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Football, foule et feu

En 2009-2010, Saint-Trond, promu, n’a pas tremblé pour son maintien: il s’est même invité à la première édition des play-offs 1.

Cette saison, le STVV a dû patienter jusqu’à deux journées de la fin avant d’assurer son maintien, sur le terrain de Waasland-Beveren.

Il y a douze ans, champion de D2, il est remonté dans une D1 ramenée à seize clubs au lieu de 18. Il a entamé l’exercice 2009-2010 avec le plus petit noyau de la série: à peine 21 joueurs, dont cinq étrangers. Son ambition se limitait à la quatorzième place, synonyme de maintien. Un objectif raisonnable dans la mesure où le budget est souvent un facteur déterminant. Cette saison-là, seul Courtrai avait encore moins de moyens: quatre millions, contre 4,7 millions pour les Canaris.

Le président et propriétaire du STVV, Roland Duchâtelet, s’attelait à la rénovation du Stayen. L’année précédente, il avait acheté les terrains pour 550.000 euros et s’apprêtait à rénover la vieille tribune principale, après avoir aménagé les deux autres. Il n’y avait pas encore de pelouse synthétique, ce qui avait permis à l’entraîneur, Guido Brepoels, de surgir dans le vestiaire une motte de gazon en main pour motiver ses joueurs avant un match: « C’est notre terre. Nous nous battons pour elle. »

Duchâtelet n’a pas dépensé d’argent en joueurs. Il l’a consacré aux briques. Un choix judicieux, car le STVV avait déjà une équipe bien rodée, complétée par Nils Schouterden, arrivé d’OHL le dernier jour du mercato, l’attaquant Hervé Onana de Waasland-Beveren, Alex de Silva du KRC Genk et Denis Odoi d’OHL. Dans le match au sommet de février, contre La Gantoise, Saint-Trond titularise même huit joueurs issus de D2.

Sur le terrain, le STVV peut compter sur un excellent gardien, Simon Mignolet, âgé de 21 ans, sur l’expérimenté arrière suisse Mario Cantaluppi, le meneur Cephas Chimedza et l’avant-centre Ibrahima Sidibé, qui ne tenait pas sur ses jambes deux saisons plus tôt, mais qui devient un des maîtres-atouts des Canaris. « Un attaquant doté du sens du but fait la différence entre la lutte pour le maintien et la qualification pour les play-offs », analyse alors Gert Verheyen. Le club bénéficie des buts marqués à des moments cruciaux par son avant sénégalais (treize), mais aussi du talent de son portier, sans oublier l’entraîneur, un maître ès motivation, qui touche la corde sensible de chaque joueur, tout en développant un football offensif et enthousiaste. Le capitaine, Peter Delorge, un des nombreux joueurs de la région, dépeint Brepoels, qui en est à son premier mandat parmi l’élite, en ces termes: « Il est peut-être l’entraîneur le plus approprié qu’ait jamais eu Saint-Trond. Brepoels est au STVV ce que Jan Ceulemans est à Westerlo: un formidable motivateur, qui dispense des séances longues et astreignantes. » Cette saison-là, le Stayen accueille une moyenne de 9.000 personnes par match. Le slogan « football, foule et feu » prend tout son sens.

Le résultat? Après huit journées, le STVV est l’étonnant leader du classement, pour la première fois depuis l’époque de Raymond Goethals. À la trêve hivernale, il a presque gagné les 34 points qu’il espérait obtenir sur l’ensemble du championnat régulier. « Je pense pouvoir affirmer que nous sommes sauvés », déclare donc Brepoels.

À la mi-mars, les Trudonnaires figurent toujours parmi les candidats aux PO1. « Son entraîneur ne doit jamais se demander, avant un match, qui il va bien pouvoir aligner », commente le journaliste radio Filip Joos. « Brepoels peut toujours sélectionner les onze mêmes joueurs, mais si Sidibé ou Chimedza sont indisponibles, c’est la catastrophe. » Les Limbourgeois terminent finalement cinquièmes au terme du championnat régulier.

La réforme du championnat et l’introduction des play-offs sont destinées à offrir dix affiches aux meilleures équipes, mais Genk et le Standard ont failli et doivent se contenter des PO2. Les trois grands, Anderlecht, le Club Bruges et La Gantoise, affrontent donc trois « petits »: Courtrai, Saint-Trond et Zulte Waregem.

Le STVV donne tout et achève ces premiers PO1 en quatrième position. Dans sa double confrontation avec le lauréat des PO2, Genk, il est vanné et baisse les bras, permettant à son rival d’arracher l’ultime billet européen. L’année suivante, Saint-Trond, qui a perdu Mignolet et Chimedza, terminera douzième.

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