Formé à Cannes, comme Zidane

A 23 ans, le défenseur français d’origine algérienne a déjà vécu plus d’expériences que d’autres joueurs au terme de leur carrière.

S amir Beloufa, le nouveau défenseur de Mouscron, n’a pas été amené dans les bagages de Georges Leekens : il n’a jamais été international algérien, mais bien français, jusqu’en Espoirs. A 23 ans, il a déjà bien bourlingué. Un parcours étonnant qu’il nous détaille.

 » Je suis d’origine algérienne, mais je suis né en France « , explique-t-il.  » J’ai grandi à Paris jusqu’à 14 ans. Une enfance heureuse, sans problèmes. Mes parents ont toujours veillé à ce que je reçoive une bonne éducation. Je jouais à Moissy-Cramel, un club qui n’a jamais atteint les sommets au niveau de son équipe Première mais qui jouit d’une très bonne réputation pour ses équipes de jeunes. J’ai été élu au sein de la sélection de la Ligue de Paris, qui a participé à un grand tournoi qui rassemblait toutes les régions de France : Aquitaine, Méditerranée, Atlantique, Nord-Pas de Calais, etc. De nombreux recruteurs suivent ce tournoi d’un £il attentif et m’ont repéré, ce qui m’a permis de recevoir plusieurs offres de clubs professionnels afin d’intégrer un centre de formation. J’ai opté pour celui de l’AS Cannes, en raison de toute la publicité qu’on en faisait et aussi parce qu’il proposait un petit avantage pour mes parents « .

Le centre de formation de l’AS Cannes n’est pas le premier venu. En 1994 et 1995, il fut même élu meilleur centre de formation de France. C’est là que Zinedine Zidane a été formé. Il n’est pas le seul : Patrick Vieira et d’autres sont passés par là. Le club, qui évoluait encore en D1 à l’époque, a également remporté la Coupe Gambardella, c’est-à-dire la Coupe de France Espoirs.  » Comme moi, Zidane était arrivé à Cannes à 14 ans, avant de partir ensuite pour Bordeaux « , relate Beloufa.  » C’est certain que cela fait rêver, d’autant que je suis d’origine algérienne comme lui, mais la similitude s’arrête là. Nous sommes deux joueurs totalement différents et nous n’avons pas du tout suivi les mêmes trajectoires, si l’on excepte le point de départ. Personnellement, je garde un bon souvenir des trois années que j’ai vécues au centre de formation. Il y avait une bonne entente dans le groupe et tout s’est très bien passé. J’ai reçu une formation de qualité. En gros, on avait cours le matin jusqu’à 14 h 30 ou 15 h 30, puis entraînement et match le week-end. Cinq joueurs étaient appelés en équipe de France des û15 ans et cinq autres en û16 ans « .

Champion d’Italie

A 17 ans, Samir Beloufa quitte Cannes pour le Milan AC.  » J’ai été repéré grâce à mes sélections en équipe de France. J’ai suivi toute la filière, depuis les û15 ans jusqu’aux Espoirs, sans interruption. En outre, comme Cannes n’est pas situé très loin de la frontière italienne, des recruteurs transalpins venaient souvent assister aux matches. J’ai été contacté et j’ai tenté ma chance « .

Il ne s’est pas totalement imposé mais ne regrette rien.  » Ma première saison à Milan ne s’est pas trop mal passée. J’ai participé à quatre matches de championnat (contre Parme, Empoli, Atalanta et Bari) et j’ai été titularisé pour un match de Coupe d’Italie, également contre Parme. Ce sont de bons souvenirs, particulièrement le match contre Parme où j’avais été opposé à Chiesa et qui s’était terminé par un partage blanc. Durant la deuxième saison, en 98-99, j’ai par contre dû me contenter de quelques apparitions sur le banc. L’équipe tournait parfaitement, au point d’être sacrée championne d’Italie. D’une certaine manière, même si j’ai peu contribué aux résultats, je peux considérer que je faisais partie du groupe : je m’entraînais tous les jours avec le noyau A sous la direction d’ Alberto Zaccheroni. Il y avait des joueurs comme Marcel Desailly, Paolo Maldini, Demetrio Albertini, Oliver Bierhoff, Zvonomir Boban, Dejan Savicevic et George Weah, pour ne citer que ceux-là. C’était impressionnant. Pour la troisième saison, compte tenu de la concurrence, on a préféré me prêter à un club de l’étage inférieur. Ce fut Monza. Là, où j’ai joué régulièrement, mais c’était un cercle qui jouait le maintien en Série B. C’était donc moins valorisant. Mais j’ai fait mon chemin, tant pis si certaines personnes auraient préféré que j’en emprunte un autre « .

Son chemin en équipe de France s’est arrêté en Espoirs.  » Ma dernière apparition remonte au Tournoi de Toulon. J’y ai évolué aux côtés de garçons comme Peter Luccin, Stéphane Dalmat et Alain Boumsong. Pourquoi ne suis-je pas allé plus loin ? Pour différentes raisons, à mon avis. D’abord, le courant passait mal entre l’entraîneur RaymondDomenech et moi. Ensuite, le fait d’être parti en D2 italienne m’a sans douté plongé dans un relatif anonymat par rapport à d’autres joueurs, qui évoluaient déjà en D1 française et avaient davantage l’occasion de se mettre en évidence « .

Le bonheur est en Belgique

Après cette saison de location à Monza, Beloufa est automatiquement revenu au Milan AC. Mais sans beaucoup de perspectives. Il a participé à la préparation, a refait quelques apparitions sur le banc, puis a décidé de se relancer en Belgique, au GBA.  » Un fameux pas en arrière, diront certains. Je ne considère pas les choses de cette manière. Mon manager m’avait conseillé de revenir en France, où je pourrais davantage me mettre en évidence. Cela ne s’est pas concrétisé dans l’Hexagone, et comme il avait de bons contacts en Belgique, j’ai abouti à Anvers. Il m’a assuré que, comme ce n’était pas très loin, les recruteurs viendraient plus facilement me voir qu’en D2 italienne. Cela s’est avéré exact. Je suis resté un an et demi et je n’ai jamais regretté ce passage dans la Métropole. Ni au niveau du football, ni au niveau familial. J’ai en effet rencontré en Belgique celle qui allait devenir ma femme, une Flamande. Sur le plan sportif également, cela s’est très bien passé. Que ce soit avec Franky Van der Elst, avec le groupe ou avec les supporters. Ce n’est pas du tout dégradant, à mes yeux, de porter le maillot du GBA après avoir porté celui du Milan AC. De toute façon, je ne suis pas un homme à regarder derrière moi. L’Italie, c’était bien. La Belgique, c’est bien aussi. J’ai appris à aimer ce pays « .

Après 18 mois au GBA, Samir Beloufa a attiré l’attention des recruteurs français et plus précisément de Bastia. Mais cela s’est mal passé sur l’Ile de Beauté.  » Je n’ai disputé qu’un match en raison d’une blessure aux adducteurs que je m’étais occasionnée en octobre, à l’entraînement. C’est surtout la guérison qui a pris du temps. En principe, si la blessure avait été mieux soignée, j’aurais perdu moins de temps. Mais on me conseillait sans cesse d’attendre, et lorsque je suis revenu, j’ai rechuté. En fin de compte, on m’a envoyé chez un spécialiste à Marseille, où après quelques manipulations, j’ai été remis sur pied. Si l’on avait pris cette décision plus tôt, j’aurais guéri plus rapidement. Ce fut une saison très difficile pour moi, et après cette année noire, les clubs français n’étaient plus très chauds pour m’engager. Les recruteurs consultaient mes statistiques de la saison et mon manager était bien obligé de répondre : – Il n’a pratiquement pas joué, il était blessé ! Je n’intéressais plus personne dans l’Hexagone. Je me suis donc tourné, à nouveau, vers la Belgique. Sans amertume, car je le répète : j’aime ce pays « .

L’avenir, c’est Mouscron

 » Pourquoi Mouscron ? La personne qui s’est occupée de moi en Belgique avait de bonnes relations avec l’Excel et la transaction s’est effectuée rapidement. L’examen médical que j’ai subi a rassuré tout le monde sur l’évolution de ma blessure : je ne rechuterai pas, du moins je l’espère. Je suis confiant : ma blessure date tout de même d’octobre 2002, il y a presque un an. Pour l’instant, tout va bien. Je suis heureux d’avoir opté pour ce club, dont les infrastructures n’ont rien à envier à celles des clubs français. Coïncidence : c’est contre l’Excel que j’avais disputé mon premier match avec le GBA, juste avant la trêve hivernale, en décembre 2000. Cette équipe m’avait impressionné : à l’époque, la paire d’attaquants était constituée de Marcin Zewlakow et Nenad Jestrovic. Mouscron reste une bonne équipe et ce n’est pas le classement un peu plus décevant de la saison dernière qui me fera changer d’avis. Je crois l’Excel capable de réaliser une très bonne saison. Pour cela, on aura besoin de tout le monde, car ce n’est pas une hirondelle qui fera le printemps. Je me sens déjà à l’aise dans ce club et j’espère pouvoir lui apporter beaucoup « .

Daniel Devos

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