FC SÉVILLE – BETIS

Peu de villes au monde ont un tel goût de la dramaturgie. A Séville, tout tourne autour de la mise en scène. Des spectacles de flamenco pratiqués dans le Barrio Santa Cruz ou Triana aux cérémonies de la semaine Sainte, en passant par les libations de la Feria du mois d’avril. Pas étonnant donc que cette belle ville d’Andalousie soit le théâtre d’un des derbies les plus bouillants d’Espagne. Car ici, plus qu’ailleurs dans la péninsule, les deux clubs de la cité n’ont rien à envier l’un à l’autre.

Dimanche, les supporters verdiblancos du Betis se regrouperont devant leur stade dans le quartier de la Palmera et se mettront en route en cortège pour effectuer, sous escorte policière, les 3,2 kilomètres qui les séparent du stade Ramon Sanchez Pizjuan dans le quartier du Nervion. Le rituel est immuable lors de chaque derby. Pour le match retour, le cortège partira du stade de Séville et arborera fièrement les couleurs rouge et blanc des Sevillistas.

Entre les deux rivaux, il y a d’abord une histoire de quartier. Celui du Betis, proche du fleuve, vaut au club son étiquette ouvrière. Celui du FC Séville est plus bourgeois. De cette distinction naît un premier antagonisme, qui s’estompera avec le temps. Aujourd’hui, le Betis, qui compte davantage d’abonnés, clame qu’il est le club le plus populaire de la ville, mais un récent sondage a montré que 37,5 % des Sévillans soutenaient le FC et 33,5 % le Betis, le reste ne s’intéressant pas au foot.

A cela s’ajoute une histoire de pouvoir, toujours attaché au prestige. On se nourrit du moindre succès. Le Betis précise souvent qu’il fut le premier des deux clubs à rejoindre la D1 espagnole (1931 pour 1933 au FC Séville) et à remporter le titre de champion (1935 pour 1946 au FC Séville) ; le FC rétorque qu’il détient le record d’années de présence en D1 (65 pour 46 au Betis) et nargue son voisin depuis son doublé récent en Coupe de l’UEFA en 2006 et 2007.

Restent alors les hommes pour allumer le brasier de la rivalité. Ces dernières années, ce sont les présidents José Maria del Nido pour Séville et Manuel Ruiz de Lopera pour le Betis qui ont attisé la polémique avant d’être tous les deux rattrapés par la justice. Le point culminant fut atteint en 2007 lorsque l’entraîneur de Séville, Juande Ramos, fut touché par un projectile et dut être emmené à l’hôpital.

Depuis lors, les deux clubs ont enterré la hache de guerre, le plus bel exemple résidant dans l’hommage rendu lors du décès d’Antonio Puerta quelques mois après le derby explosif. Toute l’équipe du Betis s’était en effet déplacée aux funérailles du joueur du FC Séville.

Les Sévillans ont coutume de dire qu’il n’y a pas meilleure ville pour mourir. Oui, mais après le derby alors !

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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