Faute involontaire, coup franc direct!

N’empêche que les vieux du Board réussissent parfois leur (petit) coup, j’en veux pour preuve la récente règle des six secondes à propos du gardien. Méchante langue comme je suis, je m’attendais à ce que ça foire monumentalement. Les arbitres allaient chicaner du chrono et souffler (ou pas) du sifflet, après sept ou huit secondes, en fonction de l’air ambiant : ce qui ferait régulièrement quelques frustrés en plus, convaincus d’avoir été battus par un arbitrage tendancieux. J’ai tout faux, je l’admets, c’est une bonne petite règle: aucun gardien n’ose plus traîner, aucun arbitre n’a envie de jouer les maniaques pointilleux, ça baigne.

D’accord, ça ne révolutionne pas la face du foot, c’est une réglette et pas un gros changement, mais c’est toujours ça de bien.

En 1995, aux neuf fautes jusqu’alors pénalisées d’un coup franc direct, s’en est ajoutée une dixième ainsi libellée aujourd’hui: « tackler un adversaire pour s’emparer du ballon, en touchant l’adversaire avant de jouer le ballon ». C’était une innovation d’importance: tu partais en sliding avec la ferme intention de toucher le ballon, tu calculais mal ou tu étais trop lent, tu bazardais d’abord l’adversaire, et tu étais fautif même si tu bazardais le ballon juste après! Et pour que tout soit clair, l’adjonction de cette dixième faute engendra la modification de la phrase introduisant la nomenclature des fautes punies par un coup franc direct. Jusque 1995, cette phrase dit qu’est pénalisé d’un coup franc direct un joueur qui, de l’avis de l’arbitre: « commet intentionnellement l’une des fautes suivantes ». Mais à partir de 1995, cela devient un joueur qui « commet l’une des fautes suivantes, par négligence, imprudence ou avec une force disproportionnée. » (*)

Modification non-négligeable, judicieuse à mon sens dans le cadre de la lutte contre la boucherie en football. Mais absence totale de campagne d’information, de battage publicitaire pour la faire connaître et accepter: tant et si bien (tant et si mal!) qu’aujourd’hui, la confusion demeure tout aussi totale!

Il ne se passe pas un match sans qu’un joueur, sifflé pour contact agressif à l’excès, conteste la décision en montrant à l’arbitre, d’un geste rond des deux mains, qu’il « jouait le ballon », voire même qu’il l’a conquis! Pas un match sans qu’un spectateur ou un coach hurle, exaspéré, en arguant du même motif pourtant dépassé! Il y a même encore des commentateurs qui… Et j’ai bien peur, si! si! qu’il y ait même encore des arbitres qui…

Bernard Jeunejean, , (*) Le texte de 2001 préfère dire « par inadvertance, par imprudence ou par excè

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