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L’attaquant montois de poche est Mr Assist mais voudrait redevenir buteur.

La défaite face à Anderlecht en a frustré plus d’un à Mons. Genk et Bruges s’étaient imposés 1-2 au Tondreau, les Mauves ont fait pareil. « Nous avons à nouveau démontré que nous pouvions rivaliser avec tout le monde à la maison, mais nous avons quitté le stade avec un goût très amer en bouche », reconnaît Jean-Pierre La Placa (29 ans). « D’ailleurs, nous avons aussi un niveau de jeu très acceptable en déplacement. Finalement, une seule équipe nous a surclassés depuis le mois d’août: Lokeren ».

Le médian suisse est une des bonnes surprises de la saison et il se sert de ces résultats décevants pour réfléchir à l’avenir.

Jean-Pierre La Placa: C’est dans des matches pareils qu’on se surpasse et qu’on progresse, pas quand on reçoit Lommel ou Beveren. Il y a plusieurs choses importantes à retenir de nos défaites contre les grands. Sur le premier but d’Anderlecht, Douai perd le ballon près du piquet de corner. Il aurait pu le dégager dans la tribune mais a voulu soigner la manière. S’il avait mis la balle dehors, nous aurions eu le temps de nous replacer. Ce n’était pas la première fois que cela nous arrivait. Nous ne parvenons toujours pas à gérer certaines situations chaudes. Nous devons apprendre à être plus malins, à casser le jeu quand l’adversaire met la pression, à commettre des fautes techniques en milieu de terrain. C’est ça, l’apprentissage de la D1. On voit dans des circonstances pareilles que notre marge de progression reste importante.

Depuis que Marc Grosjean a réorganisé l’entrejeu, vous jouez à gauche. Pas facile pour un pur droitier?

Le coach estimait qu’il nous manquait quelque chose à gauche. Et c’est vrai que presque toutes nos actions passaient par l’autre flanc. En me mettant à gauche, il m’a demandé d’apporter ma force offensive. Cela lui permettait de placer Kelly, un joueur plus axial, dans l’axe. Et Rivenet est passé à droite. Ce système a bien marché à l’Antwerp et contre Mouscron, nous commencions à trouver des automatismes. Mais ce fut moins brillant à Charleroi et contre Anderlecht. Deux matches dans lesquels nous avons pourtant mené. Globalement, tout est moins facile pour nous depuis le mois de janvier. Au premier tour, nous avons bénéficié de l’effet de surprise. Plusieurs équipes nous ont pris de haut. Mais on a progressivement senti qu’un certain respect s’installait chez les adversaires. Il y en a qui ont modifié leur style de jeu habituel pour nous affronter: c’est révélateur. Quelques entraîneurs ont aligné un médian en plus et un attaquant en moins.

N’êtes-vous pas plus à l’aise dans l’axe?

Tout à fait, et c’est normal puisque j’ai longtemps été attaquant. J’ai joué un moment dans ce rôle au premier tour, après la blessure de De Vreese. Et ça ne marchait pas mal.

Les sensations du joueur axial vous manquent-elles?

C’est quand même agréable de se retrouver souvent dans les 16 mètres. Sur le flanc, il faut assumer plus de travail défensif, revenir parfois jusqu’à sa propre ligne de but si le back décide de monter. Je n’ai pas été habitué à cela. Dans l’axe, le travail défensif se fait sur un petit carré: on doit surveiller le numéro 6 adverse car c’est un joueur qui touche traditionnellement beaucoup de ballons. Mais il ne traverse pas tout le terrain.

Que vous apporte Kelly?

Il a un potentiel énorme et on n’a pas encore vu le vrai Kelly. On sent qu’il manque toujours de rythme parce qu’il est resté longtemps sans jouer. Jusqu’à présent, il a surtout étalé des qualités techniques et de vivacité. Quand son physique sera à la hauteur, il franchira encore un palier. J’ai connu ça lors de mes premiers matches comme titulaire, en cours de premier tour: je sentais que le rythme ne reviendrait que progressivement. »J’ai perdu quelques années »

Vous allez avoir 30 ans: vu votre niveau actuel, ne trouvez-vous pas que vous êtes passé à côté d’une carrière plus prestigieuse?

Sans doute. Il m’arrive de me demander pourquoi je n’ai pas toujours été aussi bon qu’aujourd’hui. J’ai probablement perdu quelques années et j’aurais dû tenter d’autres choses. Mais bon, je ne suis pas fini. Le meilleur reste peut-être à venir, même si je devrai alors le montrer sur une assez courte période.

Vous êtes un des chouchous du public de Mons: pourquoi?

C’est sûrement mon style de jeu qui veut ça: les gens aiment les joueurs vifs, techniques, spectaculaires.

Les supporters vous réclamaient en début de saison quand vous étiez sur le banc: comment avez-vous géré cette période?

Marc Grosjean avait des arguments et je les comprenais: il me reprochait de ne pas avoir assez envie à l’entraînement et de n’être pas assez présent dans le travail défensif. Je lui ai expliqué que le jeu défensif n’était pas naturel chez moi mais j’ai quand même dû l’apprendre pour entrer dans l’équipe. J’ai pas mal étoffé mon bagage depuis quelques mois.

Vous n’avez encore marqué que deux buts: c’est peu pour un ancien attaquant de pointe!

Je sais et ça me frustre. J’aimerais bien redevenir un pur buteur.

En contrepartie, vous êtes l’homme des assists.

D’accord, mais un assist ne procure pas les mêmes émotions qu’un but. Et ça n’apporte pas la même publicité.

Avez-vous besoin d’être populaire pour être heureux?

Certains footballeurs adorent être discrets, d’autres ont envie qu’on parle d’eux. Moi, j’ai une nette préférence pour la popularité. Je trouve agréable d’être sollicité pour des interviews. Or, la presse s’intéresse surtout aux buteurs. Quand vous prenez un journal, vous trouvez beaucoup plus d’articles sur les joueurs offensifs que sur les défenseurs. Normal: le but du foot reste quand même de marquer des goals. En début de saison, on ne s’intéressait plus à moi et j’en ai souffert. J’avais beaucoup marqué en D2, et là, j’étais assis sur le banc, condamné à regarder mes copains qui faisaient des exploits. Les supporters de Mons parlaient encore de moi, mais les gens de l’extérieur ne me connaissaient même pas parce que je n’avais aucun passé en D1 belge.

Presque tous vos assists sont arrivés chez Roussel!

Avec lui, c’est une question de feeling. Et ce n’est finalement pas trop difficile de lui donner une passe décisive puisqu’il est près des 16 mètres dès que nous attaquons. Dans ces cas-là, il n’y a plus qu’à envoyer le ballon sur sa tête. J’ai un jeu de débordement et, en situation d’un contre un, je sais éliminer mon adversaire et centrer immédiatement. Roussel le sait et il attend mes ballons dans le rectangle. Il m’est arrivé de balancer aveuglément des balles vers le point de penalty parce que je savais que Roussel risquait fort de s’y trouver.

Pierre Danvoye

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