Fils de star

Son père fut une légende de la NBA où ses trois frères ont aussi joué. Lui joue à Charleroi.

S cooterBarry passe un coup de fil à son épouse pour la prévenir qu’il rentrerait un peu plus tard. Il lui parle dans la langue de Goethe. Son passeport allemand n’est pas uniquement un document lui facilitant l’accès aux championnats européens : il s’est marié en 1998 à une citoyenne d’outre-Rhin, qu’il avait rencontrée durant sa première saison à Braunschweig en 89-90.

 » J’ai joué cinq saisons en Allemagne mais je ne me suis pas rendu compte tout de suite que je pouvais demander un passeport allemand « , explique-t-il.  » C’est venu bien plus tard, après deux ans de mariage. Sans un passeport européen, j’aurais eu du mal à trouver de l’embauche comme distributeur, une fois la trentaine passée. Cela m’a toutefois obligé à renoncer à mon passeport américain : en Allemagne, on n’accepte pas la double nationalité « .

La NBA pour univers

Son père, Rick, fut champion de NBA avec les Golden State Warriors. Ses trois frères cadets (il a aussi une s£ur, Shannon) jouent ou ont joué en NBA. Brent, qui a remporté le concours de Dunks du All Star Game en 1996 en effectuant un saut depuis la ligne des lancers francs, joue toujours à Seattle ; Jon vient d’être transféré à Denver et Drew, a tenté sa chance en Pologne.

Richard (son vrai prénom) est donc né avec un ballon de basket le 13 août 1966 à San Francisco…  » Oui et non « , interrompt-il.  » A la maison, on parlait très peu de basket. Mon père vivait 24 heures sur 24 pour son sport pendant dix mois, mais lorsqu’il était en famille, il avait besoin de décompresser. Certaines personnes pensent qu’il m’obligeait à tirer une centaine de lancers francs avant d’aller au lit. Rien de tout cela. Par contre, j’ai eu la chance de l’accompagner très tôt aux matches. J’officiais comme ramasseur de balle. Je me changeais à la salle, je prenais place au bord du terrain et je côtoyais de grands joueurs comme PeteMaravich, JuliusErving ou KareemAbdulJabbar. J’avais l’impression de faire, moi aussi, partie de la NBA. Mais ce n’est pas mon père qui m’a poussé. Pendant mon enfance et mon adolescence, j’ai tâté d’un peu toutes les disciplines. C’est seulement en deuxième année de High School que je me suis découvert des dispositions et que je me suis définitivement orienté vers le basket. Mon but fut, alors, d’obtenir une bourse universitaire grâce au basket. J’y suis parvenu : j’ai rejoint Kansas et j’ai même décroché le titre de champion NCAA « .

En grandissant, le nom de Barry a parfois été lourd à porter. Richard a dû se faire un prénom, et même un surnom, Scooter.  » Celui-ci m’a été attribué très jeune, par mes parents. Il y a eu quatre générations de Richard dans la famille. Mon père, mon grand-père et mon arrière grand-père, ont tous porté ce prénom. On a cherché quelque chose de plus original. Gamin, je ne pouvais pas rester en place, et toscoot signifie filer, détaler « .

Globe-trotter

En déplacement, les remarques fusaient.  » Souvent, sur le terrain, j’ai dû entendre des réflexions du genre : – Regarde, c’estlefilsdeRickBarry. Au passage, n’hésite pas à lui donner un bon coup de coude ! C’était plus dur pour moi que ce le fut pour mes autres frères, car j’étais le premier. Sans parler des critiques sur le jeu. Mon père était un ailier-scoreur, et beaucoup de gens attendaient de moi que j’inscrive autant de points. Mais mon rôle à moi, en tant que distributeur, était d’alimenter les tireurs. J’ai parfois souffert de la comparaison, qui n’avait pourtant pas lieu d’être. Aujourd’hui, mon père a quitté le milieu du basket. Il vit à Denver et anime une émission de radio. Je crois qu’il aurait aimé devenir coach en NBA, mais l’occasion ne lui a jamais été offerte « .

Scooter a fait le tour du monde :  » Après plusieurs clubs allemands, j’ai eu l’opportunité de signer pour Taugrés Vitoria, un très bon club espagnol mais je me suis blessé dès la période de préparation et je n’ai plus retrouvé d’autre club en Europe pendant trois ans. Je suis retourné aux Etats-Unis, pour jouer en CBA. On prétend que c’est la succursale de la NBA, mais en fait, c’est surtout un rassemblement de joueurs individualistes qui veulent soigner leurs statistiques. Pas du tout mon style. Je suis alors parti en Australie… en vacances, et c’est de cette manière que j’ai trouvé un club downunder. Puis, après un retour par l’Allemagne, ce fut la série A2 italienne, avec Messine. J’ai livré une très bonne saison, et j’espérais décrocher une place dans un club de A1 grâce à mon passeport européen, mais la fédération a subitement décidé de limiter le nombre d’étrangers. En milieu de saison 2001-2002, je suis arrivé à Cholet, où entraînait un certain Savo Vucevic. L’équipe avait réalisé un premier tour catastrophique. Beaucoup de gens trouvaient qu’elle manquait de taille et qu’il fallait engager un pivot. A la surprise générale, c’est sur moi û un distributeur – que le club a porté son dévolu, mais la bonne alchimie a été trouvée. L’équipe s’est mise à jouer collectivement et on a engrangé les victoires (17 d’affilée) en pratiquant un jeu rapide et spectaculaire, pour terminer finalement à la troisième place du championnat « .

Jouer jusqu’à 40 ans

Après une deuxième bonne saison à Cholet, Scooter Barry (qui figura parmi les All Stars du Championnat de France et fut le meilleur donneur d’ assists en Coupe ULEB) rejoignit son ancien coach Savo Vucevic au Spiroudôme. Beaucoup froncèrent les sourcils lorsqu’il débarqua : pourquoi une équipe, dont la moyenne d’âge était déjà fort élevée, avait-elle engagé un distributeur de 37 ans ? Dans l’optique, en fait, de guider RoelMoors dont il est devenu le backup.  » C’est un rôle nouveau pour moi. Je dois m’y faire. Pour l’instant, je suis toujours en phase de transition. Des petites blessures m’ont, jusqu’ici, empêché de tourner à plein régime. Le public carolo n’a pas encore vu le vrai Scooter Barry à l’£uvre. Je suis capable d’apporter bien plus que ce que j’ai montré jusqu’ici. Je trouve aussi qu’ on pourrait nous faire évoluer ensemble : Roel Moors et moi sommes assez complémentaires. La marque de fabrique de Savo Vucevic, c’est surtout le bon esprit qu’il inculque au groupe. C’est sa priorité, et grâce à cela, la recherche d’un collectif se fait naturellement. Il prône un basket simple, fait de rebonds, de pressing et de contre-attaques. Il n’enserre pas les joueurs dans un carcan tactique rigide. Il aime travailler avec des joueurs expérimentés qui, en principe, savent ce qu’ils ont à faire « .

Combien d’années Scooter Barry compte-t-il encore jouer ?  » Au moins jusqu’à 40 ans « , rétorque-t-il.  » C’est un cap symbolique mais cela dépendra de mes aptitudes physiques et mentales. Le jour où mes jambes ne suivront plus, le jour où se rendre à l’entraînement deviendra une corvée, j’arrêterai. Après ? Je suis en train de passer mon diplôme de coach en Allemagne. Je possède déjà le diplôme B, il me manque le A pour pouvoir exercer au plus haut niveau. Mais ce n’est pas simple, car les cours se donnent pendant la saison  »

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