FOOTBALL ET FASCISME

 » Cela ressemble à un jeu mais derrière le football se cachent la corruption et la subversion dont se sont rendus coupables les trois dictateurs les plus puissants de l’histoire du 20e siècle…  » C’est par cette introduction qu’a débuté un documentaire appelé Football et fascisme, diffusé la semaine dernière sur la RTBF.

La première Coupe du Monde, organisée en 1930, était une compétition entre nations amies. Elle renforçait les identités nationales mais les rendaient facilement manipulables et les dictateurs fascistes eurent tôt fait de transformer l’épreuve en champ de bataille idéologique. Benito Mussolini n’aime pas le football mais, en 1934, il prend le contrôle de l’organisation dans son pays de la Coupe du Monde. Il fait ainsi concevoir une Coppa del Duce six fois plus grande que le trophée officiel. Pour que l’Italie gagne, il n’hésite pas à faire nommer le même arbitre pour la demi-finale que pour la finale, le jeune Suédois Eklind, qu’il invite à dîner la veille du match contre l’Autriche et reçoit dans sa loge à quelques minutes de la rencontre face à la Tchécoslovaquie.

Quatre ans plus tard, AdolfHitler, qui n’a pas supporté de voir l’Afro-Américain Jesse Owens remporter le 100 mètres et l’Allemagne battue par la Norvège en finale des Jeux de Berlin, décide d’annexer l’Autriche et de recruter de force ses meilleurs joueurs. Un dernier match amical entre les deux pays est organisé et Matthias Sindelaar renie la consigne de ne pas marquer. Pire : il va narguer les officiels nazis. Quelques mois plus tard, on le retrouve empoisonné aux côtés de sa fiancée. Crime ou suicide ? L’affaire est maquillée en accident afin qu’il puisse avoir droit à des funérailles nationales. Ce qui est certain, c’est que son nom figurait dans les dossiers de la Gestapo car il était d’origine tchécoslovaque et pro juif.

Deux mois plus tard, l’Angleterre l’emporte 3-6 à Berlin. Une défaite qui n’affecte pas Hitler car il était normal de perdre face aux Anglais, qui avaient accepté de faire le salut nazi et légitimaient ainsi le régime fasciste.

L’Espagne, en pleine guerre civile, ne pense pas encore au football. Mais après la Deuxième Guerre mondiale, Franco se retrouve seul face à un monde qui lui fait payer le soutien reçu de Mussolini et Hitler dans sa lutte contre les Républicains. Il choisit alors le Real Madrid pour symbole et s’assure que les matches soient retransmis en direct pour empêcher les gens de descendre dans la rue lorsqu’il doit prendre des décisions douloureuses. Cela n’empêche pas Barcelone de tout gagner, jusqu’au transfert d’ Alfredo Di Stefano. A l’origine, l’Argentin devait aussi rejoindre le Barça mais le président de ce club, un industriel, a été arrêté et on lui a fait comprendre qu’il aurait de gros problèmes si Di Stefano n’allait pas au Real. Ce transfert permit au cercle madrilène de remporter cinq Coupes des Champions et de redorer le blason de l’Espagne au niveau européen.

En pleine guerre froide, Franco accueillit aussi des réfugiés des pays de l’Est, comme Ferenc Puskas. Mais il craignait tellement l’URSS qu’en 1960, il retira son équipe du Championnat d’Europe. Quatre ans plus tard, il n’avait cependant plus le choix : l’Espagne organisait l’épreuve et devait à nouveau affronter les Soviets en finale (victoire 2-1). Mais en 1975, 38 jours après la mort du dictateur, Barcelone battait le Real (2-1) en championnat : jamais une victoire n’avait été célébrée avec autant d’enthousiasme. (P. Sintzen)

P.Sintzen

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