» Florian Albert, inoubliable artiste hongrois « 

Pierre Bilic

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

 » J’ai eu l’honneur de jouer une fois contre Florian Albert, une légende du football hongrois, récemment emporté par des problèmes cardiaques à 70 ans. En 1972, à Sclessin, les Diables Rouges ont pris la mesure des Magyars (2-1) pour la troisième place de l’Euro organisé chez nous. Ballon d’Or européen en 1967 (devant Bobby Charlton, Jimmy Johnston, Franz Beckenbauer et Eusebio !), Albert avait été une des stars du Mondial 66. Attaquant à la technique raffinée, il a joué de 1958 à 1974 pour Ferencvaros dont le stade porte son nom. Ce club était connu pour ses sympathies anti-communistes alors que la Hongrie vivait de l’autre côté du Rideau de Fer. Avec le temps, une partie du public de Ferencvaros dériva vers le fascisme et l’anti-sémitisme ; cela peinait Albert.

Sa mort m’a rappelé tant d’artistes hongrois que j’ai connus à Anderlecht. Les premiers ont débarqué après l’écrasement dans le sang de la Révolution hongroise par les chars du Pacte de Varsovie en 1956. Miklos Dacsev, Sandor Karsay et Jozsef Wolbling sont arrivés au Parc Astrid après être passés par d’autres pays et clubs. Dacsev était un bon arrière central qui céda sa place à Laurent Verbiest. Je me souviens bien de lui car il me prodigua pas mal de bons conseils lors de mes débuts en D1. Karsay était un milieu de terrain discret qui ne joua d’ailleurs qu’un match en D1. Dacsev et Karsay ont vécu un événement historique car ce sont les premiers joueurs étrangers sacrés champions de Belgique avec Anderlecht en 1961-62.

Wolbling était plus connu qu’eux. Après avoir opté pour la liberté, cet attaquant évolua à Carcassonne, à Anderlecht (1958-1961), à Alost, à Pétange, au FC Malinois et au Racing Hoeilaert. Il était moins réservé que Karsay et Wolbling. Il a eu plusieurs cafés et évoquait parfois son évasion de la Hongrie communiste : c’était terrible… En 1962, ce fut au tour du gardien Arpad Fazekas de nous rejoindre. Ce ne fut pas une réussite : après quelques gaffes européennes, Jean Trappeniers retrouva logiquement sa place.

Le plus fantasque et le plus doué des Hongrois ayant joué à Anderlecht ne fut autre qu’ Attila Ladinszky arrivé en fin 1972-1973 pour disputer et gagner la finale de la Coupe de Belgique contre le Standard (2-1). Et qui a marqué nos deux buts ? Attila. Moi, ce jour-là, j’ai été victime d’une fracture de la jambe après trois minutes de jeu. Ladinszky a brûlé sa vie et sa carrière par les deux bouts. Dommage. Aujourd’hui, Roland Juhasz est l’ambassadeur du football magyar à Anderlecht. La Hongrie d’Albert sera toujours une terre de football.  »

PIERRE BILIC

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