de joueur et savait donc que la route vers le top serait longue. Il a commencé à se faire un nom dans les séries provinciales. Et il n’a pas apprécié d’être indirectement attaqué lorsqu’il a fait monter Zulte Waregem en première division. Un dirigeant de l’Antwerp avait déclaré à l’époque que le tour final de D2 était l’événement le plus pourri et le plus corrompu de toute l’Europe occidentale, que ce mini championnat était encore moins clair que les élections en Albanie. Suite à cette interview, Zulte est donc monté et lors de la conférence de presse qui a suivi le match décisif, il a attaqué de front celui qui avait tenu ces propos.

Prêt à marcher sur des cadavres

Ce poste de T2 chez les Diables est-il une étape de plus vers le sommet pour Dury ? C’est la question que tout le monde lui a posée ces derniers jours. Il a chaque fois répondu la même chose :  » Je ne veux pas brûler les étapes. « 

C’est aussi comme ça que Vercauteren a travaillé. Après sa carrière de joueur et ses 63 matches avec les Diables Rouges, il a commencé tout en bas de l’échelle comme entraîneur : d’abord à Braine, ensuite à Malines, toujours avec des gamins. Ses débuts comme entraîneur principal, il les a faits en deuxième division. A Anderlecht, il s’est occupé des Espoirs avant de devenir adjoint de l’équipe A. Et ce n’est qu’à 48 ans qu’il est devenu T1 en D1 !

Plus que Vercauteren, Dury a toujours visé une place au top du foot belge. Et il lâche ceux qui ne sont pas décidés à le suivre. A Zulte Waregem, il s’est par exemple défait d’un manager sportif et de l’entraîneur des gardiens qui avait découvert Sammy Bossut. Certains affirment que Dury est prêt à marcher sur des cadavres pour réussir. Vercauteren est capable d’avoir des méthodes similaires. A Malines, il avait mis de côté des kinés et des entraîneurs qu’il n’appréciait pas. Il ne s’est pas fait que des amis là-bas et il y en a qui ont simplement attendu son départ pour revenir dans le club.

Dury est extrêmement ambitieux mais il fait dans la fausse modestie. Quand il déclare qu’aucun grand club n’attend Dury et que lui-même ne vise pas une place dans une très grande équipe, il n’en pense rien. Est-il capable de travailler au top ? Certains en doutent et disent qu’il a du mal à bosser avec les caractères forts. Il s’est par exemple frotté à Stefan Leleu et Tjörven De Brul. Quand il les croise aujourd’hui, il ne leur adresse plus la parole, il ne les regarde même plus. Il a la rancune tenace. Et sa cote de popularité auprès de ses joueurs n’est pas toujours exceptionnelle ! Il a longtemps combiné son travail d’entraîneur avec un job à la police : rien d’étonnant. A l’époque, son mentor était André Van Maldeghem, ancien entraîneur de Mouscron notamment et… militaire de carrière. Dury a un jour déclaré :  » Je préfère être un petit entrepreneur avec beaucoup de responsabilités que le numéro 7 d’une grande boîte. Je ne renierai jamais ma vision du football pour pouvoir travailler dans un grand club. Si on m’engage, on accepte mon concept. Je ne peux pas fonctionner correctement si je n’ai pas le contrôle sur tous les événements.  »

A peine nommé T2 des Diables, il a dit qu’il aurait refusé le poste si un seul des joueurs de Zulte Waregem avait été réticent. N’importe quoi ! Il sait très bien que quand on n’a pas de carte de visite, on a plus de chances de gravir les échelons si on entre en contact avec les bonnes personnes que si on mène Zulte Waregem à la cinquième place du classement. Aujourd’hui, il se retrouve dans une belle vitrine. Et s’il a accepté la place, ce n’est pas pour les beaux yeux de Vercauteren. Ce n’est pas pour le bien du football belge. C’est pour progresser et pouvoir mettre une belle ligne sur sa carte de visite.

par jan hauspie et christian vandenabeele

« Ce n’est pas pour les beaux yeux de Vercauteren ou pour le bien du foot belge que Dury a accepté le poste de T2 : c’est pour lui ! « 

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