FICTIONS POUR SOUFFLER, SANS DÉCONNECTER !

Vous me lirez au moment de Belgique-Suède, mais je dois boucler ma prose avant Belgique-Eire, je serais donc fort tard sur la balle si je vous causais de l’Euro ! Juste un mot pour m’inscrire en faux, totalement, contre l’accusation de nullité tactique qui s’abat sur Marc Wilmots après l’Italie, mais nous en reparlerons après la finale ! D’ici là, et pour rester chauds durant la quinzaine cool qui suivra l’épilogue, procurez-vous quelques fictions/foot, ça fait un bail que je n’en ai plus conseillées ! En voici pour combler mon retard, mais aussi vos moments estivaux d’oisiveté footeuse…

• Simple rappel pour Les rayures du Zèbre (B.Mariage, 2014), vous devez être nombreux à l’avoir déjà vu. Sinon, comblez cette lacune, c’est du belge, sans être top niveau mondial : pour un sujet pas comique (exploitation d’un jeune Africain), le traitement est trop rigolo ! La faute à Benoît Poelvoorde qui joue et surjoue dans son registre favori : ce qui nous fait marrer, mais freine notre capacité d’empathie pour un problème grave.

• Par contre, ricanement franchement recommandé pour Goal of the dead (B.Rocher et Th.Poiraud, 2014), suspense en deux mi-temps déjantées de Coupe de France, dans un bled où se déplace l’Olympique de Paris. Un dopage foireux transforme en zombies joueurs et supporters, et c’est parti pour gore, hémoglobine, carnage et surtout dérision potache : impossible d’en sortir sans s’avouer que le foot, quoiqu’on l’aime, est aussi un peu/beaucoup con sur les bords…

• Poétique, hilarant, atypique et chorégraphique, ne loupez pas L’arbitro (P.Zucca, 2013) : comédie à l’italienne décalée, nichée au fond de la Sardaigne rurale, ricanant du fait que le foot des bas échelons n’est pas non plus oasis de pureté. Le top du grotesque est incarné par un arbitre carriériste, mais l’esthétique est léchée et même pourléchée par le noir-blanc du film. Un miracle d’ironie.

• Même la FIFA peut devenir biopic, la preuve par United passions – La légende du football (F.Auburtin, 2014) : autoproduit par la FIFA, auto-panégyrique donc … et gros bide cinématographique, la corruption étalée depuis n’ayant pas arrangé les choses ! Ça raconte comment la noble FIFA est née puis a grandi (sans magouille aucune, évidemment) entre 1902 et 2004. Qu’importe le gabarit pourvu qu’on ait l’ivresse : le légendaire Jules Rimet, petit homme sec des débuts, est interprété par Gérard Depardieu, qui n’en rate décidément pas une en matière de grands hommes revisités ! Mais l’extraordinaire Tim Roth lui vole la vedette dans son rôle du dévoué Sepp Blatter ! A voir pour le croire.

• L’incroyable équipe (S.Grobler, 2011) romance l’action de Konrad Koch via lequel le foot s’introduisit en Allemagne dès 1875 : revenu d’Angleterre et prof d’anglais, Koch utilisa le foot qu’il avait appris à aimer là-bas, pour inculquer la langue anglaise aux lycéens de Brunswick ! Chouette reconstitution d’un pan de notre préhistoire, malgré une grosse erreur technique lorsque Koch explique le hors-jeu de maintenant … loin d’exister comme tel voici 140 ans ! Son rôle est tenu par Daniel Brühl, qui fut aussi l’officier allemand de Joyeux Noël (C.Caron, 2005), autre film de foot narrant une courte trêve dans les tranchées de la grande guerre.

• Virage nord (V.Sauveur 2014) est un polar de facture classique en 3 épisodes. Ville du Nord un peu glauque, jeunes désoeuvrés, petit club pro menacé de relégation, meurtre dans les gradins, combines et suspense garantis : un bon divertissement qui dépeint aussi le rôle sociétal du foot dans le climat urbain d’aujourd’hui.

• Je termine par trois films pas vus par Bibi, mais qui pourraient en valoir la peine. Disponible en streaming, Putain d’arbitre ! (A.Civita, 2012) est une série brésilienne en 13 épisodes, mettant en scène les heurs et malheurs d’un arbitre du top, dont la vie quotidienne est un peu compliquée. Keeper (G.Senez, 2016) est la première réalisation d’un jeune Belge possédant par ailleurs son diplôme d’entraîneur : le foot y figure en sourdine, cadre des problèmes du couple d’ados mis en scène. Enfin, La dream team (T.Sorriaux, 2016) est une comédie dite  » grand public  » qui arrive sur nos écrans : un caïd du top revient dans son village natal pour se refaire une santé, et va se friter avec son père interprété par … Gérard Depardieu !

PAR BERNARD JEUNEJEAN

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