Footballeurs : la grande enquête

Le réseau social Zamante a organisé une enquête à grande échelle auprès des joueurs de toutes les divisions du football belge. Sport/Foot Magazine a été le premier à pouvoir en consulter les réponses. Passage en revue, avec des résultats parfois surprenants.

Zamante a effectué son enquête en ligne auprès de 945 footballeurs, de la mi-août à la mi-septembre. Le nombre de réponses obtenues permet de qualifier ce sondage d’enquête à grande échelle. La plupart des personnes (61,6 %) ont entre vingt et trente ans mais l’aspect le plus significatif de l’enquête est qu’elle a été menée dans toutes les séries du football belge, de la Division Un à la Quatrième Provinciale. Cerise sur le gâteau, l’ensemble des acteurs est bien respecté : 12,4 % de gardiens, 29,3 % de défenseurs, 34,9 % de médians et 23,4 % d’attaquants. Les enquêteurs ont veillé à ce que les footballeurs de toutes les provinces du pays soient interrogés. La plupart des sondés évoluent en provinciales (82,5 %), seuls 3 % jouent en Division Un.

Près de 60 % des joueurs constituent des valeurs sûres de leur formation : 38,2 % d’entre eux sont titulaires et 21,3 % sont souvent dans le onze de base. En outre, 63,8 % des joueurs se produisent depuis plus de quatre ans dans une équipe-fanion. En résumé, un nombre assez restreint de jeunes, d’espoirs, de réserves et de doublures a rempli le questionnaire.

Cette enquête est donc très représentative de ce qui se passe sur les terrains belges, en particulier dans les compétitions provinciales. Ses résultats ne sont donc pas négligeables.

Les distances

L’enquête révèle que la plupart des footballeurs habitent non loin de leur club : 77 % d’entre eux résident à moins de 15 kilomètres. Près de la moitié (44,6 %) des footballeurs néerlandophones ne doit même pas couvrir plus de 5 kilomètres. Côté francophone, la distance semble constituer un facteur moins important : si 25,5 % des joueurs habitent à moins de 5 kilomètres, 16 % parcourent plus de 30 kilomètres pour rejoindre leur club.

Autre constat : les joueurs de provinciales vivent généralement plus près de leur club que leurs collègues des nationales. La majorité des footballeurs (81,7 %) signale également ne pas vouloir rouler plus d’une demi-heure pour rejoindre son club. Cependant, près de la moitié des joueurs de nationales (46,6 %) est disposée à effectuer un trajet supérieur à une demi-heure alors que seuls 12,3 % des joueurs de provinciales y sont prêts.

Le niveau

Un tiers des néerlandophones (33,1 %) porte toujours le maillot du club au sein duquel il a été formé, contre un sur sept (15,1 %) côté francophone. L’enquête demande aussi aux intéressés s’ils estiment évoluer à leur niveau. Près d’un tiers des footballeurs (32,5 %) pense qu’il peut certainement briguer un niveau supérieur. Pour beaucoup d’entre eux (34 %), c’est d’ailleurs l’objectif majeur de leur carrière : se produire au niveau le plus élevé possible. Cette ambition est plus prononcée en séries nationales (56,6 %) qu’en provinciales (29,1 %). Quelque 20 % des joueurs admettent également que leur objectif se situe plutôt au niveau de… la troisième mi-temps, avec une différence linguistique : les francophones ne sont que 11,3 % à attacher de l’importance au fameux verre d’après-match.

L’argent n’est-il donc pas source de motivation ? Vous le pensez certainement, en cette période de crise économique. Étonnamment,  » gagner de l’argent  » ne figure qu’en quatrième position des objectifs majeurs des joueurs, après le prestige, la troisième mi-temps et le désir de rester en bonne condition. Une autre question met en exergue cet intérêt faible pour l’argent : joueriez-vous encore au football si cela ne vous rapportait plus d’argent ? Une majorité écrasante de 96 % répond que oui.

Les transferts

Avez-vous reçu une offre d’un autre club la saison passée ? 63,6 % des personnes interrogées répondent par l’affirmative et quelque 40 % des joueurs ont même été convoités par plusieurs clubs. Un footballeur sur quatre a accepté.

Les motifs qui ont poussé un joueur à refuser une offre divergent selon les communautés : 21,5 % des francophones jugeaient le contrat proposé trop bas (contre seulement 8,6 % des Flamands) alors que 20,5 % des néerlandophones n’ont tout simplement pas négocié avec ce club. Les deux groupes linguistiques se retrouvent sur un point : ils ne quittent leur club que si ça leur permet d’améliorer leur situation financière. Plus de la moitié des sondés (54,3 %) signale jouer pour le même club depuis plus de deux saisons.

Les enquêteurs ont demandé aux joueurs ce qu’ils jugeaient important dans un club. Les footballeurs des séries nationales et provinciales ont placé les mêmes aspects en tête de liste : l’état du terrain principal, la qualité des entraînements et la compétence de l’entraîneur.

Les indemnités

Près d’un tiers des sondés (29 %) affirme ne pas gagner d’argent grâce au football. Le pourcentage des footballeurs francophones ne gagnant rien du tout est plus élevé (40,6 %) que celui des néerlandophones (27,5 %). Quelque 60 % gagnent autant ou plus que la saison passée, un sur dix doit se contenter d’une somme moindre.

Un footballeur sur quatre (26,5 %) déclare percevoir un montant mensuel fixe, mais les francophones sont nettement plus nombreux dans ce cas : 42,9 %. Il semble qu’ils touchent nettement moins de primes que les footballeurs flamands : 92,9 % d’entre eux perçoivent une prime de victoire (contre 74,6 % des francophones) et 77 % en obtiennent également en cas de match nul (61,9 % des francophones). Même un revers peut rapporter puisqu’un footballeur sur quatre (27,4 %) affirme recevoir une prime de défaite ! Les autres modes de rémunération sont les frais de déplacement (23,2 %), l’indemnité d’entraînement (11,5 %) et la prime à la signature (10,9 %).

La plupart des footballeurs ne s’enrichissent pas grâce à leur sport puisque 70 % d’entre eux ne gagnent pas plus de 500 euros par mois et que 22 % d’entre eux perçoivent même moins de 100 euros. Seulement 10 % des joueurs figurent parmi les nantis qui touchent plus de 1.000 euros par mois. On les trouve essentiellement dans les divisions nationales. À ce niveau, 33,9 % (un sur trois) perçoivent plus de 1.000 euros contre seulement 8 % dans les séries inférieures.

On rencontre en provinciales le même phénomène qu’en Division Un : les retards de paiement. 58 % des joueurs déclarent avoir été toujours payés à heure et à temps la saison passée mais les francophones sont nettement moins gâtés : ils ne sont que 31,7 % dans ce cas. En moyenne, un joueur sur cinq (21,8 %) reçoit son dû  » généralement à temps, parfois en retard « , un sur douze (7,8 %) le reçoit  » parfois à temps, généralement en retard  » et un sur dix (10,4 %) le touche  » toujours en retard « . Dans cette dernière catégorie, les francophones sont aussi plus touchés (19 %). Ces chiffres sont tout sauf réjouissants et c’est encore pire quand on approfondit la problématique. On réalise alors qu’un footballeur sur quatre (27 %) n’a jamais perçu son dû et parmi ceux qui l’ont obtenu en retard, un tiers (32,6 %) signale avoir dû attendre son indemnité plus d’un mois.

La falsification des matches

L’enquête pose également des questions concrètes sur la falsification des matches. Il s’agit de primes d’encouragement, données ou reçues, pour perdre une rencontre. On parle donc de corruption ou, pour employer un terme à la mode, de matchfixing. Les résultats sont choquants : un sixième des sondés (137 joueurs sur 945) reconnaît avoir déjà été confronté à la corruption ou à la falsification de résultats. Le pourcentage est plus élevé en provinciales (15,4 %) qu’en nationales (10,2 %).

Parmi les footballeurs approchés pour truquer un match, un sur quatre a accepté. 32 joueurs (23,4 %) signalent que l’ensemble de l’équipe a été concerné et a accepté. Six joueurs (4,4 %) prétendent avoir été approchés individuellement et n’avoir pas dit non.

34,5 % des sondés connaissent des joueurs ou des entraîneurs qui ont déjà été approchés pour falsifier des rencontres, soit plus d’un tiers des joueurs.

PAR STEVE VAN HERPE

96 % des répondants joueraient même s’ils ne gagnaient pas d’argent.

64 % des joueurs ont reçu une offre d’un autre club la saison dernière.

35 % admettent connaître des joueurs ou des entraîneurs qui ont été approchés pour falsifier un match.

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