FAIS DU FOOT, PAS LA GUERRE

Mais qu’est-ce qu’ils ont ces Espagnols ? Ils ont deux énormes clubs. Goinfrés d’argent et du talent qui va avec. Ils ont une dizaine de très bons clubs et puis ils ont l’Atlético Madrid. Un grand club devenu énorme. Avec des moyens et par tous les moyens. Même les plus cons et insupportables.

Le coup du ballon jeté sur le terrain pour faire arrêter le match alors que Malaga part en contre, c’est nul. N’importe quoi. Faire d’un ramasseur de balle un complice hors-la-loi, c’est moche. Non, tous les moyens ne sont pas bons pour gagner un match de foot. On pourrait en rire si l’intention était à la blague mais il n’en est rien. Les meilleures sont les plus courtes alors Diego, tu en restes là stp !

Sinon on en oublierait tout le magnifique et respectable que l’Atlético nous offre. Comme kidnapper le ballon sans le toucher. Cet art tellement maîtrisé après tant d’heures de mise en place. La mainmise de la mise en place sur le jeu placé.

Jouer contre l’Atlético, c’est forcément jouer placé. Rarement gagnant. Il joue bas pour atteindre les sommets. Tellement bas qu’un canal s’est perdu et transformé en ruisseau. Dans lequel pas mal de gros poissons se sont noyés. Il joue tellement bas qu’il est quasi impossible d’être hors-jeu contre eux.

Cette saison, leurs adversaires l’ont été en moyenne 0,7 fois par match. Même pas une fois. Jouer bas est un jeu dangereux devenu sans risque. Au prix d’heures de travail. De méticulosité millimétrique dans le replacement, dans la position parfaite dans les lignes de passe.

Une glorification du foot sans ballon. Contre le Barca, 23 % de possession. 116 passes en 90′. Le Barça…588. Résultat ? Plus d’occases pour AntoineGriezmann et ses potes et LionelMessi qui ne touche pas un seul ballon dans les 16 mètres du  » Fort Knox  » madrilène.

Ils arrivent aussi à étouffer les équipes qui veulent s’aérer sur les flancs. Verrouiller l’axe du jeu pour faire perdre la ligne claire adverse qui devient très sombre. Cette équipe ne concède que 2,5 tirs cadrés par match. Aucun ne part à moins de 19 mètres. Avec, dans la ligne de mire, des mèches mouillées des hommes en rouge et blanc devenus géants.

Tout ça en commettant peu de fautes. Juste en dessous de la moyenne en Liga. Forcément, la faute, c’est celui qui se prend le mur en pleine tronche qui la commet. Les fautes, on les fait quand on est dépassé, pris de vitesse. Les adversaires n’y arrivent pas. La vitesse dans la tête plus forte que celle dans les jambes. La réflexion contre la locomotion.

Mais bon, ne pas encaisser c’est bien pour ne pas perdre. Encore faut-il gagner. Et là, ça devient fascinant de constater que ces  » hommes ?  » qui reculent sans cesse sont les premiers à avancer. Droit devant. Vite. Avec la même énergie. Le principe des freins qui créent de l’énergie.

Qui rechargent la batterie pendant que celle des adversaires se vide. La pointe de la technologie automobile au service d’un convoi de limousines. Le but de Saul contre le Bayern en est l’illustration. En un éclair, il enlève sa salopette, enfile son smoking et nous offre un but de gala.

Ce collectif, ce sont des hommes-machines et artistes à la fois. Avec un catalyseur commun. Le supplément d’âme. Celui que leur gourou implante dans les zones érogènes de leurs cerveaux. Ils sont moins doués, moins payés que leur rivaux madrilènes ou barcelonais mais ils rapportent plus. Avec un budget trois fois moindre. A peine équivalent à ceux de Newcastle ou encore Everton.

En attendant, tout le peuple Colchonero a retrouvé sa dignité grâce à Diego Simeone. Joueur, il a marqué le club. Entraîneur, il l’a réinventé. Un peu comme JohanCruuiff avec le Barça. Mais pas vraiment de la même manière. Cruyff voulait des résultats fruits de l’élégance. Simeone veut des résultats. Et puis basta.

En short, il était roi de la baston. En costard il est chef de guerre. Sa devise ?  » Celui qui utilise bien ses soldats gagne la guerre « . OK, Diego. Mais alors avec une fleur au bout du ballon…

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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