Franc Français

Le défenseur central de Zulte Waregem est le buteur le plus rapide de l’histoire de la Ligue 2. Les politesses ? Pas son genre.

Zulte Waregem cochonne son début de championnat mais il y a quand même là-bas l’un ou l’autre joueur qui garde la tête hors de l’eau. Comme Rémi Maréval : 28 ans, défenseur français et un parcours pas banal. Jugez !

Il naît au nord de Paris et débute à Chantilly. Après vient Beauvais où il côtoie notamment Grégory Christ et Cédric Collet. Maréval joue en Ligue 2 avec ce club puis croit toucher son rêve : il obtient un contrat en Angleterre, à Oldham Athletic. Flop et rapide retour en France. Suivent des séjours à Ajaccio (National) et Tours (à nouveau en Ligue 2).

Chômage et abribus

L’homme a assez galéré et il est temps qu’il se pose. Un ex-grand de l’Hexagone frappe à sa porte : le FC Nantes. Là, il va signer quelques exploits persos en L2 mais aussi découvrir la Ligue 1. Ces trois années chez les Canaris avant de débarquer à Zulte Waregem – durant l’été 2010 – sont jusqu’à présent les plus intenses de sa carrière. Des preuves par l’image ? Sur youtube, tapez son nom et vous découvrirez deux de ses exploits. Contre Marseille, une patate du gauche, expédiée de 35 mètres pleine lucarne.

Et puis, il y a ce but parti de nulle part, contre Nîmes. Coup d’envoi donné par deux Nantais, passe en retrait et frappe instantanée de Maréval. Le ballon rebondit devant le gardien, prend de la vitesse à cause de l’état de la pelouse qui a été arrosée juste avant le match, puis surmonte le malheureux qui est la risée de la Beaujoire. Un goal marqué des 60 mètres après 8 secondes : c’est toujours le record du but le plus rapide de Ligue 2 aujourd’hui.  » Le mieux, c’est que je ne l’ai pas fait exprès ! Je voulais lancer un attaquant dans la profondeur, je visais le coin droit du terrain. « 

Ce séjour chez les Canaris suit un bref passage par la case chômage. Il aide le club à retrouver la première division, et là, on n’est pas loin de le considérer comme un héros. Il se retrouve placardé sur des abribus et autres bâtiments publics de Nantes, en taille XXL. Dans le cadre d’une campagne visant à attirer des abonnés. On lui colle une étiquette de symbole de la montée.  » Quand le président m’a parlé de ce projet, j’ai cru qu’il n’était pas sérieux. Comment un club avec une histoire aussi riche pouvait-il penser au petit Rémi ? Le plus fort, c’est que l’autre joueur choisi était Frédéric Da Rocha : un mythe de l’histoire du club avec plus de 400 matches. Ce n’était que du bonheur.  » Il dispute une bonne trentaine de rencontres de Ligue 1 avec Nantes, mais entre ses bonnes périodes, il y a des séjours dans l’ombre. Parce que Maréval a parfois tendance à prendre les choses à la légère quand ça va trop bien pour lui.

Punition : noyau B

Hugo Broos n’est donc pas le premier à l’avoir sanctionné pour son caractère dilettante : la saison passée, il a fait connaissance avec les joies du noyau B de Zulte Waregem, les entraînements en soirée, les matches qui comptent pour du beurre, etc. C’était en février, alors que Rémi Maréval avait jusqu’alors été irréprochable sur la pelouse. Il était considéré comme un des meilleurs backs gauches du championnat, si pas le numéro 1. Mais quand il commence à mettre un peu le bordel en compagnie de Teddy Foufou Chevalier et Ernest Prends mes Coudes Nfor (par des retards répétés notamment), Broos les expédie tous les trois en stage deux semaines avec les gamins. Aussi au passif de Maréval : une mini-bagarre avec son coéquipier Habib Habibou en plein match. Ils voulaient tous les deux tirer un penalty. Réaction de Maréval après cet incident :  » Hé ho ! Il y a un ordre de tireurs et je suis le premier. Habibou vient juste après moi, ce sont des arrangements qui ne se discutent plus. Je peux le laisser tirer quand je me sens moins bien, mais là, je rassure tout le monde : je suis en pleine forme.  »

Caractère difficile

Durant l’été 2011, la direction se tâte : faut-il conserver ou virer le Français ? Le nouveau coach tranche vite : Darije Kalezic persuade ses patrons que Maréval a trop de talent pour qu’on l’oblige à aller voir ailleurs. Il le transforme en défenseur central (et accessoirement vice-capitaine), un rôle dans lequel il est brillant depuis le mois d’août. Avant cela, pourtant, il n’avait disputé que deux matches à ce poste. Maréval sait qu’il peut le faire. Parce qu’il ne doute pas de lui :  » Vous savez que sans mon renvoi dans le noyau B et les semaines difficiles qui ont suivi, j’aurais pu obtenir un beau transfert cet été ? Finalement, j’ai perdu trois mois dans l’aventure. C’est cher payé. Tant pis, c’est le passé, mais je sais que je peux aller plus haut que Zulte Waregem.  »

Sur son caractère parfois difficile, il dit :  » Qui s’intéresse aux footballeurs anonymes ? Quand j’ai quelque chose à dire, je le fais savoir. Je sais que ça ne plaît pas à certains clubs et certains entraîneurs, mais il faudra être costaud pour me faire changer. Je vis ma vie et je ne vais que là où je crois que je vais me sentir bien. Je pouvais prolonger à Nantes mais je ne sentais plus l’ambiance qui y régnait. Au moment où Zulte Waregem m’a approché, j’attendais les résultats d’un test à Crystal Palace, mais les Anglais traînaient et j’ai moi-même refermé la porte. « 

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO: REPORTERS

 » Qui s’intéresse aux footballeurs anonymes ? Quand j’ai quelque chose à dire, je le fais savoir. « 

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