» FRANCHEMENT, je ne demandais pas le Pérou… « 

Bruno Govers

Le Liégeois explique pourquoi et comment il a abouti à Bruxelles alors qu’il avait passé cinq années chez les jeunes du Standard.

Manifestement, par les temps qui courent, il fait bon d’être teenager à Anderlecht. C’est dans cette tranche d’âge précoce, en tout cas, que Vincent Kompany, Soulier d’Or frais émoulu, et Anthony Vanden Borre avaient effectué leurs débuts chez les A la saison dernière. Cette année, leur exemple a été imité par un troisième larron, en la personne de Jonathan Legear (17 ans).

Contrairement à ses jeunes devanciers en Première, qui ont suivi la filière menant en équipe Première, l’éclosion du petit dernier (174 centimètres sous la toise pour 69 kg) n’était pas programmée au Parc Astrid. Liégeois pure souche, puisque natif de Rocourt, c’est dans la Cité Ardente, et plus particulièrement au Standard, qu’il aurait dû tâter du football professionnel.

 » Après avoir fourbi mes armes à la JS Thier d’abord, puis à l’US Liège et, enfin, au RTFCL, j’avais abouti en Minimes chez les Rouches « , raconte-t-il.  » Chaque fois, j’étais monté dans la hiérarchie en raison de mon implication dans la bonne marche de mes couleurs : deux titres de champion avec la Jeunesse Sportive et un total de 50 buts réalisés dans les deux autres clubs avant mon passage à Sclessin « .

Petit, mais solidement campé sur ses jambes, Jo eut tôt fait aussi de s’illustrer par la suite au sein de l’Ecole des Jeunes du Sart-Tilman. Avec Kevin Mirallas et Sébastien Pocognoli, il faisait partie des étoiles montantes chez les Principautaires. Curieusement, aucun d’entre eux n’a fait la jonction avec la formation fanion : le premier a rejoint les rangs de Lille, le deuxième est au Racing Genk tandis que Jonathan a abouti au Sporting.

 » Après cinq années au sein des catégories d’âge, j’espérais à la fois être inclus chez les doublures et bénéficier d’une petite dringuelle de la part de la direction « , observe-t-il.  » Franchement, je ne demandais pas le Pérou : tout juste une intervention financière pour mes parents qui me conduisaient journellement aux séances de préparation du club. A trois reprises, Michel Preud’homme nous a claqué la porte au nez sous prétexte que nous étions trop gourmands. Dans ces conditions, il était absolument exclu que je reste au Standard « .

Bien en cour auprès de nombreux cercles, tant belges qu’étrangers, Jonathan Legear avait à c£ur, a priori, de poursuivre sa carrière ailleurs en Belgique. Mais en vertu du pacte de non-agression concernant les jeunes joueurs, conclu entre les membres de la Ligue Pro, le citoyen de Flémalle ne trouva plus chaussure à son pied sur notre sol. Du coup, il s’en alla à Feyenoord, où son expérience n’allait être que de très courte durée.

 » Bon nombre de clubs hors frontières s’étaient mis sur les rangs « , souligne Jonathan Legear.  » Il y avait entre autres les Anglais de Tottenham et Bolton, les Français de Lens et Lille ainsi que les Néerlandais du PSV et de Feyenoord. C’étaient les sociétaires d’Eindhoven qui avaient mes faveurs car ils étaient les plus proches du domicile parental et, par là même, il m’était loisible de faire la navette de temps à autre. Mais Feyenoord se révéla le plus prompt et j’ai tenté ma chance là-bas « .

A Feyenoord et Lens

Après 15 jours déjà, le charme était définitivement rompu : Jonathan Legear, unilingue, ne comprenait absolument rien de ce qui se disait autour de lui. Sur le terrain, il n’éprouvait pas non plus ses meilleures sensations. Du coup, il mit le cap sur Lens. Mais chez les Sang et Or, on ne voulait pas entendre parler d’un joueur désireux de retrouver le giron familial une fois par semaine. Et comme les parents de Jo n’avaient pas, non plus, la possibilité de se libérer, le dossier fut rapidement classé.

Par l’entremise de Peter Ressel, responsable de la cellule de recrutement des Mauves, Anderlecht flaira le bon coup durant cet été 2003. Puisque Legear ne trouvait pas son bonheur extra muros et qu’il était exclu qu’il poursuive sa carrière chez les Rouches, pourquoi ne pas envisager un appel du pied ? Aussitôt dit, aussitôt fait et en deux temps trois mouvements un accord fut trouvé. Au grand dam du Standard, furieux que le gentlemen’sagreement n’ait pas été respecté. Ce même Standard que le jeune Liégeois allait retrouver sur sa route au premier tour cette saison. En étant titularisé pour la première fois chez les A au Sporting.

 » Auparavant, j’avais déjà eu droit à quelques bribes de matches « , concède Jo.  » Je ne suis évidemment pas près d’oublier mes premiers pas. C’était lors du déplacement à Ostende, en septembre passé. Ce soir-là, j’avais eu la chance de signer mon premier but : une pichenette qui avait laissé Dimitri Habran pantois. Mais mon plus beau souvenir, c’est mon apparition à l’Inter Milan, lors de la rencontre de clôture en Ligue des Champions. Vivre un événement pareil à 17 ans, c’est fabuleux. A ce titre, je mesure que je suis franchement un privilégié « .

Il est vrai que le jeune homme fait tout pour entrer dans les grâces du staff technique du RSCA. A chaque entraînement, il donne le bon exemple en se dépensant toujours sans compter. Pour Hugo Broos, il constitue une véritable aubaine, dans la mesure où il est capable de se tirer d’affaire aussi bien sur l’aile droite que de l’autre côté du terrain et peu lui importe d’officier en pointe ou dans une position plus reculée.

 » Ma place de prédilection est sur le flanc droit « , précise-t-il.  » Mais je ne vais pas faire la fine bouche. A Anderlecht, les places sont très chères et, rien que sur cette portion du terrain, je dois composer avec la concurrence de joueurs beaucoup plus chevronnés que moi comme Christian Wilhelms-son ou Mbo Mpenza. Sans compter que dans un autre registre, Goran Lovre ne manque pas d’arguments non plus. C’est pourquoi, où que je joue, je ne boude jamais mon plaisir « .

Repris 18 fois sur 21 dans le groupe, à ce stade de la saison, et présent sur le terrain dans 8 rencontres, Jonathan Legear estime avoir déjà réussi au-delà de ses espérances à l’occasion de sa première saison au plus haut niveau. L’année prochaine, il n’en vise pas moins un statut de titulaire à part entière. Surtout si, en fin de campagne, la flèche blonde suédoise du Sporting émigre sous d’autres cieux.

 » J’aimerais suivre l’exemple d’ Olivier Deschacht « , affirme-t-il.  » Les dirigeants lui ont fait confiance en n’injectant pas de sang neuf dans son secteur. J’ose espérer que je bénéficierai aussi, un jour, de cette mesure et que je pourrai m’inscrire dans la durée comme lui. Je me sens bien ici et, au même titre que d’autres footballeurs au long cours, comme Walter Baseggio ou Glen De Boeck, je rêve d’un beau palmarès ainsi que de grandes soirées européennes. Le pied, pour moi, ce serait de rencontrer Manchester United en Ligue des Champions. J’aime le talent et les qualités de battant qui habitent les joueurs de cette équipe. Même si mes préférés jouent ailleurs : Thierry Henry à Arsenal et Ronaldinho au FC Barcelone. Comme tout footballeur en herbe, je m’imagine là-bas un jour. Mais je me rends fort bien compte que la route qui y mène est longue et parsemée d’embûches. Ma première étape, de toute façon, est le Sporting. C’est d’abord là que je dois faire mes preuves. Par la suite, il sera toujours temps d’aviser « .

Bruno Govers

 » Michel Preud’homme nous a claqué TROIS FOIS LA PORTE AU NEZ  »

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