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L’EURO offre au médian une dernière chance de remporter un prix avec son pays.

P avel Nedved (31 ans) rêve encore de deux prix. De la Ligue des Champions, dont il a été si proche l’année dernière, et d’un trophée avec la sélection nationale, cette équipe à laquelle il doit sa carrière. En 1996, avec la Tchéquie, il a surpris toute l’Europe en atteignant la finale du Championnat d’Europe perdue dans les prolongations face à l’Allemagne. C’est durant ce tournoi qu’il a marqué son premier but pour l’équipe nationale, contre l’Italie. Ces performances lui ont valu un transfert à la Lazio, dont l’entraîneur, son compatriote Zdenek Zeman, le voulait à tout prix. Depuis lors, Nedved a deux destins différents. Dans les compétitions de clubs, il accumule les trophées mais en équipe nationale, le capitaine doit se rendre à l’évidence : depuis 1996, la Tchéquie ne s’est plus distinguée. La talentueuse levée de 1996 a mûri dans de grands clubs européens mais la Tchéquie n’a pu se qualifier pour les Coupes du Monde 1998 et 2002. Dans les barrages de cette dernière, elle s’est heurtée à la Belgique. Les attentes étaient élevées avant l’EURO 2000 mais les Tchèques n’ont pas survécu au premier tour.

Ces échecs minent Nedved, qui n’a jamais cessé de marteler à quel point l’équipe nationale comptait à ses yeux. Ce n’est pas un hasard s’il a demandé à France Football de lui attribuer le Ballon d’Or à Prague, à l’occasion du match contre le Japon, fin avril.

Nedved est le capitaine et l’âme de son équipe. Il assumera encore un rôle capital au Portugal. La Tchéquie s’est qualifiée sans problème pour le tour final, devançant les Pays-Bas. Ces Pays-Bas et l’Allemagne forment un sérieux obstacle au premier tour de l’EURO mais Nedved ne veut rien entendre. Il devra se livrer à fond car ni lui ni ses camarades n’obtiendront une autre chance, au terme de cet EURO, compte tenu de leur âge.

Au sein de son club, la rage de vaincre de Nedved restera intacte aussi longtemps qu’il n’aura pas réalisé son rêve, brandir la Ligue des Champions. Il y a un an, dans les dernières minutes des demi-finales contre le Real Madrid, un tacle raté lui a valu une carte jaune fatale, qui l’a privé de la finale et a sérieusement handicapé la Juventus. De la tribune, le blond Tchèque s’est rongé les sangs en voyant la Juve s’incliner face à l’AC Milan.

Son secret : il travaille d’arrache-pied, jour après jour. Dès sa première année à la Lazio, il a surpris Paul Okon, son coéquipier, par l’ardeur avec laquelle il vivait son sport en résistant aux tentations de la dolce vita. Durant ses cinq années à Rome, jamais Nedved n’a fait la manchette de la presse à sensation. Il ne s’est pas davantage compromis dans des déclarations fracassantes. Il s’est tenu à l’écart de la capitale et des endroits où il faut être vu. De temps à autre, à l’instigation de sa femme Ivana, il s’est rendu à la cathédrale St-Pierre, en homme croyant. Sans plus.

Il se plaisait dans sa ville d’Olgiata, ceinte de verdure, à six kilomètres du centre d’entraînement Formello, au nord de Rome. Il aimait à faire la sieste avant et après l’entraînement et mangeait à la maison, une fois les enfants au lit. Repos, entraînement, football étaient ses seuls centres d’intérêt. Une fois, son épouse, enceinte, lui demanda de remplacer une ampoule grillée, ayant peur, dans son état, de perdre l’équilibre sur une chaise. Il répliqua froidement :  » Je suis footballeur, pas électricien « . Histoire de mettre les choses au point…

Un physique en béton

Si la Lazio n’avait eu de problèmes financiers, il serait sans doute toujours à Rome. Il était heureux au club de Sergio Cragnotti. Les tifosi scandaient son nom avec flamme, car sur le terrain, ce travailleur retroussait ses manches et se livrait à fond, semaine après semaine. On l’adula encore davantage quand il dédaigna l’appel du pied de Zeman, auquel il devait beaucoup et qui aurait souhaité l’attirer à l’AS Rome. En 1999, quand l’Atletico Madrid proposa 36 millions d’euros, le président lui laissa le choix. Nedved resta à Rome ! Même quand les clubs firent la file, au printemps 2001, il signa spontanément un nouveau contrat à la Lazio, alors qu’il allait y gagner nettement moins. Quand il vit Cragnotti fondre en larmes parce qu’il ne voulait pas rejoindre la Juventus, qui était prête à allonger une jolie somme, il comprit que la Lazio ne pouvait pas se permettre de refuser les 42 millions d’euros de la Juventus. Nedved céda et signa pour la Juve, où il doubla son salaire annuel pour atteindre cinq millions.

La Juventus venait de laisser partir Zinedine Zidane au Real, et voyait en Nedved son successeur. Mais son déménagement ne fut pas un succès. Pendant un semestre, le Tchèque n’en toucha pas une. Nedved dépérissait, seul dans un hôtel au centre de Turin. Il ne trouvait pas de maison à la campagne. Or, il ne voulait pas habiter ailleurs. Il avait besoin de verdure pour courir, le matin quand l’entraînement était programmé à midi ou l’après-midi si la séance avait lieu en matinée. Quand il trouva finalement une coûteuse villa, à plus d’une demi-heure de route du terrain d’entraînement, à Fiano, il y fit installer une salle de fitness et un tapis roulant.

Il ne marqua son premier but pour la Juventus qu’en décembre 2001 et se tint à l’écart des festivités de fin d’année pour s’entraîner seul. C’est à ce moment qu’il posa les jalons de sa revanche sportive. A la reprise, la Juventus accueillit un joueur ressuscité, affûté, qui mena son équipe au titre 2002 grâce à un fantastique sprint final. Cela ne suffisait pas. La saison dernière, la meilleure de sa carrière, il a été l’homme de liaison entre attaque et entrejeu, moteur parfaitement huilé, doté d’une technique efficace, capable de jouer des deux pieds.

Pavel Nedved (1,77 m pour 70 kg) est né le 30 août 1972 à Cheb. Il compte 77 sélections en équipe nationale tchèque et 17 buts. Il a successivement défendu les couleurs du Dukla Prague (1991-1992), du Sparta Prague (1992-1996) et de la Lazio (1996-2001). Il évolue à la Juventus depuis 2001.

Palmarès : trois titres et une Coupe avec le Sparta, un titre, deux Coupes et la Coupe des Vainqueurs de Coupe avec la Lazio, champion d’Italie avec la Juventus en 2002 et en 2003. A deux reprises, il a été Footballeur de l’Année et a remporté le prestigieux Ballon d’Or de France Football.

Geert Foutré

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