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Figures cultes

Ils n’étaient pas toujours les plus grands, mais on les adulait quand même. Parce qu’ils avaient ce petit quelque chose en plus : de l’humour, un avis bien tranché, voire un côté tragique. Place aux figures culte du foot. Sous la loupe, cette fois : Gunnar Nordahl.

Fin décembre 1948, au siège principal de Fiat, dans la banlieue de Turin. Gianni Agnelli prend son téléphone et appelle son usine de Stockholm. Le petit-fils du fondateur de la marque automobile italienne et président/propriétaire de la Juventus veut que le chef d’entreprise suédois parle à Gunnar Nordahl (27 ans), machine à marquer de Norrköping et de l’équipe nationale devenue championne olympique quelques mois plus tôt. Agnelli a une option sur Nordahl, mais il veut que le buteur suédois signe… à l’AC Milan, un de ses principaux rivaux.

Agnelli veut se faire pardonner. Au printemps, il a piqué Johannes Pløger au nez et à la barbe des Milanais. L’attaquant danois de Boldklubben Frem avait pourtant un accord avec le club lombard, mais à la gare de Milano Centrale, les dirigeants de la Juve lui ont fait une offre  » qu’il ne pouvait pas refuser « . Et Pløger est monté dans une voiture l’emmenant à Turin. En envoyant Nordahl à Milan, Agnelli espère rétablir la paix entre les deux clubs.

Sans le vouloir, il va ainsi changer le visage de la Serie A. Pløger ne jouera que seize matches sous le maillot de la Juventus – avec un seul but à la clef – tandis que Nordahl, qui arrivera en janvier, se montrera inarrêtable, avec seize buts au cours de ses quinze premières rencontres. Il resignera pour deux ans et parviendra à convaincre la direction des Rossoneri d’engager deux autres Suédois : Gunnar Gren et Nils Liedholm. Un pari gagnant.

Le trio d’attaquants, rebaptisé Gre-No-Li, formera l’épine dorsale de l’équipe de Milan qui, au printemps 1951, décrochera le premier scudetto du club depuis 1907. Après le départ de Gren à la Fiorentina, Liedholm et Nordahl seront encore champions en 1955 avec Liedholm en passeur (on le surnommait Il Barone) et Nordahl en tueur au sang froid. Born to score, dit de lui George Raynor, le manager anglais qui avait conduit la Suède au titre olympique en 1948.  » Nordahl ne brille pas spécialement par ses qualités techniques, mais il a le don d’être toujours à la bonne place et il marque les yeux fermés.  » Avec Raynor, la Suède monte à trois reprises sur le podium du Mondial : troisième en 1950 et 1954, deuxième en 1958. Jusqu’à sa mort, l’Anglais prétendra que s’il avait pu compter sur le trio, il aurait été champion du monde. Il ne comprenait pas pourquoi la fédération suédoise ne voulait aligner que des amateurs. Ce n’est qu’en 1958 que les pros ont pu revenir en sélection, mais Gren avait alors 37 ans et Liedholm 36. Quant à Nordahl, il venait de mettre un terme à sa carrière, à l’AS Roma.

Avec quinze buts en deux ans dans la capitale italienne, il n’était plu que l’ombre du char d’assaut qui avait conquis le coeur des fans milanais. Il Pompiere (en Suède, il était pompier) ou Il Bisonte (le Bison) a inscrit 210 buts en 257 matches de championnat pour le compte de l’AC Milan. Il a été sacré cinq fois meilleur buteur ( Capocannoniere) de la Serie A, ce qui reste un record. En championnat, seuls Silvio Piola (274 buts en 537 matches) et Francesco Totti (250 en 618 matches) ont marqué davantage, mais avec 225 buts en 291 matches, personne ne s’est montré plus efficace que le Suédois (0,77 but par rencontre), qui restera pour l’éternité Il Cannoniere

Figures cultes
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Gunnar Nordahl

DATE DE NAISSANCE 19/10/1921 (Suède)

DATE DE DÉCÈS 15/09/1995 (Italie)

CLUBS Hörnefors IF (SWE), Degerfors IF (SWE), IFK Norrköping (SWE), AC Milan (ITA), AS Roma (ITA)

CAPS 33

BUTS 43

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