Flushing Belgians II

La suite de l’agenda de notre contingent avec l’apothéose pour Kim Clijsters : c’est la semaine la plus fantastique de sa carrière.

Dimanche 4 septembre : Olivier face à Rodger

A l’instant où elle va entamer son huitième de finale contre Maria Vento, 72e joueuse mondiale, on sait que la forme que tient Kim Clijsters depuis le début de l’été devrait lui permettre de se qualifier sans problème face à une fille qui frappe fort mais dont l’arsenal de coups ne comporte pas d’arme susceptible d’inquiéter la Limbourgeoise.

Clijsters fait cavalier seul : 6-1, 6-0 en 43 minutes. Un match qui fait tache en comparaison aux 243 minutes utilisées, dans le même temps, par l’Italien Davide Sanguinetti pour battre le Thaïlandais Paradorn Srichaphan et accéder aux huitièmes. Clijsters s’épanche sur le duel à venir en quarts face à Venus Williams :  » Il faut jouer de manière agressive du premier au dernier point. C’est la seule manière de la voir commettre quelques fautes et perdre confiance. Ce sera du 50-50. Ma dernière victoire contre elle en finale à Stanford fait du bien mais elle est capable de produire des coups gagnants des quatre coins du court « .

Opposé au troisième tour au n°1 mondial Roger Federer, Olivier Rochus sait qu’il va devoir rester sur le court plus longtemps que Clijsters. Nerveux en début de match, il se libère très vite en réussissant l’un des plus beaux points du tournoi : une volée entre les jambes qui s’achève en lob ! Battu en trois sets (6-3, 7-6 (6), 6-2), l’Auvelaisien quitte l’arène avec le sentiment d’avoir livré un très grand match. Il a fait davantage que titiller le meilleur joueur du monde tout au long du deuxième set et nul ne sait ce qu’il serait advenu s’il n’avait commis une double faute à 5 points à 3 en sa faveur dans le tie-break. A cet instant du match, Federer doutait.  » Le pire c’est qu’avant de servir ma deuxième balle, j’ai pensé à la double faute ! « , dira-t-il après coup.  » C’est la seule fois de la rencontre où j’ai eu peur d’en faire une et c’est justement à ce moment-là qu’elle vient « . Parce qu’il connaît bien Federer pour avoir joué à ses côtés en double lorsqu’ils étaient Juniors, Rochus sait toutefois que le chemin vers la victoire aurait été très long même en cas d’égalisation à un set partout :  » Il n’aurait pas lâché si facilement. Mais je suis satisfait de moi. L’ambiance sur ce central gigantesque est impressionnante. Quand 23.000 personnes se mettent à crier ensemble, cela fait beaucoup de bruit !  »

Lundi 5 septembre : Xavier et Justine sortent

Le match de la journée n’est autre que celui devant opposer Xavier Malisse à Andre Agassi. Dix ans séparent les deux joueurs mais c’est le plus vieux, classé 7e mondial (le Belge est 54e), qui finira par s’imposer au terme de cinq sets haletants : 6-3, 6-4, 6-7 (5), 4-6, 6-2 en 2 h 55. Agassi a été à deux points de la victoire dans le tie-break avant de voir Malisse revenir en force dans un match qu’il semblait avoir perdu. Sa prestation dans le quatrième set fut en tout point remarquable.

 » Je me sentais très bien à l’entame du cinquième set « , dira le Courtraisien.  » Comment est-il arrivé à revenir dans le coup à 35 ans ? Je ne sais pas trop. Il faut pour cela beaucoup de travail et de passion pour le tennis. Il est incroyable et mérite beaucoup de respect « .

Malisse ne se reprochait pas grand-chose à l’issue d’un match qu’il aurait pu aborder de manière plus agressive plus tôt :  » Je ne lui ai pas donné le match, c’est lui qui est allé le chercher !  »

Opposée à Mary Pierce, 12e joueuse mondiale, Justine Henin sait que le match sera autrement plus difficile qu’en finale à Roland Garros où elle avait été impitoyable envers la Française. On ne tarde pas à constater que la puissance de Pierce, 30 ans et une envie de jouer complètement retrouvée après des années de misère, fait des ravages. Après 19 minutes, elle mène déjà 5-0 ! Henin attend 24 minutes pour remporter son premier jeu. Elle revient à 5-3 mais ne peut empêcher sa rivale d’empocher le premier set (6-3). Lorsque démarre le deuxième, la néo-Monégasque a le dos au mur. C’est, en général, dans ces instants qu’elle produit son meilleur tennis. Ce ne sera toutefois pas le cas cette fois-ci. Nerveuse, elle commet beaucoup de fautes et son service est une catastrophe. Après 1 h 36, elle est battue 6-3, 6-4 et quitte le court la tête basse et les idées noires. C’est surtout mentalement qu’elle a failli et on comprend alors que depuis Roland Garros, quelque chose ne tourne plus rond chez elle.

 » Mary a réussi à me mettre beaucoup de pression dès le début du match « , vient-elle expliquer après-coup, au bord des sanglots.  » J’ai juste envie de rentrer chez moi, à Monaco, pour réfléchir à tout ça « . La championne olympique revient ensuite sur sa blessure aux ischio-jambiers.  » Je vais devoir prendre une décision dans les jours à venir mais une chose est sûre : je ne remonterai pas sur un court avant d’être totalement guérie. Il faut essayer de rebondir mais je ne vois pas l’avenir de manière fort optimiste pour l’instant. Bien que ce n’est pas parce que j’ai perdu qu’il faut oublier tout ce que j’ai gagné jusqu’ici. Revenir comme je l’ai fait après ma maladie, il n’y a pas beaucoup de joueuses qui savent le faire « .

Mardi 6 septembre : Kim à la force du poignet

Clijsters qui affronte Venus, 10e à la WTA, c’est bien sûr LE match que tout le monde attend à New York. Certains parmi les commentateurs américains n’hésitent d’ailleurs pas à présenter l’affrontement comme la finale avant la lettre. Il se transforme en véritable combat de boxe entre deux joueuses frappant le plomb. Mais à ce petit jeu-là, c’est l’Américaine qui est la plus forte. Elle mène 6-4 et 3-1 face à une joueuse trop nerveuse pour être à la hauteur. Mais contre toute attente, la vainqueur de Wimbledon se met elle aussi à commettre beaucoup de fautes. Clijsters finit par revenir et mener 5-4. Servant pour le set, elle n’arrive pas à égaliser et l’on croit alors qu’elle va s’écrouler. Mais la Limbourgeoise tient bon. Elle se défend sur chaque balle et finit par remporter le deuxième set (7-5). Lorsque s’engage la troisième manche, sa condition physique fait la différence : 4-6, 7-5, 6-1 en 2 h 05.

 » Je n’ai pas pensé au score, juste à me défendre sur chaque balle « , raconte-t-elle plus tard, très calme malgré l’importance du résultat qu’elle vient de réaliser (c’est la première fois qu’elle bat une Williams en Grand Chelem).  » Je n’ai pas affiché mon niveau du troisième set durant les deux premiers mais du moment qu’on sort du terrain dans la peau de la vainqueur, c’est l’essentiel. Mes deux victoires au Masters sont plus importantes en terme de palmarès mais je reviens de loin après mon opération au poignet. Cette victoire est la plus belle de ma carrière.  »

Vendredi 9 septembre : Sharapova est physiquement détruite

Maria Sharapova est n°2 mondiale mais est assurée de redevenir la n°1 après l’US Open. Pourtant, force est de constater que Clijsters, avec l’incroyable été américain qu’elle vient de disputer, part avec les faveurs des pronostics pour les demi-finales. Surtout, elle n’a jamais perdu contre la Russe en trois confrontations, la dernière en date lors de la finale à Miami, une finale qui s’était disputée par un fort vent et sur la même surface que celle utilisée à New York. Le match s’engage mal pour Sharapova qui commet beaucoup de fautes et son service laisse à désirer. Elle ne gagnera aucun de ses jeux de service pendant le premier set qu’elle perd par 6-2.

La deuxième manche est plus équilibrée. Toutefois, la condition physique de la Limbourgeoise semble l’emporter lorsque l’échange se prolonge. Jusqu’à 6 jeux à 5 pour Clijsters, Sharapova écartera quatre balles de break, son adversaire une. Mais le meilleur est à venir : à 6-5 pour Clijsters, Sharapova repousse cinq balles de match sur son service ! La manière dont elle y parvient, en osant des coups incroyables, prouve qu’elle n’est pas paralysée par la peur. Elle finira par remporter le tie-break : 7-4. On croit alors que Clijsters s’effondrerait mentalement. C’est tout le contraire qui se produit. S’appuyant sur son physique exceptionnel, la leader belge remporte le troisième set : 6-3. Elle est en finale !  » Quand j’ai perdu le deuxième set, je savais que physiquement, je n’avais aucun souci à me faire « , avouera-t-elle plus tard.  » Sharapova est rentrée aux vestiaires et cela m’a permis de réfléchir à ce qui venait d’arriver. J’allais continuer à me battre. Si elle voulait gagner le match, elle devrait jouer comme elle l’a fait sur la fin du set. Quant aux balles de match, je n’avais pas le sentiment d’avoir commis des fautes stupides « .

Clijsters évoque alors la lenteur du jeu de Pierce, son adversaire en finale classée 12e joueuse mondiale :  » Elle est lente, je le sais, mais cela ne me pose pas de problèmes « .

La joueuse de Bree mène par deux victoires à zéro contre la Française. Le dernier affrontement remonte au tournoi en salle de Paris, en 2004. Clijsters s’était imposée 6-2, 6-1.

Samedi 10 septembre : phénoménale Kim

Le court Arthur Ashe est comble. 23.000 personnes assistent en soirée à la finale entre une fille qui espère remporter son premier Grand Chelem et une autre qui, à 30 ans, joue le meilleur tennis de sa carrière. Le duel tourne court : 6-3, 6-1 après 65 minutes. Pierce a abordé le match de manière agressive mais elle n’a pu tenir la distance face à une joueuse qui présente la meilleure défense du circuit. Trop de fautes, trop de nervosité, trop de précipitation : la vieille Mary a tout raté dans sa finale. Après sa déroute à Roland Garros contre une autre Belge, la déconvenue est très dure pour elle.

Pour Clijsters, l’heure était au bonheur. Purement et simplement.  » Je ne sais plus ce que j’ai ressenti après la victoire, ni ce que j’ai fait après la balle de match ! « , vient-elle déclarer après coup, le visage radieux.  » Quand j’ai vu les gens de ma famille dans la tribune, j’ai eu envie de les embrasser « .

La Limbourgeoise fut bien sûr interrogée sur ses précédents rendez-vous manqués :  » Peut-être n’était-ce pas mon heure. Vous savez, ce sont surtout les médias qui ont fait une grande affaire autour du fait que je n’avais toujours pas gagné un Grand Chelem parce que pour moi, ce n’était pas important. Mes quatre défaites en finale, mais aussi mon revers en demi-finales contre Serena à l’Open d’Australie en 2003, lorsque j’avais eu deux balles de match ont continué à me motiver. S’il fallait chercher une différence par rapport aux autres finales, je dirais que j’ai senti cette fois que je bougeais très bien sur le court. Je suis heureuse, mais ce titre ne va pas changer mon comportement sur les courts. A Luxembourg, mon prochain tournoi, je continuerai à faire ce que j’ai toujours fait : me donner à 100 % « .

A l’heure où elle quittera la Grosse Pomme, Clijsters était assurée de devenir troisième mondiale au nouveau classement. En février de cette année, lors de son retour au tournoi d’Anvers, elle figurait au 134e rang.

Florent Etienne

GRANDE FAVORITE suite à ses trois tournois remportés durant l’été, la Limbourgeoise réussit sa quête d’un Grand Chelem

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