FOOT EN PRISON: 400 PRATIQUANTS

L’UB s’est engagée à soutenir un projet sur trois ans.

Le coup d’envoi du projet Football dans les établissements pénitentiaires a été donné le 4 septembre. Faire pratiquer le foot aux détenus, c’est un dada de Michel Sablon. Il avait lancé l’idée en 1996, puis le projet avait un peu été mis en veilleuse pour deux raisons: en pleine tempête Dutroux, le milieu du football tiquait en voyant que la fédération s’impliquait activement dans une initiative pareille; et Sablon quitta provisoirement l’UB pour organiser l’EURO 2000.

Aujourd’hui, on parle déjà moins de Dutroux et Sablon est rentré à Bruxelles. On pouvait donc repartir. En collaboration avec le ministère de la Justice, l’Union Belge soutient un projet étalé sur trois ans. La fédé met le matériel (équipements, ballons, cônes…) à la disposition des prisons et paye les déplacements des entraîneurs. Ceux-ci sont (modestement) rémunérés par les établissements pénitentiaires. Près de 20 prisons participent au projet, ce qui représente environ 400 pratiquants.

Coach des détenus de Nivelles, Jamioulx, Andenne et Ittre, Pierre Bodenghien ne regrette qu’une chose: le manque d’intérêt des patrons de l’une ou l’autre prison qui avaient pourtant promis de soutenir l’initiative. Pour le reste, les premiers objectifs ont déjà été atteints: rendre certaines valeurs aux détenus (esprit de groupe, respect de soi-même, de l’autre et d’horaires d’entraînement, sens de l’effort, identification à des couleurs). Des matches entre prisons étaient au programme, mais dans la pratique, ils sont difficiles à organiser. « On ne peut pas justifier l’appel à des forces de l’ordre pour transporter des détenus alors qu’on est en pleine période d’économies », explique Pierre Bodenghien.

Permettre aux prisonniers de taper dans la balle, c’est aussi leur donner des chances de réinsertion. Il existe un cas exemplaire: Emile Mokulu trouva refuge à Action 21, en foot en salle, dès sa sortie de Jamioulx. Des anciens joueurs, il y en a un paquet derrière les barreaux. « Je n’ai pas assez de mes deux mains pour compter, à Jamioulx, les gars que j’ai dirigés dans les équipes de jeunes du Sporting de Charleroi », lance Pierre Bodenghien. « J’y ai même retrouvé un ancien délégué d’équipe. Quand ils me voient à la prison, ils me tiennent tous plus ou moins le même discours: -C’est la vie, coach. On a joué, on a perdu. C’est pour ça qu’on est ici« ! (P. Danvoye)

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