Flingueur des surfaces

Le capitaine de la sélection irlandaise est le transfert de l’été des Reds.

Rameuter Robbie Keane fut loin d’être une sinécure. Pour y arriver, Liverpool a dû se mettre à dos le président de Tottenham Daniel Levy, outré par les pratiques utilisées lors des négociations, pour enfin et surtout lâcher 25 millions d’euros et 100.000 euros de salaire… hebdomadaire. Les Reds en avaient fait leur objectif numéro un : ordre de Rafael Benitez qui voyait en l’attaquant des Spurs le complément idéal à Fernando Torres. Peter Crouch, parti à Portsmouth et Dirk Kuyt n’avaient pas convaincu. Sur base de sa dernière saison (15 buts en championnat et 23 toutes compétitions confondues), Keane est indéniablement un renfort de choix : 28 ans, de l’expérience à revendre et une faim énorme de succès. L’Irlandais, malgré une carrière démarrée en trombe, part enfin à la conquête de trophées. De Wolverhampton à Tottenham, de 97 à 2008, seule une Coupe de La Ligue, remportée l’an dernier, est à inscrire dans la case palmarès. Plutôt maigrichon.

Et pourtant, les commentaires de ses débuts étaient dithyrambiques. Figure de proue de l’ Irish golden generation qui remporta le championnat d’Europe des -17 et -19 en 1998, Keane fait parler la poudre chez les Wolves très vite. A seulement 17 ans, pour son premier match en First division (division 2 anglaise), il en plante deux face à Norwich. Sur sa lancée, il en inscrit 16 la saison suivante (98/99) et suscite les convoitises des clubs de Premier League. A la surprise générale, il signe pour 7,6 millions d’euros à Coventry (record anglais de l’époque pour un teenager). Comparse alors d’un certain Cédric Roussel, il ne s’éternise pas dans les Midlands : 32 matches et 12 buts lui valent les faveurs du puissant président de l’Inter Milan, Massimo Moratti. Acheté à prix d’or (16,5 millions d’euros), m£urs intéristes, Keane se loupe totalement en Italie. En cause : une concurrence pléthorique ( Ronaldo, Christian Vieri, Alvaro Recoba), un manque de roublardise es Calcio, et l’éviction de celui qui l’avait fait revenir, Marcelo Lippi, remplacé très tôt dans la saison par Marco Tardelli.

A la trêve hivernale, les Lombards s’en débarrassent et le cèdent sous forme de prêt à Leeds. Requinqué dans les Iles, Keane termine la saison en force, qu’il conclut en inscrivant trois buts avec l’Irlande lors de la Coupe du Monde de 2002. Sa carrière, faite jusque-là d’up and down, ne déroge pas à la règle l’année suivante : le natif de Dublin use le banc des remplaçants de Leeds plus souvent qu’à son tour. Cette nouvelle saison moribonde couplée à la grave crise financière que vit le club d’Elland Road, voit la valeur marchande de l’attaquant irlandais inévitablement chuter. Les Spurs flairent alors la bonne affaire et débourse 7,5 millions d’euros, la moitié du prix versé par Leeds à l’Inter.

 » White Hart Lane sera son chez lui spirituel « , annonce d’emblée son nouvel entraîneur, Glen Hoddle. Des prophéties qui s’avèreront juste. Keane s’installe durablement à Londres et brille enfin par sa régularité. Malgré l’arrivée en 2004 du Néerlandais, Martin Jol, dont les préférences vont vers le duo MidoDefoe, l’Irlandais s’accroche, râle (il écopera d’une amende de 12.000 euros après être rentré au vestiaire prématurément voyant qu’il ne rentrerait pas au jeu), et reste attaché aux Spurs avec qui il inscrira 107 buts. Des buts qu’ils fêtent à chaque fois par des cumulets suivi de coups de fusils. On a déjà vu plus esthétique.

Cette fidélité, les supporters le lui rendent bien : les chants à sa gloire sont continuellement entonnés à White Hart Lane.

Des travées au terrain

Lors de l’annonce de son transfert cet été le long de la Mersey, l’idolâtrie qui l’entoure rend la cassure plus difficile.  » Je ne pouvais quitter les Spurs que pour Liverpool « , se justifie Keane. Un discours convenu mais qui cette fois prend du sens. Très jeune, le petit Robbie garnissait en famille comme nombreux Irlandais, les travées d’Anfield Road.  » J’ai toujours été supporter de ce club. Je ne pouvais pas louper l’occasion.  »

Deuxième plus gros transfert de l’histoire du club derrière Torres, affublé du mythique numéro 7 comme avant lui KevinKeegan, Kenny Daglish, Peter Beardsley, le capitaine et meilleur buteur de la sélection irlandaise (33 buts en 81 matches) est logiquement attendu au tournant.

 » Je suis loin d’être convaincu de sa réussite. Cet un joueur spectaculaire mais a-t-il assez de classe pour un club comme Liverpool ? », déclare Marc Beaugé, spécialiste du foot anglais pour France Football.  » Ce transfert démontre en tous les cas que ce club n’est pas capable de transférer- mis à part Torres- des joueurs du top mondial « , poursuit Beaugé.

Ex-Miss Irlande et femme de Robbie Keane, Claudine Palmer devrait, elle, concurrencer aisément les Wag’s ( Wife and girlfriends ou femmes de footballeurs anglais) de Liverpool, dont la plus cotée à la bourse des tabloïds Alex Curran, compagne de Steven Gerrard.  » Claudine est-elle nostalgique de la vie londonienne ? », voilà ce qu’on légendait la semaine dernière à la Une d’un journal local en référence à une photo volée la montrant triste. On attend la suite…

thomas bricmont – photo: reuters

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