Fiancée au football

L’année footballistique a été marquée par la violence, l’homophobie, le racisme et des sommes d’argent pharamineuses. Quatre jeunes Wallons en ont pris le contrepied. Ils sont partis en voyage pour effectuer des reportages sur la façon dont le sport continue à transcender ses excès. Deuxième étape : l’Inde.

Sean Carter (23 ans) juge hallucinantes les statistiques de l’UNICEF, l’organisation des Nations-Unies, qui défend les droits des enfants.  » En Inde, 47 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans « , explique le caméraman de l’ASBL A World Of Football.  » Le mariage des enfants est un énorme problème, certainement dans les régions pauvres. Il est généralement conclu pour des raisons financières.  »

Le Second Sight Hospital de Bihar tente de convaincre les pères de la région que l’hôpital offre une alternative durable au mariage de leurs filles. L’hôpital donne à celles-ci la chance de réussir une carrière footballistique, tout en offrant une issue à celles qui n’y parviennent pas.

 » Les parents des alentours reçoivent une offre « , explique Carter.  » S’ils laissent leurs filles se produire avec l’équipe de football de l’hôpital, elles peuvent y suivre une formation gratuite, qui se solde ensuite par un travail. En échange, on demande aux filles de donner un coup de main à l’hôpital pendant leur formation. Les parents doivent signer un contrat dans lequel ils s’engagent à ne pas marier leur fille avant l’âge de 18 ans. S’ils rompent le contrat, les parents doivent rembourser la formation.  »

Pendant leur séjour à l’hôpital, Sean et les autres membres de A World of Football se sont levés à l’aube pour voir les 50 filles présentes jouer, de six à huit heures, selon l’usage local. Il n’est pas évident pour une fille de jouer au football en Inde.  » Les femmes sont souvent traitées comme des citoyens de second rang « , selon Carter.

Après leur séance matinale de football, les filles suivent une formation.  » L’hôpital est spécialisé dans le traitement de la cataracte, une affection qui entame la vue. Dans la région, la cataracte est fréquente, suite aux conditions de vie. L’hôpital effectue 300 opérations par jour. Cela ne rend pas sa vue au patient mais cela arrête la progression de la maladie. Or, c’est crucial : celui qui devient aveugle n’a aucun avenir en Inde.  »

Le reportage vidéo de A World Of Football raconte l’histoire de Sushma (18 ans). Initialement, son père a refusé que sa fille s’adonne au sport mais il s’est laissé convaincre. Quelques années plus tard, il a lui-même dû être traité pour une cataracte et il a été examiné par sa fille.  » A ce moment, j’ai réalisé qu’elle n’aurait jamais eu un tel succès dans la vie si je l’avais contrainte à se marier « , raconte le père.  » Maintenant, je dis à tous les parents de mon village qu’ils doivent envoyer leurs filles suivre des études. Elles ont leurs talents et leurs rêves également.  »

Carter conclut :  » Actuellement, cinq filles de l’hôpital jouent dans l’équipe de la région de Bihar et l’une d’elles est même internationale. L’autre objectif a également été rencontré : progressivement, les mentalités changent aux alentours de l’hôpital. Les gens comprennent qu’il n’est pas grave que les filles jouent au football en short et en maillot à manches courtes. Pour moi, c’est un magnifique exemple de la manière dont le football peut aider à résoudre des problèmes sociétaux. « 

Regardez le reportage sur Sushma sur www.sportmagazine.be

PAR KRISTOF DE RYCK

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