FC Grandes gueules

Les fortes têtes font la pluie et le beau temps sur le terrain, dictent leur loi dans le vestiaire : qui sont ces leaders qui n’ont pas souvent leur langue en poche ?

« Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? » : pour ceux qui osent l’ouvrir, la parole est d’or et le silence ne vaut pas tripette. Les meneurs d’hommes hurlent, vitupèrent, insultent, haranguent, encouragent, dénigrent, snobent, montent au feu, rappellent à l’ordre, réveillent, énervent, croisent le fer avec les adversaires, les arbitres, le public et les journalistes. Logan Bailly, Olivier Deschacht, Marouane Fellaini, Nicolas Frutos, Milan Jovanovic, Benjamin Nicaise, Oguchi Onyewu, Wesley Sonck, Stijn Stijnen, François Sterchele et Frederik Vanderbiest font partie, chacun à leur façon, des grandes gueules de l’élite.

Leurs propos, justifiées ou nappés de vantardise en font des personnages en vue. Ce sont des VIP de la D1. Mais leur ego n’est-il pas plus important que l’intérêt collectif ? Qui peut encore s’emparer d’une baguette de chef d’orchestre ? Les grandes gueules ne sont-elles devenues que des gros cous qui bavardent pour bétonner leur position au sein d’un groupe ? Ces joueurs en vue se soucient-ils d’abord de leur image, de leur carrière ou de leur compte en banque ? N’a-t-on pas aussi les gueulards, les chefs, les patrons et les leaders d’opinion que l’on mérite ? Ces onze fortes têtes sont des premiers communiants à côté des grandes gueules d’autrefois.

Un vestiaire de football n’est pas comparable au réfectoire de moines trappistes. Le juron y remplace parfois la prière… Et, quand cela chauffe, une formation peut ressembler à un bateau tentant de doubler le Cap Horn. On ne résiste pas aux vents déchaînés avec des enfants de ch£ur : il faut des hommes à la barre pour rentrer les voiles et encaisser les coups de l’océan. A Liège, à la fin des années 70, la légende raconte qu’un attaquant taillé dans le roc des Balkans déposa sans s’en cacher un revolver dans son armoire. Son coach ne lui reprocha plus jamais de jouer à la carte.

Eric Gerets maniait la foudre

Nico de Bree se faisait respecter dans son rectangle. L’ancien gardien hollandais n’avait peur de rien. Les attaquants adverses hésitaient à s’approcher de lui. Il mordait et Sead Susic faillit laisser son doigt entre les dents de ce bulldog. Plus tard, le colosse hollandais s’opposa mains nues à des gangsters armés jusqu’aux dents qui étaient entrés chez lui sans permission de minuit.

Dans un autre style , Jean Nicolay (gardien de but du Standard durant les années ’60) connaissait la loi du vestiaire :  » Les joueurs s’expliquaient régulièrement entre eux. J’étais une grande gueule mais quand j’avais quelque chose à dire, je fermais la porte du vestiaire. Rien ne filtrait. Il y avait encore une cuisine interne. Aujourd’hui, malgré les mises au vert et les huis clos, c’est plus difficile. Il est vrai que les joueurs ne sont plus des amis mais des collègues qui changent régulièrement de clubs. J’ai tout partagé durant des années avec des équipiers. Nous nous connaissions parfaitement. Certains avaient besoin d’être mis sous tension, d’autres pas « .

Du côté de Charleroi, cette saison, un joueur a été blessé à la cheville. C’était l’explication officielle. En réalité, il s’était mêlé d’une bagarre entre deux équipiers et fut touché par un tesson de bouteille. Leaders, grandes gueules, bagarreurs, chef de bande, généraux et fantassins : les meneurs peuvent régner sur le Bronx ou être de magnifiques rassembleurs. Les décibels de la voix des gagneurs ne s’élèvent pas nécessairement aussi haut que leur talent. Mais une chose est sure : ils ne supportent pas la défaite. Une vedette n’est pas automatiquement une grande gueule.

En tant que joueur, Jan Ceulemans ne prononçait pas souvent un mot plus haut que l’autre. Lui, ses exploits signés sur le terrain suffisaient afin d’imposer sa présence et son importance. De plus, il y avait, tant à Bruges qu’en équipe nationale, des gueulards qui faisaient le ménage dans la ligne médiane. Durant les golden sixties, Paul Van Himst était la star mais aussi l’homme tranquille d’Anderlecht. Jef Jurion était le patron de la baraque et Jan Mulder, étincelant attaquant, claironnait sans cesse ses ambitieux points de vue. Le Hollandais ajoutait un énorme talent à ses dons d’orateur. C’était une époque bénie. Plus tard, Enzo Scifo fit passer son talent avant tout. Pär Zetterberg aussi. Guy Hellers avait transformé sa gentillesse en atout au Standard. Mais autour d’eux, il y avait des pirates cicatrisés.

En équipe nationale, Eric Gerets maniait la foudre comme personne. Un simple regard était un ordre ou une menace. Robert Waseige, Jean Nicolay et Georges Heylens, que nous avons consultés, sont d’accord avec nous : comme les tigres de Sibérie ou les gorilles, les grandes gueules font désormais partie d’une espèce en voie de disparition. Ne faut-il d’ailleurs pas y chercher une des raisons de l’effacement international du football belge, tant en ce qui concerne les clubs que l’équipe nationale ? Les grandes gueules actuelles ont des petits becs par rapport aux patrons d’autrefois. Est-ce une perte ou la preuve que les joueurs s’assument mieux ou ne pensent qu’à eux ? Un gueulard utile doit d’abord penser à tout le monde. Il est plus facile de rester dans son coin.

Le vrai leader s’expose, prend des risques pour lui et pour le collectif. Si c’est un abruti, son apport au collectif est nul, contre-productif, même dangereux. La grande gueule utile est comparable au barreur en aviron : c’est lui qui imprime le rythme.  » C’est une chimie difficile « , souligne Waseige.  » La grande gueule idéale doit tout comprendre et £uvrer pour le groupe. C’est un altruiste et cela peut être exigeant, épuisant. Un palmarès peut poser un homme mais cela ne suffit pas. Il faut être à la hauteur de ses ambitions et montrer l’exemple sur le terrain. S’il n’est pas un rassembleur, cela ne sert à rien. A Liège, je me souviens de leaders comme Edhem Sljivo, Raphaël Quaranta ou Ranko Stojic. Ce dernier ne supportait pas la défaite ou même d’encaisser un but. Un jour, je suis rentré dans le vestiaire au repos d’un match. Ranko était sur le point d’étrangler Jean-François de Sart qui avait préféré jouer en smoking qu’en bleu de travail. Ranko était une fameuse grande gueule mais, avec lui, on a progressé. J’en ai connu d’autres, bien sûr. Au Standard, Gerets allait à l’abordage mais, à l’époque, il était capable aussi d’être cruel et un équipier qui ne lui plaisait pas pouvait être excommunié du groupe tant son impact était grand. Puis, il y a Marc Wilmots, le rassembleur idéal. Il avait son point de vue et a tout obtenu avec son travail et sa discipline. Ses équipiers le savaient. Il prenait automatiquement la direction des opérations. Et il haussait le ton de la voix mais ce n’était pas blessant. Wilmots encourageait, emmenait ses équipiers vers le progrès. Gert Verheyen était aussi un leader. C’était un plaisir de travailler avec de telles personnalités. Elles enrichissent le vestiaire. Il faut cultiver attentivement cet apport. Leur essor n’est pas le fruit du hasard. Si ce ne sont pas des personnalités positives et collectives, c’est plus délicat. De plus, le club doit accepter la présence de tels hommes forts dans le vestiaire « .

On était à la limite d’une dictature Conceiçao

Wilmots et Verheyen ont été les derniers grands barreurs de l’équipe nationale. Plus de grandes gueules, plus de grands résultats ? Paradoxalement, le Standard s’est libéré d’une chape de béton quand Sergio Conceiçao s’est envolé vers les pétrodollars. Le Portugais était arrivé au bout de son rôle d’agitateur, de râleur, de gagneur-né. On n’avait plus vu une aussi grande gueule en Belgique depuis des années mais il le faisait dans un style de star à qui tout était permis. Ses dérives autoritaires l’ont desservi. Ses frasques dans les restaurants de la Cité Ardente ont défrayé la chronique. Il a aiguisé un couteau avec Mohamed Sarr et bénéficiait de tas de privilèges. On était à la limite d’une dictature Conceiçao. Il s’était tout de suite emparé du costume de général à Sclessin. Même si le Soulier d’or avait ses lettres de noblesse, c’était un exploit. Le respect des autres se mérite généralement au fil du temps.

Une grande gueule peut être un caporal aboyeur ou un générateur d’ambition. Au début des années 80, Heylens s’en souvient, Henri Bernardi était un footballeur limité par rapport aux stars de Seraing : Juan Carlos Oblitas, Nico Claesen, Peter Kerremans, Jens Bertelsen, Freddy Luyckx, Patrick Gorez, Jules Bocandé, etc. Pourtant, c’est lui qui recadrait les endormis, mettait les choses au point après avoir passé une journée à l’usine. Bernardi était écouté ou se faisait entendre. L’homme de la maison crachait dans ses larges pognes à l’entraînement ou en match.  » Quand on a une ou deux bonnes grandes gueules dans son groupe, c’est plus facile pour le coach « , se souvient Heylens.  » A Charleroi, j’ai connu la même chose avec Kevin Pugh. Il n’en avait rien à cirer du prestige de ses équipiers ou de ses adversaires. Il est plus facile de se taire. Filip Desmet m’a bien aidé à Lille durant les années 80. Cet attaquant y fit preuve d’une générosité folle. C’était son mode de fonctionnement. Il n’avait peur de rien. Il n’était pas seul et cela a fait la richesse du football belge « .

Et aujourd’hui alors ?

(Classement par ordre alphabétique)

Logan Bailly (21 ans) possède de la classe à revendre. Il s’est installé depuis la saison passée dans la cage de Genk qui a misé sur les jeunes. Cette gueule d’ange est spectaculaire. La presse people l’adore. Il est sapé comme un milord et Dirk Bikkembergs doit certainement être amoureux de lui. Malgré son jeune âge, il n’hésite pas à remettre ses équipiers en place. Ce fut le cas la saison passée, quand Genk encaissa un sacré 5-0 à Mons. Il y a quelques semaines, ce fut le même tarif et le gardien s’en prit à sa défense. Il y avait de quoi mais le style spectaculaire de Logan a un prix : ses erreurs de jeunesse ont aussi eu un prix. Vedette, il est le dernier rempart de l’équipe Espoirs qui s’est qualifiée pour les Jeux Olympiques. Mais, en été, Bailly ne fut pas impeccable durant cet Euro. Il a heureusement la faculté de ne pas se poser trop de questions. Ses déclarations tapageuses sont aussi nombreuses que ses coupes de cheveux.

La rumeur rapporte que ce joyeux fêtard et quelques équipiers ont longuement et tardivement fêté l’obtention du billet d’avion pour Pékin. Son équipe a été traumatisée par son récent cauchemar européen. Bailly a su secouer le cocotier. Hugo Broos le gère bien. Ses responsabilités seront de plus importantes s’il veut devenir autre chose que le David Beckham du football belge et le joueur le plus sexy de D1. Il pense au titre : cette grande gueule ne laisse pas indifférent.

Olivier Deschacht (26 ans). A force de travail, il s’est imposé au back gauche mais n’y égale pas les Jean Cornélis, Michel De Groote, Henrik Andersen, etc. C’est un de ses sujets de frustration comme son maigre palmarès en équipe nationale. Cela le met en rote. Il n’hésite pas à critiquer ses équipiers dans la presse. Ses engueulades avec ses adversaires ne se comptent pas. Il veut être un leader mais hypothèque son crédit de capitaine en affirmant à Frédérick Vanderbiest de Roulers :  » Qui es-tu ? Tu ne gagnes que 1.000 euros par mois « .

Il s’est excusé mais le mal était fait. En Supercoupe, râleur, il tacla froidement le Brugeois Gert Jan De Mets et l’envoya à l’hôpital. Sa détermination était étonnante. On se souvient aussi des critiques qu’il adressa à Gert Verheyen :  » Il se laisse toujours tomber et multiplie les coups fourrés « . Ce play-boy n’a pas la vie facile. Lui aussi est très recherché par la presse à sensation. Des petites amies se retrouvent très vite à la une des journaux. Annelien, Sarah et d’autres ont vécu cela. Et on peut alors lire des débilités du style :  » Il ne mange pas de frites de la… friterie, évite les tomates et j’évite de me disputer avec lui le jour des matches « .

Ce fils d’industriel fréquente les talk shows. Les publics le chambrent un peu partout :  » Homo, Deschacht homo Deschacht « , etc. Cet ami de Xavier Malisse résiste et ce n’est pas le moindre des mérites d’un homme qui est un leader même si tout le monde ne l’accepte pas.

Frutos est le guide suprême des Mauves

Marouane Fellaini (19 ans) semble gentil. Il ne faut pas se fier à ses traits agréables de doux géant. Sur le terrain, il n’hésite pas à s’appuyer sur sa puissance athlétique et sa taille. Marouane joue des coudes, s’impose, distribue des semelles aux autres du milieu. Il peut carrément être cynique. Tout le monde devine aisément les insultes qu’il emploie quand il s’en prend à ses adversaires…

Ce jeune homme a bien digéré son arrivée en D1 et en équipe nationale. Il n’a pas tremblé quand Johan Boskamp l’aligna en Coupe d’Europe. Plus tard, quand Maroune a appris que son salaire était insuffisant, il a rompu unilatéralement son contrat avec le Standard. Il s’est fâché. Les risques étaient grands mais, avec l’aide de ses conseillers, Fellaini a fait plier son club. Intelligent, le Diable Rouge prend de plus en plus de place dans l’entrejeu de son équipe. Avec son capitaine, Steven Defour, il y fait la pluie et le beau temps. Quand Conceiçao est parti, il a expliqué que le jeunes seraient à la hauteur du défi :  » On ne nous fait pas confiance pour rien. Les jeunes seront à la hauteur dans un style très différent. Moi, je ne crains rien « . Fellaini a signé un contrat de cinq ans au Standard où l’on aime bien les grandes gueules.

Nicolas Frutos (26 ans) est le guide suprême des Mauves. Sans lui, la machine offensive a des ratés. Tous les joueurs disent de lui qu’il est le seul leader du groupe. Il n’hésite pas à mettre la pression sur l’arbitre en se laissant tomber très facilement. Frutos a réussi à mettre les spectateurs dans sa poche en marquant des buts importants et en rappelant souvent son attachement pour la Belgique : c’est un malin. Son absence a pesé lourd sur la scène européenne. Avec son gaucho, le début de championnat aurait été très différent. Anderlecht a besoin de sa taille et de sa rage de vaincre. Il pèse sur une défense. Après une aventure ratée en Espagne, l’Argentin est revenu en Europe pour la gagne et un palmarès. Il ne s’en cache pas, c’est le moins qu’on puisse dire.

A Roulers, il est monté au jeu à 2-0 et a changé le cours des choses en quelques minutes. Si Anderlecht a arraché un point, c’est en grande partie grâce à cette grande gueule. C’est lui qui a pris la décision (pour le groupe) de ne plus parler à la presse après le match aller contre le Rapid Vienne. Il en parla au capitaine avant de proposer son idée aux autres joueurs. Frutos est le patron du vestiaire. L’attaquant estimait que cette attitude apporterait beaucoup au groupe. Il avait raison mais encore fallait-il convaincre la direction. Il l’a fait. Frutos pose des questions, veut des réponses mais exige la présence de 11 leaders sur le terrain. A l’avenir, il ne s’adressera plus aux arbitres car c’est contre-productif. Frutos nourrit l’ambition de jouer un jour en équipe nationale :  » HernanCrespo prend de l’âge, CarlosTevez et JavierSaviola ne sont pas grands. L’Argentine n’a pas un attaquant de mon style : pourquoi ne pas espérer ? » Il roule des mécaniques mais se contente d’une Renault Mégane pour ses déplacements.

Milan Jovanovic (26 ans) est taillé dans le même bois. La saison passée, l’attaquant serbe s’est révélé par sa vitesse, sa technique et des déclarations qui ont fait sensation au c£ur d’une D1 qui compte ses maux et ses émotions :  » Je suis le meilleur attaquant de Belgique. Jouer à Anderlecht ? Jamais. Si je pars, c’est pour un grand club de la Ligue des Champions. J’avais dit que j’étais le meilleur, je n’ai pas menti. Je rêve du Soulier d’Or « .

Il n’hésite pas à faire de grands gestes pour montrer son humeur du jour. PhilippeClement et d’autres lui ont reproché de plonger facilement à l’approche du rectangle. Il ne s’en inquiète guère et quand Jacky Mathijssen lui adresse des reproches, il répond. Jova communie avec son public qui aime son côté showman. A Bruges la saison passée, il a été le premier à oser tenir tête au Dieu Conceiçao, qui lui reprochait son absence de présence à la récupération. C’est peut-être ce jour-là que le Portugais a compris que la page allait bientôt être tournée. Un autre mâle, plus jeune, devenait le guide. Beaucoup ont apprécié son courage ce soir-là. Bisou n’en resta pas là :  » Je veux laisser une trace dans l’histoire de ce club qui n’a plus été champion depuis 1983. En D1, je ne vois pas quelle équipe est aussi complète que la nôtre. Et si je continue comme cela, j’espère gagner le Soulier d’Or. Qui d’autre pourrait le revendiquer ? Moi, je ne vois pas « .

Stijnen, roi des gaffeurs

Benjamin Nicaise (27 ans) est le déménageur de la ligne médiane de Mons. Il a taille XXL du patron et cela s’entend. Ce roquet ne cache pas que la pelouse est un champ de bataille. Au Standard, il signa un gros match avant d’être exclu suite à une faute dont il a le secret. La suite ne fut pas plus drôle avec du grabuge dans la tribune. Forte tête, grande gueule, tête brûlée, il est un peu tout à la fois et son excès de caractère sur un terrain l’a probablement privé d’une belle carrière en France.

Il est parfois incontrôlable mais il s’en fout et déclare :  » Je sais qu’on va me traiter de tête de con. On est rebelle par ce qu’on dit ce qu’on pense ? Cela me désole de répéter que les arbitres belges ne sont pas bons et que Mons se fait enfiler. Mais je le dis car parce que c’est vrai. Après mon exclusion au Standard, la télé m’a fracassé, on m’a traité de terroriste « .

Oguchi Onyewu (25 ans) estimait qu’il pouvait se distinguer en Premier League. Son aventure à Newcastle s’est terminée par échec. Il est revenu au Standard et doit simplement perfectionner ses armes. En défense, ce leader un peu arrogant ne passe pas du tout inaperçu. L’Américain utilise ses énormes atouts athlétiques.  » Parfois dans la vie, mieux vaut reculer d’un pas pour franchir un obstacle « , dit-il. Il a eu un conflit avec Boskamp. Ses exclusions pour fautes méchantes ne sont pas rares. Même s’il s’en défend, ce fut le cas à Sclessin contre Zenit Saint-Pétersbourg. Son renvoi porta un coup fatal aux chances de qualification de son club.

 » Je suis revenu au Standard jusqu’au moment où je repartirai « , a-t-il déclaré.  » J’ai toujours dit que je ne terminerai pas ma carrière ici mais je veux aider le Standard à gagner un titre « .

Sûr de lui, le grand Goosh n’accepte, par contre, pas la critique.

Wesley Sonck (30 ans) est revenu en Belgique sur la pointe des pieds. Le gars de Ninove a bien bâti sa carrière en Belgique (RWDM, Germinal Beerschot, Genk) mais échoua quasiment sur toute la ligne en Hollande (Ajax) et en Allemagne (Mönchengladbach) où il fut relégué dans le noyau B et s’en prit à un équipier.

 » J’ai commis une erreur « , raconte le Soulier d’Or 2001 et Footballeur Pro 2002. Sonck a toujours su rebondir. C’est une forte personnalité et, à Genk, cela lui avait permis de faire oublier Branko Strupar, ce qui n’était pas rien. La maturité a fait son £uvre et c’est un Sonck plus calme qu’on découvre au Club Bruges. Mais s’il y a un patron et une grande gueule en plus de Stijn Stijnen, dans un autre style, c’est Sonck.

Stijn Stijnen (26 ans) est un personnage à part qui a trouvé, par exemple, que la Belgique avait bien joué contre la Finlande. Lors des interviews, c’est le roi des gaffeurs. Il s’est révélé lors de son gros match en Ligue des Champions face à la Juventus suite à la blessure de TomislavButina. Il était devenu une star du jour au lendemain. Il s’est lancé dans des déclarations de vraie grande gueule en attaquant Cristiano Ronaldo avant Portugal-Belgique. Cela provoqua un tollé général au Portugal et pas mal de remous autour de l’équipe nationale.

Après la finale de la Coupe de Belgique, il a provoqué les supporters du Standard. Cette saison, il s’en est pris à Bertrand Crassson qui avait osé le critiquer.

François Sterchele (25 ans) est un personnage d’un tout autre niveau. L’homme sait cependant ce qu’il veut. La confiance est un des secrets de cette grande gueule au c£ur tendre. Quand il le veut, il peut pourrir un match pour le gagner. La saison passée, il a été magnifique sur la pelouse des Zèbres. L’avant fut solide et décisif avec le Germinal Beerschot face à son ancien club alors qu’il avait pourri la rencontre à l’aller.

En été, il repoussa l’offre d’Anderlecht et passa avec armes et bagages au Club Bruges.  » J’ai choisi un club où on me faisait totalement confiance « , expliqua-t-il. Il faut oser le dire et le faire, deux saisons seulement après avoir découvert l’élite.

Frédérik Vandernbiest (30 ans) est le chef de Roulers. Rejeté au RWDM, il a aiguisé ses armes à Walhain et à l’Union. Roulers était la chance de sa vie. Il a tout mérité à l’huile de bras. Cela vaut toutes les victoires et il faut lui passer sur le corps pour gagner un match. C’est la marque des grandes gueules les plus intéressantes.

par pierre bilic

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