Faustino Asprilla

Ils n’étaient pas toujours les plus grands, mais on les adulait quand même. Parce qu’ils avaient ce petit quelque chose en plus : de l’humour, un avis bien tranché, voire un côté tragique. Place aux figures cultes du foot. Sous la loupe, cette fois : Faustino Asprilla

Céder, en état d’ébriété, un cheval qui vaut 40.000 euros puis déposer plainte pour vol à la police, lancer sur le marché des préservatifs au goût de mangue ou être victime du chantage d’une bande criminelle. Faustino Asprilla (49 ans) n’a pas profité tranquillement de sa retraite footballistique. L’artiste colombien vient d’être opéré à la main,  » à cause d’un usage abusif du smartphone « , a annoncé Asprilla sur… Twitter. Ses supporters ont pu lire sur les réseaux sociaux l’histoire de sa dépression, quand la police n’a pas réussi à retrouver Lagrimon, kidnappé. Lagrimon était son… taureau favori. Il est impossible de s’ennuyer avec l’excentrique footballeur, qui reste un héros au Saint James’ Park de Newcastle, plus de vingt ans après son départ. Il y a effectué des adieux en beauté l’hiver 1997, en réussissant un hat-trick contre le FC Barcelone.

Tino a entamé sa carrière professionnelle en 1988 au Cucuta Deportivo, d’où l’Atlético Nacional, une puissance dans une Colombie folle de foot, l’a transféré à 18 ans. Il a marqué et fait marquer, il a conduit Los Verdolagas au titre national et obtenu un transfert en Italie. Parme a versé près de dix millions d’euros, une somme colossale en 1992, pour s’assurer ses services. Il a rédigé une des plus belles pages de l’histoire des Gialloblu aux côtés de Georges Grün, Gianfranco Zola, Tomas Brolin, Dino Baggio, Lorenzo Minotti et Antonio Benarrivo : la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes en 1993, face à l’Antwerp, la Supercoupe d’Europe et la Coupe UEFA en 1995, qu’il a une fois de plus enlevée en 1999 avec Parme, à son retour de Newcastle.

Asprilla est devenu une légende en Colombie, avec Freddy Rincon et Carlos Valderrama, en prenant à son compte deux buts lors de la victoire historique 0-5 contre l’Argentine mais l’entraîneur de Parme, Nevio Scala ne l’appréciait pas. Il a pu partir au bout de trois saisons et demie, malgré 40 buts. Newcastle a saisi sa chance. Moins de 24 heures après son arrivée, il était dans le vestiaire. Il a bu un verre de… vin et a redressé à lui tout seul la situation, durant une brève entrée au jeu à Middlesbrough (1-0). Il était extrêmement populaire auprès des supporters mais le manager de Tyneside, Kevin Keegan, n’appréciait pas non plus les caprices du sorteur colombien. Après une défaite à Arsenal, Keegan lui a remonté les bretelles. Faustino a pris une douche en vitesse puis est monté à l’arrière de la moto d’un copain.  » Je ne comprenais pas ce qu’il hurlait. Et en partant plus tôt, j’ai évité les bouchons.  »

L’équipe, formidable, développait un football offensif spectaculaire, semaine après semaine. David Ginola, Peter Beardsley, Les Ferdinand et Asprilla sont entrés dans l’histoire au rang d’ Entertainers, mais en l’espace de quelques mois, ils ont laissé filer une avance de douze points sur Manchester United. Selon les observateurs, l’arrivée d’Asprilla avait déréglé l’équipe. Foutaises, a réagi Les Ferdinand des années plus tard.  » Il y avait dix autres joueurs sur le terrain.  » Durant sa deuxième saison à Newcastle United, il a marqué dix buts aux côtés de la légende du club, Alan Shearer, mais les Magpies ont encore échoué à la deuxième place.

 » Ce que je retiendrai de Newcastle, ce sont les femmes. C’est à peine si j’ai pu compter le nombre de mes amies « , déclare-t-il en revenant sur ses deux ans et demi au nord-est de l’Angleterre. Sa carrière footballistique a connu un déclin rapide. Avant même ses trente ans. Son train de vie a requis un lourd tribut. L’ entertainer est devenu réserve.