FAR OUEST

De 1920 à 2013, le stade communal de Molenbeek a été l’objet de rêves, de convoitises, de coups fourrés et de rendez-vous ratés : est-ce le Texas du football bruxellois ?

1er juillet 1973 : s’agit-il d’une des dates les plus importantes de l’histoire du football de la capitale ? Ce jour-là, des fiancés ont rendez-vous dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Molenbeek Saint-Jean : Daring et Racing-White. Les invités se bousculent en se demandant s’il s’agit d’un mariage de raison ou d’amour. Il y a des plans d’avenir que le nouveau couple se permettra peut-être de réaliser.

A Woluwé, où niche la bourgeoisie bruxelloise, quand l’humeur est à la confidence, Jean Gooris, président du White Star, se moque en catimini de Jean-Baptiste L’Ecluse, son alter go du Daring, emblème de l’Ouest de Bruxelles :  » Maintenant, on va lui apprendre à manger avec un couteau et une fourchette.  »

Ambiance car si Casque blanc n’entend pas cette moquerie, il sait que sa réussite sociale ne plaît pas aux notables venus des quartiers chics avec une équipe mais sans le sou, hébergée dans un Stade Fallon toujours désert. L’Ecluse a entamé sa carrière d’entrepreneur avec comme seuls atouts une brouette et une truelle de maçon. Durant les années 60 et 70, il s’érige en grand entrepreneur.

L’Ecluse construit des buildings à la chaîne à Bruxelles qui change d’époque, se modernise, remodèle le profil de nombreux quartiers. Les chantiers ne manquent pas. Les promoteurs font fortune et le maître bâtisseur qu’est devenu L’Ecluse plante des tours un peu partout. C’est le cas de celui de la Place Madou où il lance un défi :  » Je monterai au rythme d’un étage par jour.  » Et il tient parole.

A Molenbeek, le bourgmestre Edmond Machtens apprécie le dynamisme de L’Ecluse qui obtient de plus en plus de marchés et de grands travaux. C’est lui qui construit les immeubles à appartements du Boulevard Mettewie. C’est un de ses trésors de guerre et, généreux, il offrira des appartements à ses stars préférées. Machtens a remarqué que le self made man fréquente les pourtours du Daring et lui propose la présidence de ce club historique qui vient de chuter en D2.

L’Ecluse accepte : il compte dans le paysage des décideurs bruxellois mais, né malin, cet ancien maçon désire plus, mesure rapidement que le football peut aussi devenir un instrument très intéressant pour l’expansion de ses affaires. Celui qui est important à Bruxelles compte dans tout le pays. C’est, entre autres, ce qui l’incitera à défendre le projet de la fusion avec le Racing White qui en plus d’une équipe lui apportera des relations et un supporter prestigieux, Eddy Merckx.

Le Daring quitte le terrain à Anderlecht

On sait manoeuvrer sur les chantiers. En attendant, L’Ecluse devine déjà ce qui l’attendra un jour : un combat sans pitié contre Anderlecht pour le leadership dans la capitale. L’Ecluse est alors trop prudent pour dire, comme il le fera en 1975 :  » Je bâtirai un jour un building à la place du stade au Parc Astrid.  » Cette erreur, il la payera cher, Constant Vanden Stock ne l’oubliera jamais.

En 1969, la situation du football à Molenbeek est donc dramatique et cela inquiète les autorités communales. Le Daring prend l’ascenseur vers le bas alors que le Crossing de Molenbeek, jusqu’alors installé rue de Normandie, au Sippelberg, monte en D1.

Bien que né à Ganshoren en 1913, le Crossing joue à Molenbeek de 1959 à 1969. Et le Crossing ne passe pas inaperçu en recrutant des anciens d’Anderlecht ou de véritables gloires comme le légendaire Rik Coppens ou un authentique Ballon d’Or européen, Josef Masopust, international tchécoslovaque du grand Dukla Prague et star du Mondial ’62.

C’est inouï mais le Crossing a besoin d’un stade. L’idée d’une fusion avec le Daring est avancée mais vite abandonnée : le Crossing préfère changer d’air et s’installer au Parc Josaphat de Schaerbeek.

En quelques semaines, Molenbeek perd deux clubs de D1. Mais c’est surtout la chute du Daring qui fait mal. L’Ecluse prend la mesure du désastre et sait qu’il faut tirer un trait sur le passé, celui de Bossemans et Coppenolle, des titres d’autrefois, des glorieux matches contre l’Union Saint-Gilloise. En ouvrant des livres garnis de poussière, il relit l’histoire de Max Mayunga, du président MarcelFluche et de Marius Mondelé qui signa un jour 6 buts en 14 minutes. Mayunga fut la perle noire du Daring et forma un redoutable duo d’attaquants avec André Assaka, surnommé l’Assassin.

 » C’était l’époque de la présidence de Fluche, un grand dirigeant après avoir été un grand journaliste, mais aussi un homme qui ne transigeait pas volontiers « , peut-on lire dans un livre de Jacques Hereng (RWDM, Champion 1974-1975).  » En 1966, le Daring emmené par deux superbes techniciens français, Mohamed Salem et Pierre Michelin, était en train de réaliser un excellent résultat au Parc Astrid où, à quelques minutes de la fin, il tenait toujours Anderlecht en échec (0-0). C’est alors que Frans Geluck accorda un penalty au Sporting pour une faute de main assez discutable. Jef Jurion transforma évidemment le coup de réparation. Mais les Molenbeekois furent sommés de rentrer au vestiaire par leur président. Le Daring perdit le match par 5-0.  »

En finale de la Coupe de Belgique

Un peu de zwanze et la preuve que les scènes de jalousie entre les deux clubs ne datent pas d’hier.  » Deux ans plus tard « , rapporte Guy Debisschop (Si le Daring m’était conté),  » Fluche s’effondrait au pied de la tribune du Lierse, terrassé par une crise cardiaque, mais il avait eu le temps de donner un visage assez britannique à son équipe en engageant trois Anglais : Kenneth Maloy, Brian Etheridge et Brian Westlake.

Charles Vander Mijnsbrugge, alors administrateur délégué et secrétaire général, devenu aussi rédacteur en chef de Sport 80, l’ancêtre de Sport/Foot Magazine, tente de redonner une vie nouvelle au Daring. En 1969-70, notamment, il participe activement à la formation d’une équipe pratiquement semi-professionnelle avec des joueurs, tels que Carl-Heinz Rühl (Cologne), Heinz Hörnig (Cologne) et Alexandre Horvath (Slovan Bratislava) mais cette expérience ne fut pas très heureuse.  »

Jean-Paul Colonval évolue au Daring en 1966-68 et en 1969-70.  » En 1969, j’ai quitté le Standard pour Molenbeek en même temps que Jean Nicolay « , se souvient-il.  » Le projet me plaisait bien : le Daring entendait remonter au plus vite en D1 et y concurrencer Anderlecht. On a du mal à l’imaginer de nos jours mais ce club était riche d’une histoire fabuleuse : cela s’entendait, cela se voyait.

Etre Daringman, c’était presque un choix de vie, une question de fidélité à ses racines. En 1969-70, notre équipe se distingue surtout par une magnifique campagne en Coupe de Belgique. Le 3 mai 1970, après avoir éliminé Tubantia, Patro Eisden Lierse, Anderlecht et Berchem, nous avons affronté le Club Bruges en finale dans un stade du Heysel envahi par une foule record : 57.500 spectateurs.

Pour la circonstance, notre club a recruté dare-dare deux vedettes allemandes en exploitant un oubli dans le règlement ne spécifiant aucune interdiction d’aligner des renforts de fin de saison.  »

 » Notre coach, Norberto Höfling, était taraudé par le doute et les pressions extérieures. Les dirigeants, la presse et les supporters exigeaient qu’il aligne les deux vedettes allemandes : Rühl et Hörnig. Höfling n’avait pas eu le temps de les intégrer. Leur présence en finale n’était pas appréciée par tout l’effectif. Je peux même dire que nous avons été les dindons de la farce.

Si nous avions éliminé notamment Anderlecht, comble de bonheur, c’était dû à une belle disposition en 4-3-3, à un gros travail collectif et à un joueur que je n’ai pas oublié, Ingvar Svahn, un milieu gauche suédois. Les Allemands ne pouvaient fonctionner à plein rendement que dans un 4-4-2.

Höfling n’osa pas les laisser sur le banc et hypothéqua nos chances de succès en abandonnant notre bon 4-3-3. Rühl et Hörnig passèrent à côté de leur sujet et le Club démonta notre mauvaise organisation : 6-1 ! J’ai eu la chance de sauver l’honneur d’un tir à distance.

Le Racing-White fait le premier pas

L’Ecluse n’y connaissait rien en football. Il ne cacha pas sa déception le soir dans un restaurant mais nous accorda une prime, l’équivalent de 125 euros. Le Daring n’a pas tout perdu ce soir-là : son public a répondu présent en masse. C’était une richesse pour l’avenir.  »

Malgré ce faux pas, L’Ecluse continue à restructurer son club, confie le poste de secrétaire général à un certain Michel Verschueren, ex-préparateur physique d’Anderlecht. De 1969 à 1973, son club ne parvient pas à s’extraire de la D2. Le Daring et le Racing White, produit de la fusion entre le Racing Bruxelles et le White Star, s’observent : qui fera le premier geste ?

Selon Hereng, la glace est rompue le 1er janvier 1973 par Jean Gooris du Racing White et Charly Schueremans du Daring dont il rappelle une conversation :.

Allô ? Jean ? Je te présente mes meilleurs voeux

Je te remercie, mon cher Charly, et que l’année nouvelle te soit également très favorable, à toi et à ton club.

Oui, à ce propos, il serait peut-être intéressant que nous nous rencontrions un jour ou l’autre.

 » Quelques semaines plus tôt, ils partagèrent la même bonne table lors d’un dîner offert par La Dernière Heure et ils avaient bavardé, écrit Hereng.

– Je venais d’être victime d’un infarctus au retour de notre match de coupe d’Europe à Barreiro, raconte Gooris. Pendant cette période de repos forcé, j’en étais arrivé à la conclusion que le Racing White ne pouvait plus continuer dans la voie ou il s’était engagé. J’ai fait part de mes soucis à mon ami Charly.

– C’est curieux, avait alors noté Schueremans. Nous sommes dans une situation inverse. Nous disposons d’un stade conçu pour le football. Mais nous ne parvenons plus à rebâtir une grande équipe. Au fond, nous avons ce qui vous manque et vice-versa. Il y a peut-être une idée à creuser là-dedans. Je vais en parler chez nous.  »

Le long chapitre d’Hereng fourmille de détails intéressants :  » L’expérience tentée par Gooris et le secrétaire des Woluwéens, Henri Mabille, s’était soldée par un sensationnel succès sur le plan sportif mais les recettes n’avaient pas suivi. Le public bruxellois ne se rendait pas volontiers au stade Fallon. L’ambiance y était froide (maudite piste d’athlétisme), on y voyait mal, le nombre des places assises était limité.

En un mot comme en cent, le Racing White se sentait mal à l’aise dans ses installations et ses joueurs se plaignaient de devoir disputer trente matches par an en déplacement. Les choses allaient, dès lors, s’accélérer. Le 21 janvier, les hommes de Félix Week livraient, au Parc Astrid, un match de rêve : Anderlecht était bousculé dans son propre stade et tout heureux de conserver le 0-0 après un but d’Henri Depireux annulé de façon très discutable. Dans la tribune, les gens du Daring, venus en observateurs intéressés, se retiraient convaincus. Le Racing White avait réellement une grande équipe.

-Nous avions réalisé nos transferts à des conditions exceptionnelles, remarque Mabille, mais nous avions néanmoins dû avancer des sommes importantes. L’entretien de l’équipe coûtait, en outre, relativement cher. C’était presque tous des joueurs réputés. Finalement, nous étions parvenus à boucler notre budget, mais pas à rembourser nos prêts bancaires. La dette ne diminuait pas…  »

Un match de gala face au Real Madrid

C’est le moment que L’Ecluse attend depuis un petit temps. Il le savoure car l’appel du pied vient du Stade Fallon où les gens chics ne veulent pas condamner une équipe arrivée à maturité. Pour L’Ecluse, une fusion ferait revenir Molenbeek en D1 avant d’envisager autre chose et la place de numéro 1 à Bruxelles. Anderlecht est inquiet, son plan est prêt. Les bans sont publiés et le mariage célébré le 1er juillet 1973. Le Da-ring Molenbeek et le Racing White sont morts, vive le Racing White Daring de Molenbeek ou, en abrégé, le RWDM.

Les supporters du Daring tirent un peu la tête et la nouvelle direction leur précise :  » Nous ne vous demandons pas de renier le passé d’un grand club, mais tout simplement de vivre dans votre temps. De regarder bien en face les difficultés actuelles que connaissent les clubs de football. Il est trop dangereux de pratiquer la politique de l’autruche et de se réfugier derrière un passé prestigieux.  »

Le nouveau club s’offre deux présidents (L’Ecluse et Mabille), le secrétaire Michel Verschueren a dessiné le logo du RWDM.. Eugène Steppé, ancien dirigeant d’Anderlecht intègre l’organigramme : grâce à ses relations, c’est le Real Madrid qui embellit l’affiche du match inaugural, le 22 août 1973, devant 32 000 personnes. En 1972-73, le RWDM flirte avec le titre grâce à ses vedettes : NicoDe Bree, Eric Dumon, Kersten Bjerre, Gérard De Sanghere, Maurice Martens (Soulier d’Or 1973), Odilon Polleunis, Eddy Koens et Jacques Teugels. Le coach Félix Week hérite de gros renforts en 1974 : l’international danois Benny Nielsen, Willy Wellens du Lierse, Johan Boskamp, etc.

La machine est lancée.  » A l’époque, on nous reprochait de boire et de sortir sans arrêt… Aujourd’hui, ils ne boivent que de l’eau mais ils ne savent pas jouer « , précise Teugels à son ami et cinéaste Stephan Streker (Le Monde nous appartient).  » C’était des salopards qui faisaient la fête presque tous les jours mais, sur le terrain, ils assuraient « , confirme Guy Sancke, le délégué de l’équipe. Le titre est acquis le 27 avril 1975 : le 5-3 décroché face à Ostende est fêté dans une ambiance indescriptible. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Est-ce le début d’une nouvelle ère du football belge ? Molenbeek se réjouit, Molenbeek célèbre ce triomphe rue de Flandre, au  » Pré Salé  » dont la cave à champagne s’évapore en un temps record. Molenbeek ne tarde pas à découvrir l’ambiance des grandes soirées européennes sous le regard incrédule d’Anderlecht qui n’apprécie pas l’air moqueur des Coalisés de Molenbeek.

L’Ecluse est aux anges : il ne devine pas que le plus dur est à venir. Les coups fourrés se perdent. Cité à Charleroi, Paul Van Himst signe au RWDM en 1975 et même s’il n’y reste qu’une saison, ce transfert fait un bruit fou. C’est la guerre ouverte entre les deux clubs. L’Ecluse a les yeux plus grands que le ventre. L’immobilier traverse une crise et la générosité du président molenbeekois précède les ennuis de trésorerie. Anderlecht place ses banderilles, attire Verschueren et, progressivement des vedettes du RWDM : De Bree, BennyNielsen, Morten Olsen puis plus tard Johan Walem pour le prix d’une facture d’électricité impayée, etc. En 1986, L’Ecluse, ruiné, épuisé par la guerre avec Anderlecht se retire. Il ne reste presque plus rien du grand rêve de 1973.

RWDM Brussels FC

La suite est surtout une collection de problèmes malgré la construction d’une nouvelle tribune par Johan Vermeersch et une qualification européenne en 1996. Les Coalisés quittent définitivement la D1 en 2002. Vermeersch crée le FC Brussels qui joue quatre ans en D1 de 2004 à 2008. Même si Vermeersch rêve d’une collaboration avec tous les clubs bruxellois, les supporters regrettent l’époque du RWDM qui se relance vainement en séries provinciales avec, à un moment, Georges Heylens au poste de coach. Au Brussels, Vermeersch bénéficie du soutien de Philippe Moureaux, bourgmestre de Molenbeek comme L’Ecluse, décédé en 1995 à 92 ans, fut aidé par Machtens.

Le club est à bout de souffle. Le FC Bleid Molenbeek de Michel Dewolf voit le jour avant d’être repris par Vincent Kompany. Vermeersch est de plus en plus isolé quand le groupe Gulf Dynamic Challenge prend langue avec lui, investit avant que Vermeersch ne se rétracte :  » J’ai été berné. GDC n’existe pas à Dubai.  » Le ton monte entre Vermeersch et GDC qui change ses batteries, reprend le White Star Woluwé de Michel Farin.

Comme en 1973, le White Star vit à l’étroit au Stade Fallon et envisage de s’installer à Molenbeek. Les deux clubs obtiennent leur licence. Fin avril, Vermeersch marque un fameux coup en changeant le nom de son club, devenu RWDM Brussels FC. C’est la renaissance du RWDM. Les uns applaudissent dans Sud Presse comme Alan Haydock ( » J’ai encore des frissons en entendant notre ancien hymne : j’espère aussi que Vermeersch va changer d’état d’esprit « ) ou Teugels :  » C’est bon de retrouver le RWDM mais Vermeersch aurait dû faire cela depuis le début. Il a foutu la merde en supprimant le nom du club.  »

Les autres, comme Streker, sont plus réservés :  » C’est bien si ce changement est fait pour de bonnes raisons. Je suis plus un supporter du RWDM que du Brussels. Mais tout réside dans la présence de Vermeersch : avec lui c’est foutu, mais sans lui, tout est possible.  »

Cela dit, sans Vermeersch, qui a investi plus de 5.000.000 d’euros de sa cassette personnelle, le football aurait été rayé de la carte à Molenbeek. En 1973, les échanges entre Molenbeek et Woluwé sont courtois. Quarante ans plus tard, le ton et le football bruxellois ont changé. En tendant l’oreille, on entend :  » Voyous « ,  » Maffia « ,  » Incapables « ,  » On réglera cela en justice « , etc.

Vermeersch s’accroche à son ancrage bruxellois, le White Star est contrôlé par des agents de joueurs qui étendent leur zone d’influence. La guerre n’est pas finie : Molenbeek reste le  » Far Ouest  » du football bruxellois.

PAR PIERRE BILIC

 » Je bâtirai un building à la place du stade au Parc Astrid.  »

Jean-Baptiste L’Ecluse, ex-président du RWDM

 » L’Ecluse va apprendre à manger avec un couteau et une fourchette.  »

Jean Gooris, ex-président du Racing-White

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