FERRERA TÊTE BAISSÉE

Yannick Ferrera qui s’en prend à Mbaye Leye pendant le match contre Zulte Waregem, l’insulte puis assume même ses gros mots à l’interview, ça vous étonne ? Nous, pas ! Il est à fond dans son truc et va au bout de ses idées. Le gars est encore un gamin, ça lui fait même dire ceci :  » Tu imagines ce que je vis à 35 ans ? J’entraîne le Standard. Je suis un privilégié de la vie.  » Un gamin, et pourtant il y a déjà bien longtemps qu’il a eu le déclic. Retour en 2004, soir de finale de Ligue des Champions, Porto – Monaco, Veltins Arena à Gelsenkirchen. Devant son poste, il flashe sur José Mourinho, juste après la cérémonie protocolaire.  » Mourinho est descendu du podium, il a enlevé sa médaille, et là je me suis dit : -Putain, tu peux être sur le toit du monde sans avoir joué à un haut niveau. Ça a été un déclencheur. Ce soir-là, je me suis dit : -C’est possible, s’il l’a fait, c’est que c’est possible…  »

Mourinho est resté un de ses inspirateurs. Il y en a d’autres, et rien que pour pouvoir parler des méthodes de Pep Guardiola, ça lui convient d’avoir Daniel Van Buyten dans sa vie quotidienne au Standard. Yannick Ferrera interroge régulièrement Big Dan sur le travail du Pep.  » Si tu ne t’inspires pas du tout de ce que fait Guardiola, c’est que tu as un souci quelque part. L’idéal, c’est de défendre en bloc comme des chiens, comme le fait l’Atlético de Diego Simeone, et de faire circuler le ballon comme le Bayern.  »

Vous voulez savoir à quoi ressemble la vie de Yannick Ferrera ? C’est complètement foot. Il a déjà déclaré qu’il avait un côté asocial, il nous dit qu’il prend  » très peu de temps et d’énergie pour faire autre chose ou pour voir des gens.  » Et donc, sa vie au Standard, c’est trois à quatre nuits par semaine dans la froideur et l’obscurité de l’Académie – parfois seul, parfois avec son nouveau T2 et/ou son préparateur physique. Quand il sort, c’est pour se faire un petit resto italien tout proche. Pour le reste, il passe régulièrement par la salle de musculation ( » OK, ça ne se voit pas encore… « ), il mate à doses de cheval des matches à la télé, dans son bureau. Tard en soirée, il traverse pour rejoindre sa chambre dans le bâtiment d’en face. Dans cette chambre, il met le feu à une bougie parfumée et se plonge dans un livre. Il y a en ce moment deux bouquins sur sa table de nuit, ils traitent tous deux du leadership. L’un a été écrit par un coach de foot américain, l’autre par un entraîneur de NBA.

Un proche du Standard nous a récemment évoqué Mourinho Junior, sur un ton ironique, en parlant de lui. On ne sait pas s’il est au courant de la comparaison mais on sait de toute façon qu’il s’en tape. On parie même que ça l’amuserait. Que ça lui rappellerait l’image de la médaille en 2004 à Gelsenkirchen. Il y a les entraîneurs qui se dépatouillent pour faire plaisir à tout le monde, histoire d’être populaires auprès du plus grand nombre. On est certain que Yannick Ferrera est plutôt d’accord avec cette réflexion que nous a un jour lâchée Silvio Proto :  » Plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui.  »

Jelle Van Damme devrait toujours être dans l’équipe parce qu’il en est le capitaine emblématique ? Anthony Knockaert devrait être titulaire chaque week-end parce qu’il est potentiellement le Standardman le plus dangereux ? Mohamed Yattara devrait jouer parce qu’il est le transfert le plus cher de l’été ? Vous rigolez ou quoi ? Ya-niaque Ferrera n’en fait qu’à sa tête. Tête baissée. Et il y a toujours son art d’assumer en cas de grosse tempête.

Mais ça, c’était hier. Le Standard était lanterne rouge et tous les feux étaient de la même couleur. Et aujourd’hui ?  » On va peut-être dire que c’est ridicule de parler comme ça mais je pense au titre, à la Coupe, à la Ligue des Champions avec ce club.  »

PAR PIERRE DANVOYE

Ferrera a toujours l’art d’assumer en cas de grosse tempête.

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