FÉLIX-MARIE BRASSEUR

Comment obtient-on deux titres de champion du monde d’attelage à quatre ?

Il est le maître écuyer des chevaux-moteur et des chevaux-crottin « , dit le journaliste retraité de la RTBF radio Freddy Kusters, qui narra les exploits en attelage de Félix-Marie Brasseur et fut son co-pilote en rallye. Deux passions qui, on va s’en apercevoir, ne sont peut-être pas aussi éloignées qu’il n’y paraît.

Fils d’un médecin ORL qui était déjà cavalier, Félix-Marie Brasseur devint, très vite, l’ami des chevaux. Major de promotion à l’école d’agronomie de Rambouillet chez Monsieur Couillaud, le plus grand homme de cheval français, il devint moniteur français et entra par la grande porte à l’école du Cadre Noir de Saumur, dont il fut également major de promotion, ce qui lui permit de devenir Instructeur français.  » J’étais dans le cours pour officiers, réservé aux six meilleurs sous-lieutenants français. Des gars de 30 ans. Moi, j’en avais 18 et j’étais étranger mais ils m’appelaient le SS. Je venais de Rambouillet, qui était pire que la Légion Etrangère. Saumur, à côté, c’était le Club Med pour moi, même si la formation y était extrêmement dure.  »

Une description qui en dit suffisamment long sur la rigueur et la discipline que cet homme s’est toujours imposées. Elles lui ont non seulement forgé un caractère exigeant, quasi-impitoyable mais elles ont aussi rythmé une carrière bien remplie et couronnée de deux titres de champion du monde d’attelage à quatre.

 » C’est vrai que je dépasse parfois un peu les limites mais je ne supporte pas ceux qui ne font pas les choses correctement « , dit Brasseur.  » Et je suis encore pire quand il s’agit de mon hobby, la voiture. Avec les chevaux, je ne vais pas toujours à fond, par considération pour l’animal. Mais avec des mécaniques, pas de quartiers ! C’est ma seule façon de prendre du plaisir mais c’est aussi ce qui m’a permis de remporter le groupe B et le groupe N aux Boucles de Spa dans les années 80, en attaquant encore à fond dans la dernière spéciale et en allant chatouiller des gars comme Juha Kankunnen ou Patrick Sneyers « .

Pour Freddy Kusters, qui le menaça plusieurs fois de quitter la voiture, Brasseur passe au millimètre partout et c’est ce sens inné de la trajectoire qui lui a permis de briller en attelage, une discipline où il faut mener quatre chevaux de front.  » Dans la vie aussi, on passe parfois tout près de la catastrophe « , affirme Brasseur.  » C’est pour cela qu’il faut être prêt : je ne crois pas aux doués, je crois aux travailleurs « .

Pour lui, tout a pourtant commencé… par une mauvaise chute. Quelques années après un apprentissage chez François Mathy, où il prépara Gai Luron, qui allait obtenir deux médailles de bronze aux Jeux Olympiques de 1976, Félix-Marie Brasseur reçoit un cheval sur le dos. Victime d’une double fracture de la colonne, il ne montera plus qu’aidé par deux personnes.

En 1987, il entame une carrière professionnelle dans l’attelage en préparant les chevaux de Jan De Clerck, l’un des patrons des tapis Baulieu, pour les championnats du monde d’Appeldoorn. Il reprend ensuite cet attelage, avec lequel il termine neuvième des Jeux équestres mondiaux.

En 1993, un ami portugais lui propose de préparer ses chevaux pour les Jeux équestres mondiaux qui ont lieu six mois plus tard à La Haye. Il y termine troisième ex-aequo et médaille d’argent par équipes, prouvant ainsi des capacités de préparateur exceptionnel, c’est-à-dire lui apprendre à ne pas boiter, à être droit, etc.

Pierre Deprez admire le plus Félix-Marie Brasseur (son consultant dans l’émission de la RTBF Cheval Passion) pour son investissement dans la préparation malgré le fait qu’on lui retire souvent des chevaux dès qu’ils ont atteint la plénitude de leurs moyens. C’est ainsi qu’il dut attendre dix ans pour fêter deux titres de champion du monde dont le dernier, à Aix-la-Chapelle, en septembre.

 » Aujourd’hui encore, je risque bien de tout perdre puisque le propriétaire portugais pour lequel je travaille veut confier mes chevaux à son groom. Cela me met en boule car je lui ai ramené quatre médailles en deux ans alors qu’un propriétaire ne peut bien souvent rêver que d’une seule participation aux championnats du monde. Je vais donc probablement devoir repartir : vers l’Espagne, les Etats-Unis (dont il fut entraîneur national en 1998) ou les pays du Golfe « .

PATRICE SINTZEN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire