FIERTÉ de côté

Il n’a presque pas joué cette saison mais est resté calme. Qu’arrive-t-il au défenseur brugeois ?

B irger Maertens :  » Je suis en forme mais je ne joue pas. Je dois m’incliner. Beaucoup d’autres se retrouvent dans la même situation. Prenez Ivan Gvozdenovic, capitaine de l’Etoile Rouge Belgrade la saison passée, excellent footballeur. Il vit difficilement sa situation actuelle aussi. Je me dis que demain est un autre jour, je me prépare au match suivant en espérant ma chance.

J’ai pratiquement joué toute la saison passée. Cette fois, je pallie des blessures ou des suspensions avant de retourner sur le banc. Parfois, c’est très dur, j’ai envie de demander des explications à l’entraîneur mais ça n’aurait aucun sens. Une fois, je me suis adressé à lui, quand j’ai disparu de l’équipe au Celta Vigo. Il m’a dit qu’il avait pris sa décision sur une impression personnelle. Je n’ai rien pu lui opposer comme argument !

Parfois, j’ai l’impression que David Rozehnal passe avant moi. Pendant le stage hivernal, l’entraîneur a eu un entretien individuel avec chacun. Il m’a dit que ma chance viendrait mais j’attends toujours. Pourtant, les rares fois où j’ai joué, comme contre Anderlecht, je n’étais pas mauvais, pas plus d’ailleurs que face à l’AC Milan, mais pour progresser, il faut jouer un certain nombre de matches.

Il y a un an et demi, l’entraîneur m’a fait totale confiance. D’un coup, plus rien. Je me demande souvent pourquoi. Il semble que ce soit le tour d’un autre. L’entraîneur doit avoir ses raisons. Ce qui me fait plaisir, c’est que certains joueurs me disent que je devrais être titularisé. Je ne pense pas être inférieur à David. Je le trouvais très bon au début mais chacun a ses passages à vide et peut-être est-ce son cas maintenant mais il continue à jouer. Comme moi la saison passée. Ceux qui convoitaient ma place ont sans doute suivi le même cheminement. Les joueurs n’y peuvent rien. Je m’accroche à l’idée que les temps vont changer.

La saison sera bientôt achevée. Je dois me changer les idées. J’aurais déjà pu dire beaucoup de choses mais je me tais. Je ne suis pas du style à m’épancher dans la presse. Si je m’exprime, ce sera face à face et je n’en ai pas envie pour le moment.

Avant la saison, on racontait bien qu’on allait enrôler un défenseur alors qu’on avait plutôt besoin de quelqu’un devant mais je n’imaginais pas ne plus être repris. Mieux vaut penser à autre chose. Le 12 juin, je me marie, à l’église d’Ostende et la fête a lieu à Roulers. Je me concentre là-dessus. Je crois bien que je verserai une larme, ce jour-là. Nous nous connaissons depuis deux ans. Nous avons déjà affronté des problèmes, comme tout autre couple, mais nous les avons toujours surmontés. Mais quand on ne joue pas, on est stressé. Ma compagne doit malheureusement faire avec. Je suis malheureux, je tire la tête, je réponds dès qu’elle dit quelque chose… Enfin, cette expérience m’a appris quelque chose : la vie est plus facile quand on parvient à mettre sa fierté de côté. Je n’ai pas honte de l’avouer. Bon, vivement le 12 juin !

Je veux des enfants. J’en raffole ! Ma femme a déjà un enfant de sa précédente relation mais en souhaite d’autres. J’ai compris à quel point c’était magnifique à la naissance de la fille de TimmySimons « .

 » Sollied est toujours positif avec moi  »

 » La vie me détend mais quand j’arrive au club, je suis à nouveau confronté à la réalité du football. Il m’arrive d’avoir vraiment envie de parler à l’entraîneur mais je sais que ça n’apportera rien. Je me retiens. Pour le moment. Quand la bombe explose… J’essaie de tenir, si possible jusqu’à la fin de la saison. Ensuite, on verra ce qui se passe. Il est très important de rester calme, en pleine lutte pour la deuxième place, sans oublier la finale de la Coupe. J’espère être aligné. Il y a deux ans, j’ai déjà disputé une finale.

J’ai eu un entretien avec Marc Degryse, qui m’a conseillé de patienter et de travailler certaines choses à l’entraînement : couvrir plus court, jouer sèchement, être plus concentré. Jamais l’entraîneur n’avait évoqué ces aspects. Il aborde d’autres thèmes dans ses conversations. Par exemple, je contrôle souvent le ballon de l’extérieur du pied, ce qu’il n’aime pas. J’y prends garde, mais ça m’échappe régulièrement : c’est en moi.

Les évaluations de l’entraîneur sont toujours positives. En Turquie, ça a duré 25 minutes mais ça ne m’aide pas. Tim Smolders s’est souvent rendu dans son bureau, pour en obtenir la même réponse : il est en bonne voie et va avoir sa chance. De fait, il l’a eue ces dernières semaines, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Je veux progresser mais j’ai besoin de confiance. J’ai été aligné à l’arrière droit. Ce n’est pas ma place. J’apprends en regardant Timmy et les défenseurs, en Ligue des Champions. Je sais ce dont je suis capable ou non. Je n’ai pas le raffinement de Vincent Kompany mais j’ai le niveau du Club.

Je ne suis pas trop lourd. Je me sens bien comme ça et ça ne regarde personne. Johan Gerets, le fils d’ Eric, m’a surnommé Bickey Birger en Espoirs et ça me poursuit mais je vous assure que mon poids et mon taux de graisse sont bons.

Je suis devenu plus calme. Avant, jamais je n’aurais pu me contenir. J’aurais déjà shooté quelques fois dans la porte ! Peut-être la raison me vient-elle avec les années. L’entraîneur répète qu’il faut compter jusqu’à dix avant de réagir. Avant, je n’y serais jamais parvenu. J’aurais compté jusqu’à trois, environ ! Je me sens mieux maintenant. Parfois, on dit des choses qu’on regrette. J’en ai fait l’expérience dans ma relation aussi. Je reste amical avec tout le monde, y compris avec les journalistes. Un bonjour ne coûte rien.

Mes cartes rouges, la saison passée, ont été autant d’expériences pénibles, comme les critiques de la presse. J’apprends à vivre avec. Il faut assumer les critiques, résister au stress, être fort mentalement. Même si j’ai moins d’occasions de le montrer, je suis plus calme sur le terrain, je ne prends plus de risques. Dégager un ballon dans les tribunes ne me fait rien. Je ne souhaite ça à personne mais ça m’a appris beaucoup de choses. Peut-être l’entraîneur a-t-il raison : j’ai besoin de la manière dure pour apprendre.

Je ne songe pas encore à la saison prochaine, en espérant quand même repartir à zéro. Je suis encore sous contrat deux ans. Je n’ai pas envie de les passer sur le banc. Je ne ferme donc aucune porte. Tout le monde rêve de jouer à l’étranger mais il faut avancer, pas reculer. Donc, je pense que je serai encore là la saison prochaine. J’ai disputé de grands matches, comme les deux contre Milan, ainsi que le match contre Anderlecht et le déplacement au Standard, mais pour vraiment progresser, il faut jouer toute une saison. Beaucoup jouer, c’est ce que j’attends de ma carrière, au Club, je l’espère « .

Christian Vandenabeele

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